[Interview] Friedberg – « Hardcore Workout Queen »

Friedberg : La tornade indie-rock qui électrise.

Imaginez un cocktail explosif de post-punk, de dance-rock et de rythmiques hypnotiques… Bienvenue dans l’univers de Friedberg, le projet de la charismatique Anna Wappel. Originaire d’Autriche et installée à Londres, cette artiste à l’énergie débordante s’est imposée avec un son unique, mêlant guitares acérées, percussions entêtantes et une voix captivante. Depuis son premier single Boom, le projet n’a cessé d’évoluer, poussant encore plus loin ses expérimentations sonores. A présent en groupe sous le nom Friedberg, son dernier album, Hardcore Workout Queen, en est la preuve éclatante : un concentré d’influences allant du post-punk à l’électro, en passant par des ambiances cinématographiques inspirées du surréaliste à la Luis Buñuel. Sur scène, Friedberg est une véritable tornade. Ceux qui l’ont découverte aux Trans Musicales de Rennes en parlent encore : une prestation survoltée, portée par des lignes de basse percutantes et une présence magnétique. Après avoir partagé la scène avec Placebo, Hot Chip ou encore Big Special, elle continue d’imposer son style, entre spontanéité brute et sophistication sonore. Afin d’en découvrir un peu plus sur l’univers étourdissant de Friedberg, Anna a répondu à nos questions.  

 

De votre premier single Boom à votre dernier album Hardcore Workout Queen, votre son semble avoir évolué, incorporant davantage d’éléments rythmiques et percussifs. Qu’est-ce qui a influencé cette transformation ? Avez-vous expérimenté de nouvelles façons de composer ou d’enregistrer ?
Je pense que le processus de composition n’a pas énormément changé. J’imagine que je me suis simplement encore plus plongée dans le jeu des cloches (encore plus qu’avant haha). Il n’y a probablement pas une seule chanson sur l’album où je ne joue pas au moins une cloche. Travailler avec différents producteurs et dans différents endroits m’a aussi sûrement inspirée à essayer de nouvelles choses.

Votre dernier album, Hardcore Workout Queen, semble mêler diverses influences, allant du post-punk à la dance-rock en passant par des éléments électroniques. Quelles inspirations musicales ou même non musicales (films, art, expériences personnelles) ont façonné cet album ?
J’aime écrire en voyage – donc je pense que tous les endroits où j’ai enregistré et toutes les personnes avec qui j’ai collaboré à travers le monde ont eu une influence importante sur le son. Tout a commencé dans le désert de Joshua Tree lors d’un road trip, puis j’ai continué à Los Angeles, Berlin et Londres. Sur le plan lyrique, j’ai été grandement inspirée par l’un des plus grands surréalistes : Luis Buñuel. J’adore absolument ses films, ils sont une source d’inspiration immense pour moi.

Vous étiez à l’affiche des Trans Musicales en France, un festival souvent considéré comme un tremplin pour les artistes. Je vous y ai vue et le public vous a témoigné un réel enthousiasme. Comment avez-vous vécu cette expérience ? Aviez-vous modifié votre set ou votre show pour cet événement ?
Honnêtement, le jour où nous avons joué a été l’un des plus fous que nous ayons vécus. Nous avions un concert à Munich la veille au soir, puis nous avons pris un train à 5h du matin pour un trajet de 9 heures avec tout notre matériel. Nous avons essayé de nous maquiller rapidement dans le train et, à peine arrivés à Rennes, nous avons foncé sur la scène de Radio FIP (l’une de mes stations préférées d’ailleurs) pour une session live – en direct, sans soundcheck et après une nuit blanche. Ensuite, nous avons enchaîné avec la balance pour les Trans Musicales. 5000 personnes sont venues nous voir et le concert était diffusé en direct. C’était hyper stressant, mais incroyable – l’équipe des Trans Musicales nous a vraiment bien accueillis, et nous avons savouré chaque seconde de ce concert, malgré notre immense fatigue. J’ai vraiment ressenti une énergie folle dans le public – c’était un vrai coup de foudre entre le public français et nous, je crois. Maintenant, on veut juste revenir jouer en France tout le temps !

Votre morceau The Greatest dégage une énergie unique, presque hypnotique. Quelle est l’histoire derrière cette chanson ? Avait-elle une direction claire dès le début, ou a-t-elle évolué en studio ?
Je me souviens que j’étais super fatiguée et que je suis allée au studio avec un ami. Parfois, être épuisé, c’est une bonne chose, car on ne doute pas de soi et on ne réfléchit pas trop. Comme on est trop fatigué pour se poser des questions, on fonce. J’ai donc commencé à chanter cette mélodie sur un beat que mon ami avait créé. Puis d’autres mélodies sont venues, et j’ai ajouté plein de percussions et une guitare. Tout s’est fait très rapidement. La seule chose qui m’a pris du temps, ce sont les paroles. J’avais écrit deux textes complètement différents pour cette chanson et je n’arrivais pas à choisir. L’un parlait du fait d’être dans un groupe de rock, et l’autre du fait d’avoir trop d’options, ce qui empêche de prendre une décision. Finalement, comme je ne parvenais pas à me décider, j’ai choisi celui qui parle justement du fait de ne pas pouvoir faire un choix, haha. C’est tellement méta !

Vous avez eu la chance de partager la scène avec des groupes légendaires comme Placebo, Big Special et Hot Chip. Qu’avez-vous appris en tournant avec eux ? Y a-t-il des conseils ou des expériences qui vous ont particulièrement marquée ?
La tournée aux États-Unis avec Hot Chip a été l’une des plus mémorables de toutes. On s’est tellement amusés, c’était comme une grande famille. Chaque soir, on retournait sur scène ensemble pour jouer Sabotage des Beastie Boys. Évidemment, je jouais des cloches. Je pense même que le son de Hot Chip a influencé certains de mes morceaux récents. Après la tournée, j’ai commencé à enregistrer de nouveaux titres avec eux dans leur studio. Nous sommes devenus de bons amis, et j’aimerais transmettre à tous les groupes que nous soutiendrons à l’avenir la même générosité et bienveillance qu’ils nous ont montrées.

Quels sont vos meilleurs souvenirs de concerts ? Avez-vous une anecdote que vous partagez souvent entre vous ?
Franchement, ouvrir pour Hot Chip à la Brixton Academy à Londres et jouer aux Trans Musicales font partie de mes meilleurs souvenirs. Ces deux concerts étaient ultra stressants, mais se sont incroyablement bien passés. Malgré le trac, j’ai réussi à savourer chaque seconde.

Comment percevez-vous la scène musicale française ? Y a-t-il des artistes français que vous admirez ou qui vous inspirent ? Pensez-vous que la scène musicale en France adopte une approche différente de celles d’Autriche ou du Royaume-Uni ?
Il y a tellement d’excellents artistes français. J’adore Air, je les ai toujours adorés, mais il y en a plein d’autres. Je trouve que la France soutient très bien ses artistes – non seulement quand ils sont en tournée, mais aussi à la radio, où un certain pourcentage de musique doit être en français. Ce n’est pas le cas au Royaume-Uni ou en Autriche. Peut-être que je devrais déménager en France !

Travaillez-vous déjà sur de nouveaux morceaux ? Y a-t-il des collaborations avec des artistes auxquelles vous aimeriez participer ?
Oui, je suis retournée dans le désert de Joshua Tree pour commencer le prochain album. J’ai aussi enregistré quelques morceaux supplémentaires avec Hot Chip, ainsi qu’avec Dan Carey. Et bien sûr, avec mon collaborateur de longue date Daniel Brandt (Brandt Brauer Frick). Pour ce nouvel album, je veux aller plus vite et éviter de passer des siècles à fignoler chaque détail. Garder quelque chose de brut et sauvage.

Avec l’évolution des tendances musicales et de l’industrie, notamment avec le streaming, comment voyez-vous l’avenir de Friedberg dans ce paysage en mutation ?
J’espère simplement que nous pourrons jouer en live le plus possible, afin de devenir plus indépendants des plateformes de streaming. Mais pour cela, il faut plus de soutien pour la musique live, car les tournées coûtent aujourd’hui extrêmement cher.

 

Écoute par ici : https://friedberg.bandcamp.com/album/hardcore-workout-queen
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English version
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Friedberg: The Indie-Rock Tornado That Electrifies

Imagine an explosive cocktail of post-punk, dance-rock, and hypnotic rhythms… Welcome to the world of Friedberg, the project of the charismatic Anna Wappel. Originally from Austria and now based in London, this high-energy artist has made a name for herself with a unique sound, blending sharp guitars, relentless percussion, and a captivating voice. Since her debut single Boom, the project has continuously evolved, pushing sonic experimentation even further. Now performing as a full band under the name Friedberg, her latest album, Hardcore Workout Queen, is the perfect showcase of this evolution—a fusion of post-punk, electro, and cinematic atmospheres reminiscent of surrealist influences like Luis Buñuel. On stage, Friedberg is an unstoppable force. Those who witnessed her at Trans Musicales de Rennes still talk about it—a high-energy performance driven by punchy basslines and a magnetic presence. Having shared the stage with Placebo, Hot Chip, and Big Special, she continues to make her mark, balancing raw spontaneity with sonic sophistication.

To dive deeper into Friedberg’s exhilarating universe, Anna answered our questions.

 


From your debut single
Boom to your latest album Hardcore Workout  Queen, your sound seems to have evolved, incorporating more  rhythmic and percussive elements. What influenced this  transformation? Have you experimented with new ways of composing  or recording? 

I think the composing process hasn’t changed massively. I guess I just  got more and more into playing cowbells (even more than before haha).  There’s probably not one single song on the album that hasn’t got me  playing at least one of them cowbells. Also working with different  producers and in different places probably inspired me to try new things.

Your latest album, Hardcore Workout Queen seems to blend various  influences, from post-punk to dance-rock and electronic elements. What  musical or even non-musical inspirations (films, art, personal  experiences) shaped this album? 

I like to write when travelling – So I think all the different places and  people I have been recording with all over the world, have definitely  influenced the sound a lot. It all started off in the desert in Joshua tree  on a road trip, then I continued in LA, Berlin and London. Lyrically I have  been quite inspired by one of the greatest surrealists- Luis Bunuel. I  absolutely adore his films and find them so inspiring. 

You were on the bill of the Trans Musicales in France, this Festival is  often a great springboard for artists. I saw you there and the audience  showed you real enthusiasm. How did you live this experience? Had you  modified your set or your show for this event?Pouvez-vous nous parler  de la signification derrière votre single The Greatest et de son processus  de création ? 

Honestly, the day we played was one of the craziest we’ve done so far.  We had a show in Munich the night before, then went on a train at 5 in  the morning for 9 hours with all our ear. We quickly tried to do our make up on the train and when we arrived in Rennes we jumped straight onto  the stage of Radio Fip (one of my favourite radio stations btw) and  played a live-session – live on air -without any soundcheck and with no  sleep after that crazy train journey. And then we went straight to the  soundcheck for Transmusicales. 5000 people turned up to see us and it  was live-broadcast. It was nerve-wrecking but just incredible- we were so  well taken care of by the whole team at Transmusicales and we enjoyed  every single second of that show, even though we were so incredibly  tired. I could really feel the amazing vibes in the crowd- it was love on  first sight with the French audience and us I think. And now we basically  wanna just come back for more shows in France all the time. 🙂 

4 . Your hit The Greatest has a unique, almost hypnotic energy. What’s  the story behind this song? Did it have a clear direction from the  beginning, or did it evolve in the studio?

I remember that I was super hungover and went to the studio with a  friend. Sometimes it’s actually good to be too tired to doubt yourself or  to even care. Because you don’t start questioning things, because you  are too tired to care. So I just started to sing that melody on top of a beat  my friend had made. And more melodies. And then I played lots of  percussion and a guitar on top. It was so quick. The only thing that took  me a while was the lyrics. I wrote 2 completely different sets of lyrics for  that song and couldn’t decide which one works better. One of them was  about being in a rock band and the other one about having too many  options, which make you unable to make any decisions. So obviously, as  I couldn’t decide which ones I like better for that song, I had to go with  the one, that was about not being able to make decisions haha. So meta!


You’ve had the chance to share the stage with legendary bands like  Placebo, Big Special and Hot Chip. What did you learn from being on the  road with them? Are there any tips or experiences that particularly stood  out to you? 

The experience of touring the U.S. with Hot Chip was one of the most  memorable ones ever. We had so much fun and were one big family every night we even went back on stage together with them to perform  „Sabotage“ by the Beastie Boys. I was playing cowbell of course. I even  think that Hot Chip’s sound inspired some of the newer songs I wrote  recently. I even started to record some new tracks with them at their  studio after the tour. We’ve become good friends and all their generosity  and how they treated us I would like to pass on to all the support bands,  we will have in the future.

What are your fondest memories of your previous concerts and is  there an anecdote that you often share with each other? 

Honestly, opening for Hot Chip at Brixton Academy in London and the  Transmusicales show were probably some of the best memories.  Because both were nerve-wrecking but went so well in the end, and in  spite the nervousness I was able to enjoy every second of it.


How do you perceive the French music scene? Are there any French  artists you admire or who inspire you? Do you think the music scene in  France has a different approach compared to Austria or the UK? 

There’s so many great French artists. I mean, I love Air, have always  loved them so much, but many many more. I think France has a really  good way of supporting their artists- when they are not touring, but also  on the radio there’s a certain percentage that has to be in French, which  unfortunately doesn’t happen in the same way in the UK or Austria. So  maybe I should move to France. 


Are you already working on new tracks? Are there any collaborations  with artists you would like to participate in? 

Yes I have been back in the desert in Joshua Tree to start the next  record. I’ve also done a few more tracks with Hot Chip and also more  with Dan Carey. And of course with my long time collaborators Daniel  Brandt (of Brandt Brauer Frick). With this next record I wanna be quicker  and take ages to finish stuff. Keep it raw and wild.

With the evolution of music trends and the music industry with  streaming for example. What is your vision for the future of Friedberg in  this changing landscape? 

I just hope that we can play live as much as possible, so we can make  ourselves more independent from streaming platforms etc. For this to  happen there needs to be more support for live music though, as touring  has become so incredibly expensive.