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[Interview] MIEL DE MONTAGNE – Tout Autour De Nous

Miel de Montagne revenait l’été dernier avec un deuxième album “Tout Autour de Nous” idéal pour nous mettre des étoiles dans les yeux et transformer tous les salons du monde en piste de danse ultra groovy.  Chanson française électro-pop, mélancolique, langoureux ou ultra vitaminé, Milan aka Miel de Montagne affirme un style bien stylé qui déjà en 2018 aux Biches Festival #3 m’avait épaté. Et fort est de constater que le jeune homme, timide, est devenu en un rien de temps (5 ans) une véritable bête de scène, un vrai showman méchamment efficace. Mais pas que, il serait en effet réducteur de chercher à caser l’animal dans un registre uniquement festif, la beauté de ces textes empreints de fantaisie, d’introspection et de sincérité, est en effet un facteur multiplicateur de ce capital sympathie qui sans aucun doute est inné chez lui ! “Tout Autour de Nous” est donc un album étonnant, plus profond qu’il n’y paraît, il se déguste sans modération avec un plaisir addictif qui rapidement vous met des fourmis dans les espadrilles. Les deux pieds bien plantés dans notre époque et les yeux scrutant les étoiles filantes, un brin post-moderniste, un rien disco, un écrin scintillant, avec cet opus Milan confirme qu’il fait déjà parti des grands de la pop française. Quelques heures avant de mettre la frite sur la scène du festival Mythos j’ai échangé avec Miel de Montagne, je vous en livre ici le contenu.

Tu viens de sortir ton second album. Sur le premier on tâtonne un peu, sur les seconds on s’affirme : est-ce que tu as confiance en ce que tu fais, ce que tu explores ?

Oui , j’ai plus affirmé ma voix qui s’est réfléchie dans le live. Et le live apporte la confiance. J’ai plus eu le temps de faire cet album, vu que c’était le Covid ! J’ai eu plus le temps de retourner les morceaux dans tous les sens, contrairement au premier album qui était plus spontané. Mais j’adore le premier album aussi, car il y a une sorte de fraîcheur.

 

Je t’ai vu en 2018 à Biches Festival : la musicalité que tu as à présent est très différente, sur le chant, mais aussi sur l’écriture, a plus d’amertume. Est-ce que tu as la même vision des choses qu’au départ, ou tu cherches précisément à dire des choses ?

C’est un tout ; parfois j’ai envie de dire un truc, ou c’est juste une ambiance. Dans mes nouveaux morceaux, je pense beaucoup au live. Mais j’ai toujours pensé au live en fait : c’est pour ça que je fais de la musique. Mais c’est sûr qu’il y a des moments où tu es face à toi-même et du coup tu as envie de faire un truc un peu « deep », qui sort du cœur, donc là tu es un peu plus sincère, moins dans « ça va être la teuf ce morceau » ! Je garde toujours ça, je suis un peu mélancolique, alors ça revient toujours à la charge. Au départ je pensais que c’était de la déprime, mais en fait c’est un état qui me permet de créer, depuis je suis le type le plus heureux du monde !(rires)

 

Tu parles beaucoup de live : que ressens-tu dans ces moments ?

Aujourd’hui je peux dire que je suis arrivé au truc que je voulais il y a 4 ans. Je suis quelqu’un très impatient, mais là j’ai pris le temps, car je savais que si je faisais bien les choses, à un moment j’arriverais à ce que je voulais. Si j’avais commencé tout de suite, comme ça, je me serais vautré, ça aurait été un four ! Mais là ça marche super bien, j’ai trouvé la super team, on s’éclate et je suis trop heureux ! Il y a encore énormément de boulot, ça ne s’arrêtera jamais, mais il y a déjà de bonnes bases qui me conviennent. Et depuis que j’ai trouvé la bonne team, je n’ai plus top le trac avant le live. J’ai trop confiance, c’est horrible, je suis devenu un connard ! (rires). Mais ce que j’aime dans le live, ce sont les moments de vie, ce que je partage avec les gens, ce qui est un peu difficile parce que par moments tu donnes, mais tu ne reçois pas forcément, comme dans des festivals, où ce n’est pas forcément ton public . Par contre quand tu donnes et que tu reçois, c’est trop stylé ! Comme dans n’importe quoi dans la vie : une rencontre, une amitié, faire l’amour, toutes ces choses… Je laisse beaucoup d’improvisation dans les lives : par exemple, l’autre jour, un type avait écrit qu’il voulait faire un solo de gratte, donc j’ai regardé le gars, il y a un feeling qui se passe, je le fais monter sur scène et le mec fait un solo de ouf ! Je l’ai vu après, il était tremblant de joie, et moi j’aurais voulu être à sa place ! Il y avait vraiment un truc de partage : je lui ai fait du bien, il m’a fait du bien, ces moments là te restent gravés dans la tête. Je vois le live comme une fête d’anniversaire : c’est mon anniversaire, donc je suis le centre de l’attention, mais je veux que mes invités se sentent bien.

 

Sur ton nouvel album tu fais deux featuring avec Jacques et Philippe Katerine : ce sont un peu ton frère et ton père spirituels ?

Jacques est un des premiers à m’avoir donné confiance en moi, car on a fait une colocation rapide, donc il a écouté mes premiers morceaux et m’a présenté à mon label. Il a été un peu l’élément déclencheur. On est resté assez proches, c’est quelqu’un de très généreux. Il m’avait invité au Maroc juste avant le confinement, j’étais parti en mode vacances et finalement on a fait ce morceau que j’ai kiffé, donc je l’ai mis sur l’album. Comme un juste retour des choses. 

Philippe, c’est plutôt un signe du destin : je l’ai croisé dans la rue par hasard, je sortais d’un rendez-vous où je faisais écouter mes maquettes, et j’avais un morceau sur lequel je galérais. Je le croise, on s’était déjà vus une fois : je lui ai demandé s’il ne voulait pas être le rappeur du morceau et le lendemain il était avec une bouteille de vin blanc entrain d’enregistrer le morceau ! Ça a été aussi simple que ça, et c’était énorme ! Depuis on échange beaucoup, il est même venu au Trianon le chanter et à chaque fois que je le vois on se tape des crises de fou-rires, ce qui est rare ! Je ne sais pas s’il fait ça avec tout le monde, et j’en serais dégoûté, mais en tout cas avec lui je me marre trop et j’ai vraiment envie de faire des trucs avec lui encore, donc Inch’Allah !



Si tu devais te projeter dans 10/15 ans, musicalement, tu te verrais comment ?

Franchement, je ferais la même chose que ce que je fais aujourd’hui : faire des morceaux que je kiffe. Ce qui serait assez logique, car je n’ai pas envie de perdre les gens et je n’ai pas non plus envie de me perdre moi-même. Comme j’aime ce que je fais, je vais rester dans cette vibe, sinon je serais schizophrène ! Là je suis en train de revenir à des trucs plus électros, plus club, de house à l’ancienne parce que j’ai envie de ça, j’ai envie de faire la fête. Mais si ça se trouve un jour, quand j’aurais  50 ans je ne ferais que des ballades tout seul à la guitare en mode Neil Young, ce qui est possible ! Me voir en mode boomer à faire des chansons à la cool ça me régale aussi tout autant ! Je suis mon feeling et mon cœur, comme ça je vais bien vieillir et ça sera cool ! Et j’inviterai des petits jeunes sur scène à faire de la musique avec moi !

 

Entretien Stéphane Perraux – Retranscription AnMa Leraud