[Ciné] « Un simple accident ». Humanité, Daesh et quoi ?

Palme d’or du dernier festival de Cannes, le film « Un simple accident » met en scène une drôle de torture entre un bourreau et sa victime. On en sort dans l’expectative. Y a-t-il un avenir après Daesh ?


Le dernier film du réalisateur Jafar Panahi, un réalisateur phare de la Nouvelle Vague cinématographique iranienne déjà maintes fois primé à Cannes et ailleurs, a de quoi surprendre par sa structure. Tout d’abord, car tout se déroule dans un mode tragicomique. Une camionnette, un mariage en devenir, Ali et Goli, un homme et une femme en costume donc, une photographe de mariage Shiva, Hamid et un cinquième larron, Vahid. Suite à un accident sans grande importance, ce dernier les a convaincus de mettre dans un coffre un homme bien sous tous rapports.

Les pas de son geôlier

Impatient et déterminé, mais également candide et bon gars, Vahid porte le film sur ses épaules à grand coup de carte bleue et d’élucubrations. Car il en est sûr, il a réussi à capturer un tortionnaire du régime de Daesh. Il l’a reconnu à sa démarche, car il a une jambe de coupée, même s’il ne l’a jamais vu. Problème, il est bien le seul à le penser même si tous ou presque ont déjà eu maille à partir avec les anciens guides spirituels iraniens, mais on n’oublie guère le bruit de son geôlier au fond d’une cellule.

« La Guibole » ou « l’Éclopé »

Alors la journée de préparatifs au mariage de Ali et de Goli tourne au grand n’importe quoi sous les yeux de celui qui est, selon Vahid, Eghbal, dit « la Guibole » ou « l’Éclopé », une figure de l’ancien régime. Il y a dans ce film un vrai burlesque de situation rarement exploité dans de telles circonstances (les tortures de Daesh quand même).

Côté cinéma, toutes les hypothèses ou presque seront mises sur la table. Pour Hamid, c’est certain, l’homme peut encore nuire. Enfin, pas maintenant, doux comme un agneau au fond de sa caisse en pleurant sur son sort en niant en bloc toutes les accusations. Alors quoi ? Faut-il tuer l’ancien bourreau et en devenir un à son tour, l’enterrer vivant, le relâcher. Et est-on sûr de sa culpabilité ?

Une errance drolatique


Une errance drolatique plus à mettre du côté de « La vie est belle », ce film fort où un père tente par l’humour de masquer la réalité des camps à son fils que dans un énième règlement de compte à OK Téhéran. Le film a reçu la Palme d’or lors du dernier festival de Cannes.

En salles.

 

Patrick Auffret