[Live Report] The Waterboys – Cirque Royal Bruxelles

1983. The Waterboys, un premier album éponyme avec, aux manettes, Mike Scott, un génial écossais sorti de nulle part. Une de mes grandes claques musicales de mes jeunes années. A Girl Called Johnny, December, Gala… résonnent toujours comme à la première heure. Et, dans la foulée, A Pagan Place (1984) et sa Big Music, puis This Is The Sea (1985) et sa myriade de pépites. Une sacrée trilogie !

La rencontre de Mike avec Steve Wickam, le violoniste de Sunday Bloody Sunday de qui vous savez, l’a entraîné en Irlande vers un folk rock traditionnel. S’en est suivi Fisherman’s Blues (1988), un album incontournable devenu une référence, et Room To Roam (1990).

Par suite, un nombre considérable d’albums studio, de compilations et de « rarities » ont été édités. Mike Scott est très prolifique et il a produit nombre de morceaux magnifiques.

C’est un artiste unique, libre dans tous les sens du terme quand on se retourne sur un parcours de plus de quarante ans, avec pour fil conducteur l’idée de rebattre les cartes continuellement. Dans une interview en 2015, Mike déclarait que « des journalistes prévoyaient en 1985 que The Waterboys seraient le prochain groupe de stade, mais que c’était une vue de l’esprit, que The Waterboys n’avaient jamais voulu ça et qu’ils ne le seraient jamais devenus. Mike dit qu’il s’est toujours plus senti dans la lignée, solitaire, de ces chanteurs-compositeurs changeant constamment de direction, comme Bob Dylan, David Bowie, Neil Young ou The Beatles. J’ai grandi avec eux et ils changeaient à chaque album. J’ai toujours été dans ce fonctionnement. Je faisais en sorte que ma musique change à chaque album… »

La meilleure illustration de ses propos toujours d’actualité est le dernier opus sorti en avril 2025, Life, Death And Dennis Hooper, un double-album concept où il fait l’éloge de cet acteur tout à fait inclassable et libre artistiquement, comme Mike Scott peut l’être. Il nous renvoie dans les 70’s et à une certaine idée de l’Amérique à travers un hommage à Dennis Hooper et à sa vie hors des codes établis. Cet album est vraiment très surprenant, voire déroutant, à la première écoute. En persistant, on découvre son excellence. C’est une formidable mosaïque du savoir-faire de Mike et de sa totale liberté de création.

Le concert du Cirque Royal, c’était les retrouvailles, après plus de 13 ans et le dernier passage parisien au Bataclan en mai 2012. Un grand bonheur de retrouver Mike Scott, d’autant que la soirée se présentait au mieux avec une accréditation photo et, en bonus, un accès after show ! 

Bien que le line up ait été renouvelé à maintes reprises depuis les débuts, les musiciens de la tournée sont présents déjà depuis pas mal d’années, avec, pour accompagner Mike (guitare/chant), Paul Brown aka Brother Paul (claviers, depuis 2013), James Hallawell aka Famous James (claviers, 2010-2013, puis depuis 2021), Aongus Ralston (bass, depuis 2017) et Eamon Ferris (batterie, depuis 2021).

Le grand changement par rapport au Bataclan de 2012, c’est l’absence de Steve Wickam, le fantasque et génial violoniste qui était devenu un des marqueurs du groupe. Aujourd’hui, c’est Brother Paul qui se charge d’apporter une touche de folie et il officie à la perfection derrière ses keyboards.

On a eu droit à un concert de grande classe de plus de 2 heures, avec de l’énergie à foison. Du pur bonheur de revoir Mike sur scène avec sa voix si singulière, toujours aussi puissante et tranchante. Côté guitare, il n’a rien perdu de sa dextérité.

Une set list de 23 titres, avec, pour pièce centrale, Life, Death And Dennis Hooper dans un format original avec 11 morceaux en continu, ponctués d’anecdotes sur l’acteur où Mike fait montre de ses qualités de conteur. Le tout accompagné de projections en fond de scène qui nous transportent dans le Grand Ouest américain et le psychédélisme de l’époque. 

Pour encadrer ce « pavé Hooperien », on a eu droit aux incontournables du passé (5 avant et 7 après), avec pas moins de 7 titres extraits du chef-d’œuvre This Is the Sea, dont mes préférés Don’t Bang the Drum, This Is The Sea, The Pan Within et The Whole of the Moon. Pour mon plus grand plaisir, Fisherman’s Blues et A Girl Called Johnny étaient aussi de la partie. Des œuvres éventuellement réorchestrées, mais toujours aussi éclatantes !

Une soirée d’autant plus mémorable, qu’un ami, expert en Waterboys, et moi avions été conviés par Mike pour le rencontrer after show. Et comme un bonheur n’arrive jamais seul et que le hasard fait souvent bien les choses, le lendemain, nous avons à nouveau croisé notre écossais préféré chez un disquaire bruxellois. L’occasion pour lui de nous annoncer en avant-première que les Waterboys repartiront pour un tour exceptionnel en septembre 2026 pour une Fisherman’s Blues Revue avec, pour l’occasion, le retour de Steve Wickam, le légendaire violoniste et Steve Earle, en guest. On espère aussi la présence d’Anthony Thistlethwaite, membre d’origine des Waterboys et maître en solos de saxo. Ecoutez Old England sur This Is The Sea (encore !) pour vous en convaincre… En ce qui nous concerne, nous serons à Anvers le 11 septembre 2026.