[Chronique] GHOSTWOMAN – « Welcome to the Civilized World »

Voilà un disque qui ne devait pas exister, et pourtant… « Welcome to the Civilized World », nouvel opus de GHOSTWOMAN, crache son venin telle une décharge d’adrénaline dans un cœur vide. 11 titres sans compromis où les guitares lacèrent l’atmosphère, les percussions cognent aux tripes, et cette voix spectrale qui plane au-dessus du chaos. Est-ce un disque, ou un coup de pied infligé au monde ?

« Le disque s’inspire de l’absurdité du comportement humain et le cirque de la vie où on a parfois l’impression d’être dans une pièce sans plancher », explique Evan Uschenko.

Le duo belgo-canadien composé d’Evan Uschenko et d’Ille van Dessel façonne un psych-grunge hypnotique, traversé de relents d’Americana en décomposition. On pense parfois aux ombres de The Jesus and Mary Chain, aux obsessions de Suicide, aux fulgurances lo-fi de The Brian Jonestown Massacre, mais il s’agit surtout d’un feu surgi des gravats qui se consume de l’intérieur, spontané, carnivore, beau et furieux.

Et c’est là que résonne le cœur presque philosophique de  cet album : l’absurde. Non pas une simple noirceur, mais la collision brutale entre le désir de sens et l’opacité d’un monde qui n’en offre aucun. Cette tension, Camus l’appelait le « seul lien » entre l’homme et l’univers : un face-à-face où naissent autant la nausée que la révolte. GHOSTWOMAN s’y engouffre sans chercher à résoudre le paradoxe. Le disque ne nie pas l’irrationalité du monde, il l’embrasse. Il en fait une matière sonore, énergique et primitive, existentielle. 

Et pourtant, derrière cette noirceur, une émotion tenace persiste. Une mélancolie à fleur de peau, parfois tragique, parfois lumineuse, sans illusion, juste le gout du vertige juste avant l’impact imminent. 

GHOSTWOMAN transforme le chaos en étincelle. C’est fiévreux, c’est vital. Un cri contre l’entropie, un vertige sonique à avaler d’un trait.

Prochains concerts en France:

21.11 – Le Marché Gare – Lyon
22.11 – Le Makeda – Marseille
23.11 – Le Metronum – Toulouse
24.11 – Rock School Barbey – Bordeaux
26.11 – Stereolux – Nantes
27.11 – Le Trabendo – Paris