Dominique A, un artiste fétiche du festival malouin, a ouvert avec brio une édition 2025 des plus réussies. Retour sur un concert qui donne les poils !
« La Route du Rock, quoi, merde ! La route de la pop aussi, pas un festival de bourrins. »
Était-ce une référence masquée au festival Motocultor, désormais placé sur les mêmes dates à l’autre bout de la Bretagne et au bilan sans équivoque avec près de 500 interventions des forces de secours pour plaies, brûlures, traumatologie et divers malaises ?
Il n’empêche, en ce moite mercredi 13 août caniculaire sous une chape nuageuse, Dominique A est de retour sur scène en trio pour un set très attendu.
La Nouvelle Vague, la très belle salle des musiques actuelles de Saint-Malo, offre exceptionnellement ses portes pour le week-end du 15 août pour accueillir non pas un enfant du pays, mais un fervent supporter de la cause : Dominique A.
Ce dernier était en effet déjà présent sur l’affiche, dans le Fort-Saint-Père alors. C’était en 1995. Au même programme, il y avait Miossec et le lendemain Supergrass ou encore Skunk Anansie. « Comme quoi rien n’a bougé », en sourit même le chanteur nantais.
Figer le temps
Sous des lumières bleues, il a alors déjà gagné son pari. Celui de figer le temps le temps d’un concert d’une beauté ponctué de nombreux titres encore en rodage et de valeurs sûres comme de toujours somptueux « Immortels », le premier moment de grâce. Juste avant, un nouveau titre, « L’humanité », comme ne pas penser à Damien Saez, a été dévoilé avec virtuosité. Le nouvel album, « Quelques lumières », sorti l’an dernier, résonne avec splendeur.
Formule Trio
En trio, accompagné simplement par le pianiste Julien Noël et le contrebassiste Sébastien Boisseau, Dominique A s’échine sur sa guitare électrique et c’est juste sublime, particulièrement lorsqu’il fait claquer les cordes de son instrument face à un public statique, disons plutôt figé, particulièrement concerné malgré la chaleur étouffante.
C’est fou. Ainsi revisitées, ses chansons se rapprochent de celles de La Maison Tellier, groupe français lui aussi, bien implanté dans la défense de la langue.
« Moi, le wokisme, je suis pour ! Faites ce que vous voulez ! » Provoque Dominique A pour présenter une chanson écrite en 2020 durant la pandémie. Ce nouveau titre intitulé « Les Éveillés » devrait figurer sur le prochain album.
Quelques accords de police
Deux-trois chansons sans guitare plus tard, Dominique A reprend son instrument fétiche sous des spots verts. Voilà « Le Courage des oiseaux » et sa guitare incisive. C’est un premier triomphe. Dominique a souri, c’est suffisamment rare pour être remarqué.
« Corps de ferme à l’abandon » est une chanson de 2018 sur les violences interfamiliales. Pas sûr que de côté-là, cela ait vraiment changé !
Voilà justement quelques accords de police ? Hasard ou simple mise en scène, la chanson est prenante.
1 h 30 bientôt de concert dans la fournaise étouffante d’une canicule malouine attendue finalement ce jeudi. Et à 23 h 05, c’est un premier salut sous les ovations du public. L’occasion pour Dominique A de reprendre la parole d’une manière plus singulière. « Cet été on n’a pas fait beaucoup de festivals, la dernière fois, c’était en Vendée à 6 h du matin et depuis rien rien rien. Jouer en concert me semblait abstrait. Ce matin, quand je me suis réveillé, j’étais carrément énervé. On a beau faire les blasés… »
Les portes du Twenty-Two Bar
Blasé, le public ne l’est pas, il en redemande même !
Car raison, car les portes du « Twenty-Two Bar » s’ouvrent avec majesté.
Françoiz Breut, où es-tu ? On aurait tellement aimé la voir apparaître dans une dernière touche mystique !
« Eleor » conclut le set, et le public a même droit à un rare rappel supplémentaire hors playlist avec le titre « Oklahoma, 1932 ».
Ce soir Dominique A a ouvert avec fougue et maestria les portes de la trente-deuxième édition estivale de la Route du Rock. Un sacré bail !
Pour la petite histoire, on aurait bien aimé discuter de tout cela avec Dominique Ané, de son vrai nom. Le management a décliné notre demande d’interview. Vexés, nous ne sommes pas allés avec Ann l’écouter passer des disques plage Bon-Secours le lendemain à Saint-Malo.
Texte : Patrick Auffret
Photos : Ann Pierce

















