La veille de partager la scène de Petit bain avec Henry, j’ai discuté avec la musicienne, compositrice, guitariste, bassiste aux multiples facettes Delphine Ciampi-Elli afin de lever le voile sur les différents projets qui l’occupent et des passions qui l’animent…
Vous êtes compositrice et interprète, vous avez travaillé sur de nombreux projets musicaux divers et variés. Dans votre parcours, qu’est-ce qui vous anime le plus ?
Ce que je préfère, c’est le rock et être sur scène en concert pour en faire.
C’est vraiment ce qui m’anime le plus. Actuellement, je fais beaucoup de musique de film. Là, je suis en train de travailler sur une musique de série pour Canal +, c’est très excitant, mais c’est extrêmement chronophage. Même si j’adore ça, il y a toujours un moment où j’ai besoin de jouer sur scène. J’ai besoin de cette énergie pour me ressourcer. Vraiment, ça me fait du bien. Ça va m’inspirer pour continuer. Et puis, la musique à plusieurs, c’est important pour moi. La composition de musique de film est un travail très solitaire, alors que lorsqu’on joue ensemble, il y a une énergie commune et tout ce qui va avec m’anime énormément.
Vous parlez justement de jouer sur scène avec d’autres musiciens, d’autres artistes. Quelle est l’esthétique musicale qui vous touche le plus ?
En fait, par exemple, pour Henry, c’est surtout une proposition du batteur Dimi Déro, qui joue aussi avec Nick Harvey. Avec Dimi on se connaît bien, nous sommes des complices musicaux depuis longtemps. Il m’a donc proposé de venir faire quelques morceaux à la basse samedi avec lui à Petit Bain pour son ami Henry. Bon il savait bien que ça pouvait me botter de faire ça. Et en effet lorsque j’ai écouté l’album de Henry, j’ai retenu deux morceaux qui me correspondaient bien musicalement.
Après, c’est vrai que je ne peux pas me joindre à n’importe quelle esthétique musicale. Ça ne m’amuserait pas, et puis j’aurais pas le temps pour ça, en vrai. Je ne vais pas faire un concert juste pour être sur scène… Même si je suis ouverte aux propositions, pour le plaisir du challenge, on va dire. Et aussi pour découvrir, pour élargir mes horizons, pour sortir de ma zone de confort. Un projet comme celui de Henry, a priori, c’est quand même très chanson, mais quand c’est présenté par quelqu’un qui me connaît bien, j’accepte avec plaisir.
C’est sûr que jouer pour Kim Salmon ou pour Henry, les esthétiques sont très différentes !
Je ne connais pas Henry, mais le disque me séduit bien. Avec ma sensibilité, ça fait sens.
J’imagine aussi que pour vous la complicité avec les artistes joue un grand rôle ?
Oui, samedi c’est une soirée avec Mick Harvey que je connais bien aussi, pour présenter son nouvel album, donc je suis curieuse de voir ce que ça donne. J’ai hâte d’y être et de passer un bon moment, de rencontrer des gens et revoir des amis.
Petit Bain, c’est un lieu que vous connaissez, vous avez déjà joué là-bas !
Oui, j’aime beaucoup Petit Bain. J’y ai joué dans avec plusieurs projets très différentes. La dernière fois que j’ai joué, c’était lorsqu’on avait monté Le Collectif Troisième Autrice un projet de femmes, avec des compositrices, autrices, interprètes. Un projet qui se veut transgénérationnel.
On était 13 sur scène, de 12 ans à 80 ans. La scène n’est pas immense, alors tenir toutes ensemble au moment du final c’était quelques chose (rire). C’était formidable et on a eu un très bon accueil.
C’est un chouette endroit. On a de la chance d’avoir un lieu comme celui là à Paris.
Au-delà de ce que vous allez faire sur scène avec Henry, samedi soir, et des musiques de films que vous composez, vous avez beaucoup d’autres projets avec grand sens de l’engagement.
En effet. Pendant le COVID, on m’a proposé d’intergrer la commission à LA SACEM sur l’égalité femmes-hommes. J’ai accepté. Ça, c’était il y a quatre ans et ensuite ça a dégénéré (rire).
Je fais partie maintenant de plein de structures. L’UNAC, (Union Nationale des Auteurs-Compositeurs) où je suis vice-présidente, et puis ils m’ont proposé d’être déléguée européenne au sein de l‘ECSA, (European Composer and Songwriter Alliance). On se rencontre deux fois par an avec toutes les unions d’auteurs-compositeurs d’Europe. Je rencontre des gens qui viennent de tous les pays d’Europe, c’est extremement passionnant. Je suis aussi co-présidente du Collectif Troisième Autrice, qui est une association qui regroupe les compositrices françaises de musique pour le cinéma.
Tout ça est lié, ça m’aide pour alimenter chaque organisation les unes avec les autres. C’est chouette, mais c’est forcément extremement prenant.
J’ai aussi plusieurs projets musicaux personnels :
Mon projet de cœur en duo avec une amie violoniste Anne Gouverneur, qui s’appelle SAD. On s’est rencontrés sur la tournée de Claire Diterzi en 2008 pour son album « Tableau de chasse » et on s’est tellement bien entendus qu’on a continué à travailler ensemble.
Avant, on avait monté le projet « Les Colettes« , un trio 100 % féminin, qui a duré pendant un certain temps, avec Diane Sorel, une chanteuse qui venait aussi de la tournée de Claire.
Et depuis, Anne et moi, on ne s’est jamais quitté. On a fait pas mal de belles choses ensemble parce qu’entre son violon 5 cordes et ma guitare baritone, on obtient un son particulier qui nous convient bien… Musicalement, on s’est trouvé. On a trouvé chacune en l’autre l’alter ego. On a une chance folle. On n’arrête pas de se le dire.
Et votre projet SAD il en est où exactement ?
C’est un projet très cinématographique et relativement onirique. Même si Anne est partie vivre au Mexique depuis deux ans, ce n’est même pas vraiment un problème, on arrive à développer le projet en étant très créative. On communique beaucoup et on s’échange nos fichiers. On garde une grande complicité.
On est très prise par nos projets respectifs, comme je viens de vous dire, mais on voudrait bien réussir à finir le premier album de SAD. Pour l’instant, on a énormément de titres, mais on a du mal à trouver le temps pour mixer.
Lorsque Anne reviendra en France, cet été, on essayera de trouver un concert à faire sur Paris et aussi des dates en province pour tester le projet. Je suis en train d’essayer de monter ça. Pour le moment, on passera par Tours et La Rochelle, et peut-être aussi par Rennes. Si on avait ces trois dates, ce serait fantastique.
J’espère que d’ici le mois de septembre, on aura un ou deux titres sortis avec des vidéos. C’est très excitant. Ça me motive beaucoup, mais les journées de 24 heures sont un peu courtes pour moi. (rire)
Avec SAD, on n’a pas besoin de batterie, même s’il y a quand même quelques chansons. Mais pour tout dire, lorsque j’avais joué pour Kim Salmon, avec Dimi Dero, je me suis dit que j’aurais bien envie de remonter un petit groupe avec Dimi, façon Power Trio rock. Encore une idée derrière la tête qu’on n’a pas encore concrétisée…
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