Il y a des nuits où aucune lumière ne transperce le voile nocturne de la ville. Il y a des soirs où tu découvres enfin un astre qui va éclairer tes prochaines lunes. Le groupe CELESTE est là.
Hiver 2022 ( le 28 janvier pour être précis ) le nouvel album, Assassine(s) du groupe métal originaire de Lyon est dans les bacs de tous les disquaires de la croix rousse et du monde entier. Bénéficiant d’une distribution via Nuclear Blast Records sous tous les formats : CD, Vinyle, Digitale. Cet opus pose une nouvelle pierre à l’édifice du groupe qui se construit tranquillement mais surement depuis 2005. Les albums précédents et le 1er EP annonçaient déjà la couleur ( sombre ) et la puissance du quatuor, composé de Johan Girardeau ( chant basse ), Sébastien Ducotté ( guitare ), Antoine Royer ( batterie ) et Guillaume Rieth ( guitare ). Mais cette fois-ci la pierre est importante par la taille et la qualité.
» Ses joues jadis tavelées de rousseurs
S’embrasent au rythme du battement de ses cils lestés
Tirant désormais sur le pourpre douleur
Témoin infâme de ces vies à jamais ruinées
Mais elle se dit, abattue, que s’il faut mourir d’amour
Autant se renier, s’éteindre, s’abandonner
Oublier et épouser sa haine »
Extrait du titre « Des torrents de coups » – Johan Girardeau
Poésies aux rythmes des blasts
Le groupe se distingue encore une fois par une production simple et efficace. Attention rien de simpliste, dans l’écriture, la construction et l’arrangement des morceaux. Nous avons ici, une réelle créativité, qui se manifeste par la puissance dévastatrice des titres présents dans Assassine(s)s. La créativité est évocatrice du talent des musiciens et leurs implications à construire une musique digne d’intérêt. Les 8 pistes de la galette, laissent l’auditeur dans un état brut et sans demi-mesure. Au fil des rythmes, riff et chant, nous n’avons pas d’autres choix que de côtoyer des émotions (noir) sans artifices et l’éminence (grise) des titres comme » Des Torrents de coups » ou le magnifique » (A) » frappent fort et juste. Rien de choquant ni de heurtant dans les thématiques abordées à travers leurs albums : Morte(s) née(s) sorti en 2010 ou Infidèle(s) en 2017. Rien de plus que notre humanité et les moments que nous considérons comme sombre, violent, difficile ou encore amer.
La musique est toujours présente avec nous.
Il y a de la beauté dans l’obscurité
Et je ne peux m’empêcher de faire le parallèle avec le titre De la sauvagerie dans l’art. de Lionel Soulchildren en featuring « Lucio Bukowski » (lui aussi de Lyon). Qui dans un autre style musical bien évidemment, mais au final pourvu d’un même talent pour la brutalité, explique mieux que moi cette impression : » La musique celle que je fréquente, c’est une musique qui affine l’âme je dirais. Et moi je la considère comme une émanation poétique de la vie ».
CELESTE nous donnes une partie de cette beauté, à travers la poésie des paroles d’un côté, la musique extrême de l’autre. L’ensemble musical associé à un esthétisme épuré, noir et blanc, qui participe à la reconnaissance du groupe sur la scène métal hexagonale et mondiale. L’utilisation de la photographie comme médium constant depuis le début de leurs discographie. Affirme les contours d’une œuvre noir, belle et identifiable à la fois.
Au pays Baudelaire et Rimbaud, les textes de Johan Girardeau sont un plaisir pour le fan de musique extrême que je suis. Aucun chauvinisme , encore moins de nationalisme de ma part, la musique n’a pas de frontière. Les émotions non plus, car la souffrance se traduit dans toutes les langues par le cri. Heureux d’entendre simplement de la musique extrême dans la langue d’origine du groupe. C’est un germe musical de plus en plus important, qui contribue à l’affirmation de soi-même – donc de son identité – dans un monde en évolution culturelle permanente.
Dans un article précédent, j’évoquais le renouveau des pochettes dans métal depuis quelques années. Le groupe CELESTE confirme encore une fois cette idée de l’existence d’une maturité artistique dans la conception d’une œuvre autant picturale que musicale. Maturité présente de nos jours dans le genre musical extrême qu’est le Black Métal , Post Hard Core ou le métal simplement ( =_= la France est ses cases musicales ! ). Au final encore une fois, CELESTE nous offre un artwork absolument magnifique, d’une beauté emprunt de fragilité complétement renversante. Les images sont de la photographe Mira Nedyalkova. Son travail en général fait référence à la mélancolie et la mort. La présence de l’eau dans ses compositions est aussi une allusion au peintre britannique John Everett Millais qui a réalisé le tableau Ophélie. Parallèle que nous pouvons aussi retrouver dans le film « Melancholia » de Lars Von Trier avec Kirsten Dunst (soupir).
L’album dans la version physique permet à mon sens un retour à l’essentiel pour les auditeurs : la musique.
Nous pouvons nous concentrer sur les compositions et apprécier les images dans une écoute absolue. Hormis les informations et crédits, les lyrics ne sont pas présents sur les supports. Mais à la place de magnifiques photos qui finissent d’orner le tableau. Oui, Assassine(s) est une toile musicale et iconographique. La tierce musique, production et direction artistique, font de ce nouvel album un chef-d’œuvre de la musique extrême.
Abaissez les paupières, écoutez et ouvrez votre âme. L’astre noir brille.
Ekimr
Merci à Johan Girardeau pour l’autorisation et la diffusion des images.
Cet article est dédié à Kirtsen Dunst ( re-soupir )
Illustration / aquarelle et calligraphie : Mike Rouault
Site Officiel : https://celesteband.com/
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