CAMILLA SPARKSSS « BRUTAL » : LOIN DE L’HOMÉOSTASIE

Tout comme Blondie n’est pas Deborah Harry, Camilla Sparksss n’est pas Barbara Lehnhoff. Enfin presque. Originaire de Kenora dans l’Ontario, la nouvelle princesse de la musique électronique dark expérimentale a délaissé pour un temps son side-project noise-rock Peter Kernel pour sortir « Brutal », album personnel s’il en est, intense et sombre. « Brutal » est un album des polarités, empreint d’oscillations émotionnelles, distant de l’homéostasie. Entretien avec Barbara Lehnhoff.

Barbara, tu viens de sortir ton nouvel album « Brutal » qui fait suite à « For You The Wild » en 2014. Quelle est ta motivation pour revenir au projet Camilla Sparksss ?
Je prévoyais de sortir un nouvel album de Camilla Sparksss en 2016, mais nous avons fini par publier l’album de Peter Kernel (NDLR : avec le groupe, ce qui a retardé les choses. Ensuite, j’ai eu des changements majeurs dans ma vie et j’ai décidé que le temps était venu pour un nouvel album de Camilla Sparksss et de le sortir par moi-même.

Camilla Sparksss me rappelle le groupe Sparks des frangins Ron & Russell Mael ? Qu’est-ce que cela t’évoque exactement ?
Je vais devoir googleliser ça.

Comment se sont déroulées les sessions d’enregistrement avec Aris Bassetti, ton compagnon sur scène et dans la vie ?
Aris et moi avons rompu juste avant de commencer à travailler ensemble sur les enregistrements. Nous étions partenaires (mais jamais mariés) depuis douze ans. Les enregistrements se sont néanmoins bien déroulés, bien que l’album parle principalement de ce que je ressentais à cette époque, mais cela ne semblait pas vraiment déranger Aris. Cela peut paraître surprenant, mais je suppose que la vie est pleine de surprises.

D’un point de vue artistique et musical, le son électro noise de « Brutal » semble loin de l’univers de Peter Kernel, l’autre groupe dans lequel tu joues. Tu sembles très à l’aise avec cela. Jusqu’où voudrais-tu aller dans tes expériences musicales ?
Je vais aller au paradis puis en enfer. Et après cela, je pourrais aller dans le Minnesota. L’un des aspects de Camilla Sparksss qui me plaît le plus, c’est que c’est un projet totalement gratuit. Je ne me sens pas obligée d’utiliser uniquement certains instruments ou genres.

Dans ton album « Brutal », cela donne l’impression que tu essayes, à travers ta musique, de faire réagir les gens et de provoquer des émotions. Pour moi, « Are you ok ? » est magique, « Psycho Lover » est enjoué et « Walt Deathney » est angoissant … Quels sentiments voudrais-tu que le public éprouve en écoutant « Brutal » ?
Je ne veux pas « imposer » des sentiments avec ma musique. Pour moi, c’est un moyen d’expression et j’espère que cela inspirera les gens à ressentir ce qu’ils ressentent dans le moment présent.

Avant de te voir sur scène, j’imaginais que tu resterais statique devant tes claviers et ta platine vinyle. Au contraire, j’ai réalisé lors de ton concert à La Carène à Brest qu’il y avait une énorme dimension physique, sans laquelle le concert ne serait pas le même…
Oui, j’adore jouer en live. J’aime la sueur que génère la musique. Et j’ai un background rock’n’roll.

Sur la pochette du disque, tu apparais avec un « visage froid », les yeux partiellement masqués par une mèche de cheveux et uniquement vêtue d’un manteau zébré. Tu ressembles à un animal effrayé que l’on observerait derrière une cage ! Cette photo a été prise par le photographe plasticien Roger Weiss, qui travaille sur la transformation du corps féminin par image. Comment et pourquoi as-tu choisi de collaborer avec lui ?
Roger est un ami. Son travail personnel porte sur la transformation du corps féminin et c’est incroyable ! Il travaille aussi depuis plusieurs années pour la mode à Milan. Dans le passé, j’ai toujours choisi de travailler avec une imagerie très punk. C’est mon style dans les photos et les vidéos que je fais. A l’époque de la sortie de « Brutal », j’étais dans un moment de ma vie où tout changeait très rapidement et, que j’aime cette évolution ou non, je devais y faire face. Pour ne pas devenir folle (parce que je déteste quand je n’obtiens pas ce que je veux), j’ai choisi d’adhérer à l’idée de changer et de casser tout ce qui me permettait de me sentir en sécurité. Quitter ma zone de confort. Alors j’ai appelé Roger.

Tu viens de participer au projet choral « Les Karen Sheriff » à Brest. Comment s’est passée l’immersion au sein de l’équipe de La Carène ? Que peux-tu nous dire de cette expérience ?
C’était super ! Au début, j’étais très nerveuse… Je me demandais pourquoi ils m’appelaient pour diriger une chorale ? Je n’ai jamais étudié la musique ou le chant… Alors je me suis dit que c’était probablement pour ça. Et ce fut une expérience merveilleuse. Quand j’ai rencontré tout le monde, j’avais exactement le même sentiment que le premier jour de l’école. Je me souviens de m’être dit « Mais comment vais-je me souvenir de tous leurs noms !?! ». Mais ensuite, je les ai tous connus individuellement et nous nous sommes beaucoup amusés ensemble. L’expérience m’a rappelé combien il est agréable d’essayer de nouvelles choses et de trouver de nouvelles solutions.

Danse, corps et expression théâtrale, pratiques-tu ces activités ?
Je suis très instinctive. Je ne pratique pas tellement les choses.

Qu’est-ce que Lust for Live pourrait te souhaiter pour l’avenir ?
J’espère juste pouvoir continuer à tourner pendant un moment. Peut-être reviendrons-nous bientôt en Bretagne…

 

Alechinsky.


Concerts à venir :
02.11.2019 – La Ferronerie – Pau FR
06.11.2019 – Bule Cafe – Lille FR
07.11.2019 – Petit Bain – Paris FR
09.11.2019 – Le Lac – Brussels BE
14.11.2019 – Le Lieu – Reims FR
15.11.2019 – La Lune Des Pirates – Amiens FR
16.11.2019 – CEM – Le Havre FR
22.11.2019 – La Posa – Porlezza IT

Photos de Camilla Sparksss @La Carène (Brest) ©Claude Le Flohic et ©Stéphane Perraux