ATR!UM que nous suivons (d’une oreille curieuse) depuis ses débuts embryonnaires dans une sorte de collectif à géométrie variable jusqu’à aujourd’hui dans sa forme la plus aboutie et la plus excitante.
Après plusieurs changements de line-up, le combo regroupe à présent Sadbh (chanteuse lead), Jeanne (chanteuse lead), Alexis (batteur et choriste), Elie (bassiste et choriste) et Marie (guitariste acoustique et choriste). Ces 5 protagonistes nourrissent ensemble une réelle histoire musicale et militante et viennent avec « Watery Grave » de livrer un premier album audacieux, où le folk rock progressif s’embrase au contact de textes fulgurants.
Porté par les deux voix complémentaires de Sadbh et Jeanne, le quintet rennais transforme la “safe place” d’où il est né en un véritable espace d’empouvoirement sonore, un lieu où la colère se chante, où les consciences se réveillent, où la passion, l’émotion et le politique s’enlacent sans jamais perdre en intensité.
S’appuyant sur l’écriture remarquable de Brid Ni Chonghaile, ATR!UM tisse un fil narratif fait de drames, de violences, de crises écologiques et d’espérances tenaces. L’album s’ouvre et se clôt sur une prière à la Morrigan « My Prayer I & II », comme deux respirations sacrées qui encadrent un disque habité. Entre ces deux portes, Watery Grave se déploie en un chapelet de récits : l’esclavage et la domination occidentale (Cargo), les tombes du Svalbard emportées par le dégel « Coffin Fish », l’ombre d’Epstein et les impunités des puissants « Operation Scumbag », la pandémie et ses incohérences collectives « I Can See the Stars ».
Musicalement, le groupe frappe par sa cohésion : la batterie précise et lourde d’Alexis, la basse virtuose d’Élie, la folk ciselée et magnétique de Marie, et surtout ces moments de chœur à cinq voix qui dressent la colonne vertébrale émotionnelle de l’album. Dans le monumental Broken Dolls, véritable catharsis de huit minutes sur les féminicides, ATR!UM dévoile toute sa puissance, entre montée progressive, tension rock et incandescence vocale.
« Watery Grave » est un album aussi déroutant qu’il est captivant, non seulement par son côté militant, mais aussi par cette puissance émotionnelle collective.
Un premier disque d’une maturité stupéfiante qui dévoile ATR!UM comme l’une des formations les plus engagées de la scène rennaise actuelle. Une œuvre à écouter volume à fond autant qu’à méditer collectivement.


