Après le coup de foudre sonore « L’Amour à deux doigts », Ayla Millesen et Elektro Hafız se retrouvent pour une nouvelle romance musicale qui claque comme une porte battante dans ton dentier de mal alpha bien installé dans ton costume de vampire : « Bébé, mange tes morts ». Voilà un titre qui pique, gratte et séduit. Il oscille entre sensualité et affirmation de soi, tel un ultime mot doux envoyé aux vents mauvais ou plutôt recyclé en incantation pop électro-folk séduisante.
Tout commence par une instru signée Elektro Hafız, hypnotique et rugueuse, qui hume bon les textures analogiques, le parfum enivrant de l’Orient, les riffs radieux et les bandes magnétiques. Une ambiance feutrée, hantée, presque chimérique, renforcée par la touche de Demir Kerem Atay au mixage, qui laisse respirer une rage lourde de sens.
Puis arrive la voix d’Ayla Millesen. Presque chuchotée, tranchante. Elle chante, elle confesse. Elle parle au fantôme d’un amour usé, désabusé, vampirique — qu’elle n’avait jamais osé envoyer bouler. Alors elle le dit ici, sur cette instru moite, et ça claque : « Bébé, mange tes morts. » Une formule qui dit tout : la tendresse, le mépris, le renoncement, l’ironie.
Rock halluciné et post-romantisme 2.0. Ça gratte là où ça fait du bien. Ayla Millesen et Elektro Hafız imposent un ton. Un style. Une esthétique. Sombre, brûlante, franche. Et surtout libre.