[Clip] Hum Hum – « Le ver s’est glissé » : murmure d’une déchirure

La passion, le désir, lentement, une ombre furtive, l’érosion du sentiment, une mélodie qui s’accroche à la peau avec la douceur d’un poison lent. « Le ver s’est glissé » de Hum Hum. Dès les premières notes, un frisson s’immisce, une tension feutrée s’installe, et l’on sent que quelque chose est en train de se fissurer.

 

Duo à la fois énigmatique et élégant, Hum Hum, composé de Sophie Verbeeck et Bernard Tanguy, offre ici une plongée dans la fragilité des relations humaines. Les paroles, cinglantes comme une lame chirurgicale, ouvrent un constat d’échec : « J’ai tout essayé », soupire la voix, lasse et désenchantée. Ce cri silencieux résonne dans les failles d’une armure que l’on pensait invincible « L’armure s’est fêlée ». Puis, insidieusement, « le ver s’est glissé ». Et tout bascule.

Plein de métaphores et de justesses, le single évoque ces pensées toxiques qui rongent lentement l’intérieur, ces doutes qui, tel un venin invisible, finissent par emprisonner nos sentiments. Un amour vacille, une relation s’érode, et bientôt, les voix se font écho dans leur solitude respective. « Tu n’es pas / Je n’suis plus » : ainsi va la décomposition lente des âmes qui se sont trop aimées et peu être mal aimées.

L’esthétique du naufrage en images. Le clip qui accompagne cette complainte renforce cette sensation de désagrégation inexorable. Les plans épurés, les jeux d’ombres et de lumières, un corps figé qui rentre lentement en mouvement pour devenir une silhouette floue sont autant de symboliques qui traduisent l’asphyxie progressive de cette histoire. L’ambiance feutrée, couleur pastel puis noir et blanc, rappelle ces rêves où l’on fuit à bout de souffle sans jamais atteindre l’horizon. On assiste au dernier soupir d’un amour qui rend les armes.

 

Ce que Hum Hum propose avec « Le ver s’est glissé », c’est une expérience sensorielle, un voyage au cœur du délitement. La douceur des voix contraste avec la profondeur du sujet, créant une dissonance émotionnelle troublante. Loin des éclats, loin des cris, c’est dans le murmure que se joue la tragédie. Et lorsque le dernier vers résonne – « Les corps rompus se sont tus » –, il ne reste plus que le silence, cet écho fantomatique des amours échouées.

Hum Hum signe ici une chanson à la fois intime et universelle, laissant derrière elle un chapelet de mélancolie douce-amère, qu’on n’oublie pas.