Quand la guitare balance des riffs accrocheurs, que la batterie opère tel un pacemaker sur votre palpitant froid, que le chant vous attrape par le cou pour mieux secouer votre dernier neurone endormi, aucun doute : c’est que vous êtes face au nouveau disque de COSMOPAARK « Backyard ». Confectionnant pas à pas la suite logique de leurs univers passionnants, le trio bordelais, composé de Clément Pelofy au chant, Baptiste Sauvion à la batterie et Wanda à la basse, en dignes enfants de Slowdive ou cousins de DIIV, semble réussir à faire briller le soleil d’automne à travers les branches nues d’un chêne immortel. Métaphore symbolique fondée sur un parcours, passé, présent et futur, cours et vous apparaît de façon fluide. Les événements s’enchaînent et s’inscrivent dans un récit introspectif, appuyant toutefois sur cette mémoire des évidences, leurs émotions, leurs choix et leurs effets, jusqu’à la résilience. Les 5 éminentes mélodies shoegaze, vaporeuses, terriblement fiévreuses, développent un étrange et hurlant climat blanc, avec de vrais moments de frénésies presque pop qui vous font spontanément prendre conscience de la tiédeur mordante de notre époque. Mais il y a tellement de choses à dire sur ces jeunes gens là que je risquerais de vous perdre en chemin, rien de mieux donc qu’un entretien à distance avec Clément pour vous en parler.
Bonjour Clément, pour commencer pourrais tu me dire ce qui vous a réuni dans le projet Cosmopaark ?
Bonjour, merci de nous accueillir ! On s’est rencontrés avec Baptiste (batterie) il y a une dizaine d’années durant nos études et on a eu différents projets avec Cosmopaark. Et après plusieurs bassiste nous avons aujourd’hui Wanda qui nous a rejoint et avec qui nous avons enregistré ce nouvel EP.
J’ai toujours écouté du shoegaze, depuis que je fais de la guitare je pense et c’est un style dans lequel je me sens à l’aise pour m’exprimer, ça regroupe pleins de choses que j’aime : l’expérimentation, les chansons, le côté introspectif et introvertie, le côté très sonique et puissant aussi. Tout ça me parle beaucoup et sans vraiment me dire que je voulais spécialement faire ça, c’est arrivé naturellement. J’étais dans une période où j’écoutais en boucle Tired Of Tomorrow de Nothing et j’ai fait des démos que j’ai fait écouter à Baptiste (avec qui j’adore faire de la musique) et c’était parti !
Après votre premier album en 2023 et vos nombreux EP vous venez de sortir votre nouvel opus « Backyard » quel en a été le point créatif déclencheur ?
Pour donner un contexte il s’est passé pas mal de temps entre la composition de notre précédent album “and I can’t breathe enough” et sa sortie. Et nous avions envie d’aller explorer d’autres choses, travailler plus en profondeur la production et essayer de nouvelles choses, continuer d’avancer. Je pense que c’était l’impulsion de cet EP.
On perçoit votre intention de mettre en avant une certaine forme d’introspection grandissante. Selon toi, qu’est ce qui a insufflé cette envie ?
Le précédent album était déjà très introspectif et ça a toujours été assez présent dans Cosmopaark. J’ai toujours trouvé qu’il y avait une vraie beauté dans l’intimité et ça permet de se connecter à un niveau peut-être plus profond avec ce qu’on écoute. J’adore le groupe Daughter et j’ai toujours été admiratif de la puissance de ces paroles très intimes.
Quel était le message le plus important que vous vouliez transmettre avec ce disque ?
Je trouve ça cool que chacun puisse y voir ce qu’il entend, et l’interpréter à sa manière !
Mais de manière très globale il y a cette idée d’avancer qui est présente. Mettre les choses à plat et prendre de la distance.
Qui sont les artistes qui vous ont le plus donné envie de vous diriger vers cette esthétique plus mélodique et mélancolique ?
Durant la création de l’EP, j’ai beaucoup écouté les derniers albums de Slow Pulp et Alvvays ! D’où le côté plus pop et mélodique. Beaucoup de choses très variées et plus axées production aussi, j’ai découvert une curiosité croissante pour cet aspect là.
Pour ce qui est de la mélancolie pour nous c’était plutôt un pas vers la lumière que l’inverse, vu les sujets du précédent album mais c’est intéressant que tu ai ressenti ça.
Pour confectionner les 5 titres vous avez travaillé avec Johannes Buff et Pierre Loustaunau. Il s’agit là forcément d’une collaboration importante pour définir l’aspect global du disque. Mais qu’est ce que ça vous a le plus apporté ?
D’un point de vue purement technique du son on aurait été incapable de faire ça tout.es seul.e.s, Johannes a fait de supers prises et un super mix.
D’un point de vue artistique c’était top d’avoir le recul de Johannes et Pierre et on a pu aller beaucoup plus loin sur la production avec pleins de cools tricks de machines de Pierre et des partis pris plus forts qu’on aurait peut-être pas osé tout.es seul.e.s.
Cet EP est sorti via Howlin’ Banana et Stellar Frequencies. Est-ce important pour vous d’avoir le soutien de telles structures ?
Oui c’était super d’avoir Howlin’ Banana et Stellar Frequencies. Howlin’ Banana commence à être assez incontournable en France c’est un super label indé et Tom est vraiment génial. C’est trop cool qu’on puisse travailler ensemble!
Stellar Frequencies font les plus belles cassettes du monde (allez voir) et leur ligne artistique est superbe. Tout comme pour Howlin’ c’était trop bien de continuer à collaborer avec eux.
Vous avez tourné partout dans les clubs ou sur les grandes scènes depuis vos débuts. Quels souvenirs les plus marquants gardez-vous de ces dates ?
Il nous en reste beaucoup à faire haha…
Mais personnellement dans les derniers concerts j’ai un super souvenir de notre concert à Viennes pour le festival Waves Vienna, ça faisait longtemps que l’on avait pas fait de concert et c’était un super moment !
Photo de couv. (c)Mathilde Rey