Un feu follet, presque un incendie, à deux doigts de la combustion spontanée, dans un crépitement de flammes, juste le tremblement d’un green-rock poétique psychédélique, au contour électrique vaporeux. Déambulation mélodique, lanterne à la main sur les rivages brumeux d’un village finistérien mystérieux. Devant nous un nouveau trio qui tranche dans le vif, Hache-Paille, né sous x, dans un éclair, dans un coup de tonnerre, hors des cases. Clémentine Page (Chant, Basse, Claviers), Piergiacomo Costi ( Batteries, Chant), Éric Cervera (Guitare) dans cette énergie live inclassable, on tenterait bien d’identifier une histoire, en vain. Mais à quoi bon ! Autant nous laisser porter par le surréalisme de “Cynodrome“, en deux eaux. Les voix se superposent, les mélodies à géométries variables s’égarent et se rejoignent dans une gouaille triturée, brûlée, d’un opus émincé finement, compulsif, à la beauté torturée.
Au fur et à mesure que se construit la cohérence de cette musique, on est captivé, hypnotisé comme si toute raison, toute lutte était devenues radicalement viscérale. Baiser et caresses, bec et ongles, crève-cœur, pince-oreille, les titres oscillent aussi bien dans les situations oniriques tragiques que dans la beauté ordinaire où tout le réel s’écrase dans un univers métapsychique poétique en Français et en italien. Métempsychose de la somme des choses au sommet d’une imagination fertile. Avec autant de refrain coup de poing, que de bourdonnement, de frustrations qui habitent chacun. Il n’est pas anormal de découvrir le paranormal dans les rumeurs subjectives rutilantes du trio, toujours habités et plus ou moins abîmées.
L’écoute en devient alors comme un roulé boulé dans une vague gigantesque, nous sommes le brin de paille éprouvant l’immense vertige d’être enfermés dans notre intériorité. Et notre histoire collective n’est finalement que l’addition sans retenue, de ces lambeaux arrachés à l’ombre qu’habituellement nous cachons sous le paillasson ou tenons pour indésirable.
Écouter : https://hache-paille.bandcamp.com/releases
Photo de couv. (c) Gerard-Rouxel
Stef’Arzak