Belle Phoenix & The Subterranean Sea “The Glorious Dead”

Belle Phoenix nous arrive de Finlande avec son band formé autour des esprits fertiles du meilleur du rock, accolé à la sensibilité d’une âme à la voix de braise. Elle dévoile enfin son premier album “The Glorious Dead” qui vient de paraître chez nos amis du label Beast Records.
À la croisée d’un rock puissant et d’un glam sombre et langoureux, clair-obscur d’un rouge sang déroutant, holisme sans âge d’un macrocosme qui s’impose à nous presque instinctivement. Il y a là un contraste nouveau, une mutation vertigineuse où sens humain et surnaturel s’entremêle. Comment une telle splendeur n’aurait-elle pas pu s’ouvrir à nous, jour et nuit !?
Belle aura sillonné l’Australie, New York et le Royaume-Uni pour trouver l’ensemble des matières nécessaires, pour nous conter ces histoires pas si ordinaires. De cette dérive il y avait largement à écrire et encore plus à chanter… À grands coups de riffs rageurs et de chants envoûtants, nous voilà conquis.
Mais notre curiosité étant piquée au vif nous voulions en savoir encore plus… Belle Phoenix accepte alors de nous raconter son cheminement et les secrets de l’élaboration de “The Glorious Dead”…

1. Tu fais de la musique depuis longtemps pourtant tu ne sors ton 1er album que maintenant (qui s’avère être très bon). Comment t’es venu le déclic, le déclencheur ?
Belle Phoenix and The Subterranean Sea a justement, été nommé d’après la façon dont les chansons tirent leurs origines du surréel et du subconscient ainsi que du processus alchimique de la réalisation de soi. Je suis sensible à l’atmosphère et à mon environnement, j’aime étendre mes tentacules sur le monde et en ramener ses bénéfices. C’est comme avoir une sorte d’antenne psychique qui capte les sons qui restent en suspens dans l’air ou cette expérience spirituelle, des papillons qui apparaissent et que je capture. De plus, je lisais énormément d’articles sur toutes sortes d’atrocités qui arrivent dans le monde, comme la crise financière et les guerres qui ont lieu, ou la corruption des grandes entreprises de la technologie. J’expérimentais avec la méditation, les traditions des Indiens d’Amérique et le chamanisme en campant dans une réserve du désert du Nevada. Ma naïveté a fait abstraction des scorpions aux alentours, et je dormais sur une simple couette sous la nuit étoilée quand « Maker of the Man » m’est apparue au beau milieu d’un rêve. « Dead inside ! » était une réponse à la question d’un ami et en un instant la chanson entière était là. « Livin’ Life Blues » et « The Glorious Dead » sont nés comme après une période de gestation de quelques semaines, une expérience cathartique plutôt mystérieuse elle aussi, et majoritairement inspirée par les coûts de la vie, les effets de la guerre sur les enfants et les « fake news ». « The Devil’s Son » a émergé dans un autobus Greyhound passant le long des champs de coton de Sacramento (aux États-Unis). Il y avait à bord un de ces vieux autoradios qui annonçait une nouvelle fusillade mortelle dans la zone. « The Devil’s Son » m’a pénétré comme la possession d’un esprit du Old Blues et a été exorcisé par le même type d’esprit à Melbourne en Australie dans le petit studio d’un de mes amis Andrew McCubbin avec Julitha Ryan au violoncelle (du groupe de Mick Harvey), le violon par Lethesflood WI, Osker Bickford à la guitare (Brian Henry Hooper), Tim O’Shannassy aux percussions (Paradise Motel/Penny Ikinger/ Brian Henry Hooper). La chanson démarrait avec une vieille guitare acoustique et un violoncelle et une autre version plus minimaliste du blues gothique sortira plus tard. Les autres chansons ont été enregistrées avec Mark Plati à New York. Plati a travaillé avec Lou Reed, The Cure et Bowie, toutes ces personnes avec lesquelles je peux trouver un esprit de camaraderie, un son similaire à ce qui était dans ma tête. J’ai toujours été une musicienne qui se tapissait dans l’ombre et j’appréciais ça, seulement comme de plus en plus de monde demandait à entendre ma musique, je suppose que cela m’a « poussée » à considérer l’offre de Beast Records (en France) et de Spooky Records (en Australie) pour sortir ces chansons cachées.

Tu peux nous raconter dans quelles conditions vous l’avez enregistré ?
La spontanéité et la profondeur de notre formation live a été capturée, pour la plupart des morceaux, dans une grande pièce avec des micros disposés dans les quatre coins en hommage aux premières méthodes d’enregistrement que je persévère à atteindre. « The Devil’s Son » était plus ” lo-fi “, enregistré avec près de 7 micros différents placés devant moi dans un box, puis on a également utilisé un micro et un type d’enregistrement plus classique. Le digital a de bons aspects, cependant, je préfère toujours rester fidèle aux méthodes traditionnelles qui sont plus chronophages, et qui demandent bien plus de patience et d’énergie. Le jour où l’on a enregistré « Dead Inside ! » j’avais ce qu’on appelle une « super grippe » ce qui m’a provoqué des saignements de nez, donc je pense qu’on peut dire que les conditions auraient pu être plus propices, mais c’est ainsi. J’étais dans un canapé dans un hôtel à bas prix dans East Village et j’interrogeais des sans-abris comme si j’étais une sorte de journaliste. Il y avait alors une femme qui essayait de nourrir ses deux enfants, c’était assez triste et ça m’a plus tard inspiré le morceau « New York City » qui a été mon premier essai en autoproduction et a été enregistré dans le studio Alberts Music (AC/DC) à Sidney.

L’atmosphère hyper percutante de tes chansons possède un côté très instantané comme pris sur le vif. Mais il s’agit aussi d’un album très produit avec beaucoup d’arrangements et de subtilités. Qui s’est chargé de la production?
Et bien, la musique est définitivement le reflet du monde et de la vie qui l’anime. Mark Plati a gardé les démos originales intactes afin que les arrangements ne soient pas chamboulés. Les démos ont été enregistrées dans ma chambre avec une guitare et un synthé bon marché, par mes soins. Lindsay Gravina (Rowland S Howard/JP Shilo) du Studio Birdland de Melbourne,  Loki Lockwood s’est occupé du mastering sur vinyl, Andrew McCubbin a fait le premier mix de « The Devil’s Son », Peter Bee de Melodic Music a commencé tout le processus en me contactant pour me demander si je voulais enregistrer après que j’eus essayé de quitter la musique.

Ça a été une collaboration de groupe à plusieurs niveaux. Puis il y a eu « Those Days Are Gone… », en gros une partie d’entre nous comprenant Bickford et Joseph Dwyer de The Morning After Girls nous sommes mis dans une pièce et nous sommes lancés dans l’aventure de la musique au Studio Hothouse. « Those Days Are Gone… » a été envoyé à la base à Mick Harvey (Bad Seeds) pour la production, mais il était trop occupé, ce qui m’a contraint à m’y atteler moi-même, ce qui a été une bonne chose au final. Mick avait suggéré Tim O’Shannassy pour les percussions et j’étais tout à fait en accord avec ça.

Ton univers m’évoque PJ Harvey, Kim Gordon ou encore Joan Jett,  icônes rock au féminin, mais il y a un côté très masculin à la Spencer P. Jones. Quels sont les artistes qui t’ont fait tomber dans le rock, tes maîtres, tes influences ?
Il y en a tellement, Sonic Youth fait partie de mes préférés, PJ Harvey pour les jeunes années, j’ai fait des covers de Joan Jett quand j’étais gamine, Spencer P Jones était un fantastique musicien et un homme très honnête dans la musique, nous avons trinqué ensemble alors je suppose que c’est un héros, Neil Young, Rowland S Howard, Brian Henry Hooper, Velvet Underground, The Birthday Party, The Stooges (pour lesquels je ressens une profonde affinité) et bien sûr Bowie. Je me sens principalement plus masculine dans la façon dont je pense et ressens la musique. Quand une chanson frappe à la porte de ma psyché, habituellement, je vois et entends une figure masculine chantant accompagnée des instruments. Puis, je dois rendre grâce à cette chanson en tentant de traduire cette voix par ma voix de femme ce qui peut porter à confusion.

Tu dévoiles ton premier single “Dead Inside”. Un titre qui met notre optimisme à rude épreuve ! Pourquoi avoir choisi celui-ci pour le lancement de ton album ?
Et bien, c’était le choix de BEAST RECORDS. Beaucoup de personnes aiment vraiment ce morceau, l’énergie qui s’en dégage tirée de la comédie noire et du Horror Rock. Je pense que cela correspond bien aux temps que l’on vit, avec toutes ces activités en intérieurs que l’on est contraints d’entreprendre… Manger de la glace devant l’ordinateur et confinements à tout va, ça colle bien. On en ressent presque un ton optimiste sur lequel on peut danser : une sorte de Horror Disco finalement !

Tes chansons parlent du quotidien, de sentiment et de politique (pas forcément correcte). Tu cherches à remettre tes auditeurs en mouvement (danser) mais aussi à les sortir d’une certaine forme d’apathie ?
J’apprécie vraiment la comédie noire, peut-être parce que je suis en partie Finlandaise. J’ai étudié le journalisme donc il y a une partie très sérieuse dans mes paroles et une dénonciation de la sphère politique qui semble être entrée dans un monde étrange qui perdrait sa démocratie. Je pense que moi aussi j’adore pouvoir danser sur toute musique, mais plus dans le sens où les chansons en elles-mêmes me parlent.

Tu termines par une balade “Maker of the Man”. Elle semble faire le parallèle entre “The Devils Son” et “Blossom of Love”. Je me trompe?
Oh, c’est très intéressant que vous souleviez ce point, peut-être êtes-vous très perspicace ! « Blossom of Love » était un moment où je rêvassais de romance, de vacances sur une plage du type France ou Italie, mais je traversais alors une période délicate et je suppose que c’est ce qui a donné cette touche gothique, des vacances gâchées par le mauvais temps, un cocktail d’illusion tropicale sombre. « Maker of The Man » vient plus d’une sorte de voyage chamanique et avait plus une sorte d’énergie mystique l’accompagnant, comme une sorcière marcherait à travers une forêt sombre sous une lune rouge sang avec toutes sortes de rituels et sacrifices.

8. Pour toi demain, comment imagines-tu la vie ?
Pour le moment, je travaille sur de nouveaux morceaux, il y en a au moins 3 en préparation. J’espère les finir dans les deux années à venir, si la Covid le permet.


You’ve been playing music for a long time yet you’re only releasing your 1st album now (which is a very good one). How did you get the trigger tostart this album ?
Belle Phoenix and The Subterranean Sea was appropriately named for the way in which songs are spawned from the surreal and subconscience realms an the alchemical process of self realisation. I am sensitive to the atmosphere and my environment and like to stretch out my tentacles into the world and bring back it’s gifts. It could be likened to having a psychic, antenna that picks up songs floating in the air or that magical experience of butterflies appearing and then captured. Also, I was reading a lot of journalism about various atrocities happening in the world such as GFC and the wars going on, corruption of huge tech companies. I was experimenting with meditation and American Indian traditions and shamanism, camping on a reservation in the Nevada desert. I was naive to the scorpions around and only slept on a blanket under the stars when Maker Of The Man appeared in a dream. Dead Inside! was the answer to a friends question and in that moment the whole song was there. Livin’ Life Blues and The Glorious Dead were like a birthing that happened over a period of a week, a cathartic experience and quite a mysterious one too, and mostly inspired by the high cost of living and the war on children and fake news. The Devil’s Son emerged on a greyhound bus passing the cotton fields of Sacramento US. There was this crackling speaker that announced a fatal shooting in the area. The Devil’s Son came into me like a possession of an old blues soul and it was exorcised with kindred spirits in Melbourne Australia, at a backyard studio of my friends Andrew McCubbin. Julitha Ryan cello (Mick Harvey Band), violin by Lethesflood WI, Osker Bickford guitar (Brian Henry Hooper), Tim O’Shannassy drums (Paradise Motel/Penny Ikinger/ Brian Henry Hooper). The song started with myself on a beat up old acoutstic guitar and cello and this minimal gothic blues version will be released in the future. The other songs were recorded with Mark Plati in New York. Plati had worked with Lou Reed, The Cure and Bowie, all those people I can find a camaraderie with, a similar sound to what was in my imagination. I was always a musician who lurked in the shadows and i liked it there but more and more people wanted the music so I guess it forced me to take Beast Records (FR) and Spooky Records (AU) up on their offer to release the hidden songs.

Can you tell us in which conditions you recorded it ?
The spontaneous, full, live band was captured on most of the songs in a large room with microphones placed around the room in tribute to the original way of of recording which I am always aiming for.  The Devil’s Son was more lofi, recorded with about 7 different mics in front of me in a small room and then we used a normal recording mic as well. Digital is good for some things but my preference is always to remain true to the original ways of recording which can sometimes take much longer and require much more patience and energy. On the day of recording Dead Inside! I had what was called The Super Flu and it caused a blood nose, so I guess the conditions could have been better but that’s how it went. I was on couches and staying in a budget hostel in East Village and interviewing the homeless as if I was some kind of journalist. There was a woman trying to feed her two kids, it was pretty sad and it later inspired song New York City which was my first attempt at self-production and it was recorded in Sydney’s Alberts Music Studio (AC/DC).

3. The hyper-percussive atmosphere of your songs has a very instantaneous side, as if taken from life. But it is also a very produced album with a lot of arrangements and subtleties. Who took care of the production?
Well, the music is definately a reflection of the world and life in it. Mark Plati kept the original demos in tact so the arrangements were’nt messed with. The demos were recorded on a cheap synth and guitars by myself in my bedroom. Lindsay Gravina (Rowland S Howard/JP Shilo) of Birdland Studio Melbourne, Loki Lockwood took care of the mastering for vinyl, Andrew McCubbin did the first mix to The Devil’s Son, Peter Bee at Melodic music started the whole process by reaching out and asking if I wanted to record after I had tried to quit music.

It was a group collaboration on many levels. Then there was Those Days Are Gone…, basically a group of us including Bickford and Joseph Dwyer from The Morning After Girls got in a room and took the journey of the song at Hothouse Studio. Those Days Are Gone… was originally sent to Mick Harvey (Bad Seeds) to produce but Mick was too busy so I was forced to confront it myself which was in the end a good idea, but Mick had suggested Tim O’Shannassy on drums and that was how I felt too.

Your universe reminds me of PJ Harvey, Kim Gordon or Joan Jett, feminine rock icons, but there is a very masculine side to Spencer P. Jones. Who are the artists who made you fall into rock, your masters, your influences?
There are so many, Sonic Youth are one of my favourites, PJ Harvey early years, I did Joan Jett covers when I was a kid, Spencer P Jones was a really amazing musician and a very honest man in music, we drank together so I guess he’s a hero, Neil Young, Rowland S Howard, Brian Henry Hooper, Velvet Underground, The Birthday Party, The Stooges – I feel a kinship there and of course Bowie. Mostly I feel more masculine in the way I think and feel about music. When a song knocks on the door of my psyche, I normally see and hear a male figure singing the song along with the instrumentation. Then, I have to honour that song by somehow translating that voice into my female voice which can get confusing.

You unveil your first single “Dead Inside”. A title that puts our optimism to the test! Why did you choose this one to introduce your album?
Well, that was BEAST RECORDS choice. A lot of people really love the song, the dark comedy and the Rock Horror energy of it. I guess it suits the times with all the indoor activities we been going through… Eating ice-cream in front of the computer and lockdowns everywhere, it makes sense. I guess it has an upbeat energy you can dance to – We could call it a Horror Disco!

Your songs are about everyday life, sentiment and politics (not necessarily correct). Are you looking to get your listeners moving (dancing) but also to get them out of a certain form of apathy?
I really enjoy dark comedy, I guess it’s because I am part Finn. I studied journalism so there is a seriousness to the lyric and delivery of the political sphere that seems to have gone into some strange world in what seems like  world losing its democracy. I think I love to be able to dance to music myself but it’s more about how the songs themselves speak to me.

You end with a “Maker of the Man” song. It seems to draw the parallel between “The Devils Son” and “Blossom of Love”. Am I wrong?
Oh that’s interesting you should say that, perhaps your perception is very good! – Blossom Of Love was a daydreaming of romance, summer beach holidays in places like France and Italy but I had been through a challenging time and I guess that gave it the gothic flavour, a holiday that got wrecked by bad weather a cocktail of Dark Tropical Illusion. Maker Of The Man was more of a shamanic journey for me and had a kind of mystical energy to it, like a witch walking through a dark forest under a blood red moon with her rituals and sacrifices.

For you tomorrow, how do you imagine your life?
At the moment I am working on some new songs, at least three more albums in the furnace, I hope to finish these within’ the next two years, covid permitting.

Belle Phoenix & The Subterranean Sea “The Glorious Dead”

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Stef’Arzak

Traduction Lucas Perraux et relecture Laurence Joly (Lolo)
Merci à Catherine Rué.

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