Trente ans après, la pop vénéneuse de A Girl Like You brille toujours avec classe et Animal Triste l’a bien compris : mais la reprise du tube magnétique d’Edwyn Collins n’a rien d’un exercice de style. C’est plutôt une sorte de résurrection sobre, sombre, moite, qui suinte bon le film noir, dans un tempo sensuel où chaque battement semble vouloir mordre le présent à pleine dents.
Animal Triste l’injecte en pleine nuit, leur reprise est une balade de trois minutes accompagnée de basse nerveuse, de tension qui plane et du désir qui s’aiguise note après note. Puis Marina Hands entre, voix fauve, brûlante, entre The Kills et Marianne Faithfull. Elle hante parfaitement cette incandescence.
Là où Edwyn Collins suggérait l’élégance, Animal Triste installe le danger. Le duo devient un face-à-face troublant, moite, débordant d’une pop en clair-obscur.
Le clip, volontairement dépouillé, peuplé de silhouettes fantomatiques, suit le rythme lentement, misant tout sur la tension qui monte crescendo.
Cette reprise s’inscrit dans la continuité d’un groupe qui creuse son sillon sans jamais baisser les yeux. On retrouve ce rock intranquille, affûté, héritier du Gun Club, de Nick Cave ou des Black Angels, un rock qui refuse les compromis et assume la nuit. Il faut dire qu’Animal Triste sait s’entourer d’Alain Johannes en passant par Peter Hayes, et Marina Hands qui apporte ici une voix et une présence captivante.
