[Chronique] ZËRO – « Never Ending Rodeo »

Chevauchée sonore infinie. Tel le mouvement contemporain d’une fresque explorant les sensations galopant sur nos convictions boiteuses, le son d’une mise en abyme sans fin pourrait prendre corps et âme dans le nouvel opus de Zëro intitulé « Never Ending Rodeo ».

Dans cet esprit de liberté qui les caractérise et plutôt que de répondre aux lois du marché, considérons la possibilité que le combo lyonnais nous livre une critique, ex-voto, du monde et de ses luttes intestines incessantes. 9 titres qui nous happent, nous malmènent et nous emportent dès ses premières secondes, nous plaçant au centre de l’arène au milieu de poussière sonore, de cordes tournoyant comme des lassos électriques, de pulsations qui cognent comme des sabots dans la nuit.

Sauvage. Chaque morceau surgit, tantôt furieux, tantôt hypnotique. Les rythmes se cabrent, les textures se frottent, les énergies s’entrechoquent. On croit reconnaître l’ombre d’un post-punk expérimental, une réminiscence new wave… propre à une cavalcade qui n’appartient qu’à Zëro.

Un rodéo de sons et de sensations. La force de Never Ending Rodeo réside dans cette alternance : des morceaux courts, tendus, nerveux, comme des décharges de fièvre ; des fresques plus longues, lentes et obsédantes, qui étirent le temps et nous plongent dans une transe cinématographique ; des respirations plus sombres, presque contemplatives, héritées des lectures musicales que le groupe a partagées avec Virginie Despentes, Béatrice Dalle et Casey.

À chaque détour, la matière sonore se transforme. Le chaos devient cohérence, le vacarme se mue en paysage.

Enregistrer cet album « presque live » n’était pas un hasard. ZERO a toujours fonctionné comme un organisme vivant. Never Ending Rodeo condense cette énergie brute, ramassée, directe. On sent la sueur du studio, la nervosité de la scène, la complicité forgée par plus de vingt ans d’aventures communes.

Never Ending Rodeo : un disque qui se vit comme une chevauchée nocturne. Montez, laissez-vous emporter, et voyez jusqu’où vous tiendra cette cavalcade sonore…