IF I WAS A CARPENTER !

2015. Alors que je procrastinais joyeusement sur la toile de mon réseau à la recherche d’informations croustillantes et néanmoins cinématographiques, je fis un arrêt marqué (de celui qui caractérise l’épagneul breton en période de rut) sur une déclaration de l’épatant Michael Ironside. Pour celles et ceux qui ne connaissent pas cet acteur mythique, vous avez pu le découvrir dans la filmographie fournie de Paul Verhoeven ou l’entrevoir dans Top Gun , Terminator Renaissance et surtout la suite abracadabrantesque d’ « Higlander ».

Bref, ce brave Monsieur, habitué à jouer les seconds couteaux solides, louait les mérites d’un film qu’il s’apprêtait à tourner au titre évocateur de « Turbo Kid ». Un mélange savant de « Mad Max », de série Z et de Romance digne d’un épisode de « Mon petit Poney » à l’en croire. De jeunes réalisateurs canadiens étaient aux manettes de cet objet filmique non identifié et mon intérêt n’en fut que décuplé. Une fois cette merveille de « mauvais genre » visionnée en DVD (seul support possible pour la découverte), et des hectolitres de sang déversés jouissivement  dans une réalisation inventive, il ne restait plus qu’à attendre la nouvelle production de François Simard, Annouk Whissell & Yoann-Karl Whissell. Et prier pour un choc identique.

Anouk Whissell , Yoann-Karl Whissell et François Simard.

2018, 
Notre trio, plus connu sous le sigle RKSS, ne se dépare pas de son amour pour les films iconiques et embraye avec l’épatant « Summer of 84 »,  hommage parfait aux années 80, aux « Goonies » et à la filmographie entière de John Carpenter.
Ce qui frappe, dès le début de ce long-métrage ultra-référencé (on pense constamment à »un « Fenêtre sur Cour » teenage ou à  « The Burbs » de Joe Dante), c’est la manière dont le collectif s’empare d’un sujet usé jusqu’à la corde (raide) et fait monter la pression-par petites touches- jusqu’à un dénouement final surprenant totalement justifié. Effectivement, nous serions tentés de voir dans cette production une énième variation du voisin serial-killer épié par des adolescents en mal de sensations fortes. Et un plagiat honteux des codes et des clichés qui traversent les œuvres pré-citées.Que Nenni.

Summer of 84


En s’y penchant d’un peu plus près, « Summer of 84″ se distingue singulièrement de ses confrères par le climat poisseux et néanmoins nostalgique qu’il distille.La réalisation, beaucoup plus maitrisée que pour le précédent opus, y fait pour beaucoup et nous sommes constamment ballotés entre la chronique provinciale teintée de douceur (les atermoiements de l’adolescence, l’age d’or des 80’s, la bande de copains chevauchant des BMX, etc…) et le polar crasseux . »Summer of 84″, c’est un peu John Hugues qui draguerait Sofia Coppola dans une soirée déguisée sous le regard bienveillant du créateur d' »Halloween » ( maintes et maintes fois cité de manière détournée et naturellement adulé).C’est un peu « Stranger Things » ou « Super 8 », le fantastique en moins, la peur en plus.C’est surtout un cinéma de genre humble- et assumé-qui n’essaye pas de supplanter ses aînés. Un film politique où la perte de l’innocence se conjugue avec les exactions violentes qui agitent la société Reaganienne. Et où Peter Pan cherche, en vain, à échapper au chanteur protéiforme de Neverland. Reflet dans un œil gore.

Bien loin de la magie « Amblin », l’ennemi ne se cache plus dans l’Espace ou dans le bloc soviétique. Mais se défoule dans une cave mitoyenne.Vous trouverez cette petite pépite dégueulasse (mais ô combien tenace) à côté de chez vous, en Direct DVD.Et, franchement, vous auriez tort de vous en priver!
A quand le grand écran pour « Turbo Kid 2 »?


John Book.