“A very Chilly Christmas” de Chilly Gonzales. La leçon de Piano.

Une douceur incomparable pour un album de circonstance.
Of course, Mariah Carey, Destiny’s Child, B. B. King, Phil Spector et les Ronettes. Of course, Sinatra et Sufjan Stevens. En cette période de Fêtes, il est de bon ton pour tout interprète qui se respecte de pousser la chansonnette. Ceci afin de louer les services du bon gros barbu (pas Dieu, l’autre…) et/ou d’obtenir de confortables revenus.
L’exercice est connu et, en fonction de l’artiste, connait des prédispositions plus ou moins heureuses. Mais, en période de solstice, certaines exceptions se glissent dans les interstices.

C’est le cas de ce superbe “A Very Chilly Christmas” où- le temps d’une écoute studieuse,  nous tutoyons les Anges, les satellites (of love) et chatouillons-en loucedé- de Santa Claus les doigts de pied !
Oyez! Ho Yeah!
Chilly Gonzalès revient, les bras chargés de cadeaux et la hotte pleine de reprises inattendues !
Que vous soyez dans votre appartement ou dans un chalet douillet en Laponie, sortez la peau de bête au pied de la cheminée et les flutes de champagne ! Lâchez les Rennes, le smoking du grand-père et la déco rococo. Calez vous dans votre canapé et savourez. Ici, tout n’est qu’hommage respectueux, voies détournées et volupté.
L’exercice s’avérait périlleux. Comment reprendre au piano des standard “de Noël” sans tomber dans la moquerie facile ou l’étalage pompeux digne d’un André Rieux ?
C’était mal connaitre Jason Charles Beck (de son vrai nom), cet Usen (dix mille) Bolt du clavier, compositeur de musiques de films, rappeur, showman et instrumentiste d’exception. Avec beaucoup d’humilité et de respect pour ces œuvres originales, notre Gonzo s’ingénie à “retourner” les mélodies et à en extraire la sève émotionnelle sans ironie aucune.

Vous trouvez “Last Christmas” sans relief ou “All i want for Christmas is You” formatée ? “O Silent Night” vous fait hérisser les poils dans le mauvais sens ? Penchez vous sur ces réorchestrations composées avec le cœur et suffisamment de malice pour que l’ensemble ne soit pas jugé trop “frontal”. Ou dénué de distance. L ‘impression d’avoir un Ami, invité de choix dans notre salon, jouant d’un air entendu ces ritournelles d’hiver et variées. Piano Bar et virtuosité. Recueillement. Douce chaleur du foyer.
J’avais pu voir l’Ami Canadien à “La Route du Rock”, fin 90, en compagnie de Peaches pour une prestation funk hilarante. Puis l’avais croisé, début 2002, dans les rayons d’une enseigne culturelle dans laquelle j’officiais. Parka “John Rambo”, cheveux en bataille et sourire en coin. A la cool. Je ne m’attendais pas à ce que ce marathonien (il détient toujours le record mondial du plus grand concert : 27 heures 33 minutes et 44 secondes pour 300 morceaux au piano !)  puisse se rapprocher, un jour du Père Noël.
Sorte de “Solo Piano” nimbé de mystère et doté de guests affolants (Feist, ex- Broken Social Scene & Jarvis Cocker, ex-Pulp), son nouvel opus (Pocus) émerveille dès ses premières mesures et se place immédiatement dans la bande-son idéale de cette fin d’Année.
” A very Chilly Christmas”, un bon Beck?
Mieux. Un Chilly incarné.

John Book.