« Birthmarks », le quatrième opus du fabuleux groupe américain de post-punk Bambara, sorti le 14 mars, c’est une sorte de road movie sonore, ou plutôt un road trip halluciné à travers des paysages désolés, où errent des esprits tourmentés en quête de rédemption. Avec son mélange de post-punk viscéral, de western gothique et de poésie sombre, le trio basé à Brooklyn impose ici une œuvre brûlante et immersive, pleine de rage et de mélancolie.
Bambara nous chante un long récit hanté par une Amérique fantasmée. L’écriture de Reid Bateh s’apparente à un roman noir, peuplé de personnages damnés, de bars crasseux et de nuits sans fin. Chaque morceau de cet album ressemble à une scène cinématographique, pas très loin des visions crépusculaires de David Lynch ou de l’âpreté des romans de Cormac McCarthy.
Produit par Graham Sutton, connu pour son travail avec Jarvis Cocker et British Sea Power, « Birthmarks » offre une atmosphère sombre et immersive avec une vraie richesse narrative. Les titres phares « Hiss« , « Letters From Sing Sing » ou encore « Dive Shrine » nous plongent dans le grand bain d’un univers sombre et envoûtant, porté par la voix charismatique de Reid Bateh.
Un son organique, une tension permanente. Si l’atmosphère de l’album évoque les ballades hantées de Nick Cave ou la tension poisseuse de The Birthday Party, la musique, elle, est plus physique, plus viscérale. Bambara construit un mur du son dense et hypnotique, porté par une section rythmique implacable et des guitares réverbérées qui semblent surgir des tréfonds du désert.
Là où certains groupes de post-punk cultivent la froideur, Bambara injecte du sang, de la sueur et de la poussière dans ses compositions. La voix de Bateh, tantôt déclamée, tantôt hurlée, renforce ce sentiment d’urgence, donnant l’impression d’un prédicateur hanté récitant ses derniers sermons avant la fin du monde.
Une œuvre charnière pour Bambara. Avec « Birthmarks », Bambara ne se contente pas de suivre la vague post-punk actuelle. Il s’émancipe, affine son style et impose une véritable signature sonore. Plus structuré que ses prédécesseurs, l’album parvient à équilibrer chaos et mélodie, tout en conservant cette tension brute et électrique qui fait la force du groupe.
Si cet album était un film, ce serait un western sous acide, un paysage brûlé par le soleil où chaque ombre raconte une tragédie. Si c’était un livre, ce serait un polar poétique où l’on sait que la fin sera fatale, mais où l’on plonge quand même, hypnotisé par la beauté du chaos.
Un chef-d’œuvre noir et définitivement incandescent. « Birthmarks » est une chevauchée hypnotique et viscérale, un disque qui s’écoute comme on traverse une nuit fiévreuse, entre hallucination et réalité. C’est un album captivant qui marque au fer rouge le rock contemporain, une œuvre qui laisse des cicatrices.
BAMBARA EN CONCERT EN FRANCE
16.04 – Nantes – Stereolux
17.04 – Bourges – Le Printemps de Bourges
14.05 – Reims – La Cartonnerie
15.05 – Paris – La Maroquinerie
Photo de couv. Carrie Brautigam