Auteur connu et reconnu, Franck K., Franck Kafka donc, laisse derrière lui une œuvre monumentale. Un biopic à son image vient de sortir. Un film d’une noirceur absolue pour un hommage sans concession.
Franck K. a connu une vie tourmentée. À lire ses romans, on s’en doutait déjà. Là, le film d’Agnieszka Holland démontre qu’effectivement rien ne fut facile dans la tête de l’auteur de “La Métamorphose” ou de “Le Procès”. Elle-même fan de l’auteur : elle a réalisé plusieurs adaptations. Agnieszka Holland apparait comme la personne idéale pour mener à bien cette dystopie à la limite du réelle car se voulant proche de ce qui se passe dans la tête de Franck Kafka.
Un écrivain passionné
On suit ici la trace de l’écrivain dans ses jeunes années, dans sa confrontation avec ses parents, sa mère aimante, son père bon vivant, puis dans ses amours contrariés, ou pas. Finalement, le film arrive à toucher du doigt ce qu’a pu être la vraie vie d’un écrivain passionné, possédé, obsédé même par son œuvre mais toujours anxieux. Malchanceux aussi puisqu’il attrapa la tuberculose. Il en est mort finalement à 41 ans seulement.
Ce qui se dégage de ce film-biopic de plus de deux heures, c’est sa noirceur. Celle d’être juif au début du siècle d’abord, mais aussi la noirceur de Vienne et de Prague dans ces années-là, des années sordides marquées par le bruit des bottes.
À peine quelques rayons de soleil ne transpercent l’uniforme pénombre qui enrobe chaque séquence d’époque. Mais il y a, a contrario, celles très colorées du monde contemporain, un monde dans lequel l’écrivain est gaiement célébré par des hordes de touristes. On peut alors lui rendre un hommage mercantile, notamment à Prague où subsiste avec une statue “monumentesque”, plus grande que celle de la Liberté, à son effigie. Il reste l’un des écrivains les plus importants du XXᵉ siècle, les plus prolifiques aussi. Une sorte d’anti-Céline bien sous tous rapports.
Dans le rôle-titre et chétif, Idan Weiss est très crédible à montrer un homme toujours tiraillé entre l’être et le paraître.
Franck k. d’Agnieszka Holland. En salles.
Patrick Auffret


