Une bande -dessinée sur le plus mythique des robots géants ? Il fallait oser ! Donner une suite à un dessin-animé culte des années 70 sans décevoir les fans ou les néophytes ? Pari insensé !
Et pourtant, c’est avec un respect profond pour Go Nagaï et son univers peuplé de monstres géants et de batailles gargantuesques que Xavier Dorison, Denis Bajram, Alexis Sentenac, Brice Cossu et Yoan Guillo ont su redonner un souffle nouveau à… Goldorak! Et quel souffle !
Ce n’est plus une simple respiration dans l’histoire du Manga ou de la BD mais un véritable tourbillon d’émotions qui nous assaille à la lecture de leurs planches.
Dix ans se sont égrenés depuis le dernier épisode de « UFO Robo Grendizer » et la Terre connait une Paix relative. Aucune attaque de Golgoths. Aucune métropole en proie à une attaque. Actarus et Venusia ont rejoint leur planète pour de sombres raisons et le calme digère la tempête.
Mais c’était sans compter l’arrivée d’une immense machine de guerre sous les traits d’un monstre mécanique et tricéphale ! Plus puissant que les précédents, plus réactif et polymorphe, l’Enfer se déchaine au cœur du Japon dans un vacarme de tôle froissée. L’Armée se mobilise, en vain. Seule une poignée de héros, dont nous connaissons toutes et tous les patronymes, semble à même de freiner la Bête.
Mais, faute de héros extra-terrestre à leurs côtés, seront-ils à la hauteur ?
Le véritable « tour de force » de cette BD est son scénario. Tirant la langue aux clichés hollywoodiens et éculés d’une reformation inespérée le temps d’un reboot/suite, les Frenchy invente un alibi de taille et réécrivent les destins contrariés de Phénicia, Mizar, Banta, Rigel, Alcor et le Professeur Procyon. Comment réunir tout ce petit monde sans que l’on sente le coup fourré ? Comment retrouver les sensations d’antan (1975, une petite éternité) sans qu’un parfum rance ne nous monte à la gorge et au nez ? Et comment valider l’absence prolongée du hippie au costume rouge et noir et de sa sœur ?
Xavier Dorison, Denis Bajram et Brice Cossu (Long John Silver, Universal War One et Le triomphe de Zorglub), fans de la première heure, sont des prestidigitateurs. Leur trame narrative alterne, avec brio, scènes d’action éblouissantes et échanges intimistes. Mieux, leur discours sur l’immigration et le détraquement climatique nourrissent un récit dense afin de donner à ce « Goldorak » une ampleur nouvelle. Actarus, chantre de la mixité sociale et de l’écologie ? Il l’a toujours été.
Les auteurs et dessinateurs ne font que redorer un blason oublié… jusqu’à un final d’anthologie, alliant twist et champ des possibles.
Prenez un bain de jouvence ! Bien avant « Pacific Rim » de Guillermo Del Toro et « The Iron Giant » de Brad Bird, nous avions un Ami de la taille d’un immeuble piloté par un feu-follet. Nous avions notre lot de baston entre une boisson au chocolat et une tranche de pain d’épice. Nous nous rêvions « More Than Life » dans la cour de récréation. L’avenir nous semblait si lointain et si proche.
Et c’est exactement la sensation éprouvée à la lecture de cette bande-dessinée homérique.
Un retour en grâce dans la décennie bénie des 70’s, les préoccupations sociétales du vingt et unième siècle en plus.
Nostalgiques de tous poils, plongez voluptueusement- via le Cosmorak- dans votre mémoire et ce « page-turner »!
Et de crier, à l’unisson :
« Astérohache! »
« Cornofulgur! »
John Book.