[Interview] Ferdinant – “La belle Histoire”

Bonjour Corentin et Timothée. Ferdinant est en partie construit sur les cendres de Rotters Damn, l’ADN musical est commun et le son est relativement proche. Pouvez-vous nous dire quel est l’atout majeur de cette nouvelle formation ?
Timothée : L’atout majeur ? C’est la cohésion qu’il y a entre nous deux. À deux, on est moins que quatre (pour sûr) mais plus efficaces et liés que jamais. Puis, je ne dirais pas que le son est si proche, rien que par le fait que dans Rotters Damn, on s’exprimait en anglais et qu’avec Ferdinant, c’est la langue de Molière qui est défendue. Sa langue, son sens, ses nuances et ses errances, même.


Vous venez de sortir un 1er album, “La Belle Histoire”. Quel a été le point déclencheur qui vous a lancés dans son écriture ?
Trois jours de « résidence » de création, au fin fond du Morbihan, en octobre 2021. On avait loué un AirBnB, on s’était enfermés et on a pondu les prémices de cet album. Evidemment, entre temps, il y a eu les premiers concerts (le premier, en décembre 2021), une première démo très chanson. On s’est trouvé une identité, peu à peu. Et de la mort de mon meilleur ami est née une chanson : Mec. Je me souviens d’une répétition, hyper importante, où Corentin a trouvé la nappe électronique qui porterait ce titre, Mec. Et c’est là qu’on a trouvé notre patte, notre univers : chanson rock et nappes électroniques.


Y a-t-il eu une longue phase de réflexion lors de l’élaboration des 11 titres qui figurent sur le disque ?
Forcément, et pas mal de remises en question aussi. Prenez Le grand boyscout, pendant longtemps, il ne collait pas avec le reste des chansons. Il était trop éloigné de qui on était. Et le texte étant moins « engagé », clairement, il fallait lui trouver un sens, qu’il tienne avec le reste. C’est vraiment au studio, à l’été 2023, que tout s’est lié et que nos 11 chansons ont fait un, un album.


Avec qui avez-vous collaboré pour l’enregistrer ?
Avec Thomas Ricou, dans son Vaka Studio, à Laval (53). Il y a eu une vraie rencontre, professionnelle et amicale. Thomas nous a épaulé, il est devenu l’un des nôtres. D’ailleurs, il n’est pas impossible qu’il nous suive très prochainement, sur scène, à la guitare…


Dans votre album, vous exprimez beaucoup de sensibilité avec force et pudeur. Quelle était la chose la plus importante que vous vouliez transmettre avec ce disque ?
Déjà, merci pour ce super compliment ! La chose qu’on veut transmettre ? Sans doute nos doutes, nos peurs, nos joies et chagrins, la vie quoi. Là-dessus, on ne révolutionne rien dans la musique. Mais l’idée de la musique, elle est là, justement. L’idée, c’est de partager. Alors, avec cet album, on essaye de partager des morceaux de vie, qui peuvent être universels, parler à tout le monde. Jamais en force mais toujours avec deuxième lecture possible. On n’impose rien, on propose. Chacun prend ce qu’il veut de nos chansons. Et si elles touchent : on a réussi !


Musicalement, il y a un vaste univers pop rock, chanson française, est-il à l’image de vos influences ?
Oui… et non. Car on ne s’inspire pas d’un artiste précisément. Ce qui est sûr, c’est que c’est Julien Doré qui m’a vraiment donné l’envie de chanter, en 2007. Mais je m’inspire beaucoup du « brut » de Glen Hansard et du travail écrit de Raphaël et Vincent Delerm. Il y a beaucoup de vrai dans ce qu’ils racontent, chacun à leur façon. Corentin, lui, pour ses compositions, il se nourrit de sons d’artistes qu’il aime (M, Pink Floyd, Artic Monkeys, Led Zep) mais il s’inspire aussi beaucoup des BO de Hans Zimmer et d’Ennio Morricone.
Et après, on nous rapproche souvent de Feu! Chatterton, de Noir Désir et même de Bashung. Ben tant mieux, ce sont de belles références, on prend.


Dans « Gamin », « Comme un con », « Le temps qui reste » ou encore « Toute la nuit », une certaine forme de sensualité mélancolique vive s’exprime. Dans quelle mesure votre environnement personnel et artistique influence t’il votre créativité ?
Une sensualité mélancolique ? C’est joliment dit ! Comme on l’a dit, les textes parlent des « choses de la vie » : la joie, la peur, l’enfance et son regard vrai, la colère et son cri, le politique de la vie, l’amour partagé, la mort aussi – celle d’un meilleur ami. Même mon admiration pour le cycliste Thibaut Pinot ressort dans une phrase de « Gamin ». En somme, l’histoire peut être belle mais il faut prendre garde aux obstacles… Et on en a eu, dans nos vies personnelles.
Forcément, donc, l’environnement personnel influence notre travail. Et Corentin sait magnifier tout ça, il a « une vraie patte » à la compo. C’est certainement lui qui apporte cette sensualité à la mélancolie des textes. Ou est-ce l’inverse ? (rires)