Road-trip à la française, tout droit venu de Grenoble, Holy Bones est un trio qui jongle à la perfection avec les codes de la folk US et leur sonorité épurée. Leur premier album « Silent Scream » a le goût, la couleur et l’accent de l’americana à l’imagerie sombre et l’esthétisme léché. Dès la première écoute, les pépites « Don’t get me wrong », « Miss Me », « Losing It All » et « Same old song » me séduisent. Alors pour en parler, quoi de mieux qu’un entretien avec François MAGNOL, leader/chanteur du groupe.
Holy Bones, voilà un patronyme bien énigmatique, pourquoi ce nom ?
Lors d’un voyage au Mexique, au cours d’une célébration dans un cimetière, m’est apparu le paradoxe entre le côté dérisoire de nos restes mortels et le mysticisme qui les entoure; et puis ça sonnait bien.
Le caractère festif de « Día de muertos », est une manière d’exprimer ce qui vous correspond peut-être le plus ?
Ça aurait pu le faire aussi, c’est un bon nom de groupe. Le côté mystique l’a emporté ….
Justement pouvez-vous vous présenter ?
C’est une formation qui existe depuis 7 ans; après quelques changements de line-up et deux EP plutôt rock n’ roll, j’ai pris un tournant plus folk et personnel autour de l’écriture du premier album « Silent Scream ». Nous sommes actuellement en trio, avec Vincent Travaglini à la gratte lead, qui donne le côté post-rock dans les envolées psychés, et Michael Clément, bassiste historique du groupe; je me charge du chant, des grattes rythmiques et du kick . François Carle aux manettes nous sonorise sur scène et a réalisé les prises de sons et le mixage de l’album.
Après deux EP, vous venez de sortir votre premier album » Silent Scream « . Comment le décrirais-tu ?
Il s’agit d’un voyage plus folk et personnel, autour d’un répertoire mûri et pré-produit il y a deux ans déjà. Moins rock, avec des batteries que j’ai voulu assez soft. Sans parler de concert album, il y a une trame narrative, une set-list qui déroule, et pas de volonté de pousser un morceau plus qu’un autre.
C’est un premier album, mais qui vient de loin, et qui s’écoute en partant loin également, tranquillement au volant sur une route déserte !
Les chansons très narratives de votre album font référence à une imagerie relativement cinématographique. Vous aviez auparavant fait un ciné-concert sur le chef-d’œuvre Badlands de Terrence Malick. En plus de la musique, le cinéma est-il une autre de vos passions ?
Une passion non, ce serait mentir, mais je trouve dans le cinéma un calme qui me manque dans la vie… Il n’y a que devant un film ou un micro que je puisse me « poser » et profiter d’une certaine notion d’espace et de silence. Image et son se mélangent dans ma façon de composer et c’est clairement sur des paysages que je compose la majorité des morceaux, tout au moins pour la partie « lumineuse » du set. Pour les morceaux dark, l’impulsion de base est plus introspective. Nous avons intégré une créa vidéo dans le set musical et jouons toujours « Badlands » quelques fois par an, avec un immense plaisir. D’autres projets ciné concert couvent.
Le ciné-concert est une forme de narration qui donne aussi une seconde vie, voire une seconde lecture à un film. Il y a un côté « appropriation » d’une œuvre cinématographique, très personnel. Aviez-vous cela en tête ?
Sur certaines oeuvres peut-être y-a-t-il une grosse marge d’interprétation, mais sur un film de Terrence Malick, ce serait un peu prétentieux de parler de ‘ré-appropriation »… Disons que nous avons collé l’imaginaire musical que ces images nous ont inspirées, révérence gardée pour la BO de Malick (qui n’est pas le point fort de l’oeuvre selon moi), dans le respect du film, sans volonté d’influer sur la narration. Je crois que même sans musique, ce film serait bon !
Quelles sont les musiques qui vous ont inspirés au moment de composer l’album ?
La base vient de loin, inspirée d’un rock lent et mélancolique (Gun Club, Doors), teinté de folk et chansons chargées de mysticisme (Nick Cave, 16 Horsepower). La scène a pas mal façonné l’album; certains morceaux ont évolué en live et d’autres y sont morts ! Sur cet album, on recherche la notion de « dynamique », c’est-à-dire avoir de l’air, du silence et beaucoup d’écarts et d’intensité entre les moments calmes et forts.
Vos influences folk-rock sont très marquées; où les puisez-vous ?
Bon, du coup, j’ai un peu répondu à la question précédemment. Les origines du groupe sont rock mais pour cet album, il y a une volonté folk tout en conservant une énergie sous-jacente qui explose par moments, un certain magnétisme.
« Losing It All » est le premier titre que vous mettez en image. Quel message avez-vous voulu faire passer ?
C’est un titre qui s’inscrit sur la partie « dark » de l’album (pour info, le vinyle comporte une « dark side » et une « sunny side », la set-list est scindée en deux par ambiance, c’est un autre déroulé pour l’album).
C’est un morceau onirique, un face-à-face introspectif, imagé par un clip qui pose une ambiance crépusculaire; une histoire de fuite face aux vieux démons qui peuvent nous retenir. Il y a une opposition entre la journée qui s’écoule sur les mêmes mauvaises habitudes et tout ce que l’on perd dans la durée à cause de ça.
L’habitude même mauvaise est aussi une spontanéité naturelle qui aide parfois; elle est en quelque sorte un pouvoir qui facilite l’effort ou la création. Ne peut-il pas y avoir un gain en cela ?
Certes ! L’idée du clip est d’ailleurs de montrer l’immobilité que provoquent certaines addictions (scène en intérieur et de nuit), en opposition avec la ligne de fuite et la course vers quelque chose de plus lumineux !
Donc bien évidemment, aucune addiction, selon moi, n’est génératrice de création; à la rigueur, certaines « expériences » peuvent apporter une dimension mystique à l’écriture mais ponctuellement. Je crois plus à l’immersion dans un univers, pour être le plus honnête possible dans son écriture; raconter ce que l’on a à dire sans mimétisme et sans posture… c’est déjà assez dur, si en plus on est à 2 grammes, ça devient franchement aléatoire ! (rires).
Maintenant que « Silent Scream » est sorti, quels sont vos futurs projets ?
Il y a des projets de ciné-concert avec la formule solo du projet, terminer un créa vidéo pour le live, intégrer ponctuellement un batteur et un clavier, faire vivre cet album une saison, tout en rôdant le suivant, plus ou moins déjà écrit.
Avez-vous des dates à venir ? L’ »American Tour » est-il pour bientôt ?
Il y aura une tournée en Bretagne en novembre, une série de dates en solo à la rentrée, quelques émissions de radio… C’est en train de se caler.
L’American Tour est en projet, avec un partenariat sur place, mais ça ne sera pas avant deux ans, le temps de trouver des subventions et de verrouiller tout ça… Mais oui, c’est en projet !
Nous n’avons pas (encore) de booker, donc tout est long à mettre en place, mais on y arrive !
Suivre Holy Bones > https://www.facebook.com/holybonesgrenoble/
Écouter Holy Bones > https://holybones.bandcamp.com/
Stef’Arzak