[Chronique] Treponem Pal – « World Citizens »

Le 5 septembre 2025, Treponem Pal a dévoilé son nouvel album World Citizens, publié via le label At(h)ome. Figure incontournable du metal industriel français depuis les années 80, le groupe emmené par Marco Neves confirme sa longévité et son engagement avec ce disque qui conjugue rage sonore, textures électroniques et réflexion politique.

Fondé en 1986 à Paris, Treponem Pal s’est imposé comme l’un des premiers groupes français à explorer les territoires du metal industriel, aux côtés de références internationales comme Ministry, Godflesh ou The Young Gods. Dès leur premier album éponyme (1989), puis avec Aggravation (1991) et surtout Excess & Overdrive (1993), produit par Roli Mosimann, ils imposent une patte singulière : riffs lourds, atmosphères mécaniques et paroles contestataires.

Après une période d’expérimentation dans les années 1990 (Higher, produit par Sascha Konietzko de KMFDM), puis un silence prolongé, Treponem Pal revient au début des années 2000 avec Weird Machine (2008) et Survival Sounds (2012). Les albums Rockers Vibes (2017) et Screamers (2023) confirment la vitalité d’un projet qui refuse la facilité nostalgique.

Ce douzième album studio (si on compte toutes les périodes) semble être une synthèse, un pont entre leurs premières furieuses années et leur maturité actuelle. Avec World Citizens, au-delà de réaffirmer son identité, le groupe propose une vision contemporaine, consciente des fractures sociales et politiques actuelles. Les titres, parmi lesquels Holy Dirty Money, Mind Control ou False Leader, abordent des thématiques brûlantes d’actualités, pouvoir, manipulation, quête d’unité, sur fond de guitares massives et de programmations électroniques abrasives.

La production met en avant un équilibre subtil des rythmes martiaux et répétitifs, qui rappellent la transe industrielle des débuts, des guitares saturées, sculptées en murs sonores ou en riffs incisifs et des nappes électroniques qui amplifient l’oppression autant qu’elles ouvrent des respirations.

La voix de Marco Neves, toujours écorchée et habitée, agit comme un vecteur de colère et de lucidité.

Ce nouvel album s’inscrit dans la continuité de la discographie du groupe, tout en traduisant une maturité artistique. Si l’énergie brute des débuts demeure, la structure des morceaux révèle aujourd’hui une recherche d’équilibre, de nuances et de contrastes. On renoue retrouve l’héritage des Young Gods (avec lesquels ils ont déjà collaboré) ce mélange de métal agressif et de textures industrielles lourdes.

Treponem Pal, fidèle à son ADN industriel, parvient ainsi à dialoguer avec son époque. World Citizens s’impose comme un témoignage artistique sur l’état du monde : inquiet, fragmenté, mais porteur d’une volonté de résistance et d’unité. Avec peut-être une conscience politique plus prononcée..

Le disque rappelle que la musique industrielle, au-delà de sa puissance abrasive, reste un espace de réflexion et d’émotion brute. Pour Treponem Pal, l’enjeu est clair : continuer à bousculer, interroger, mais aussi rassembler.

Le groupe entamera une série de concerts dès cet automne pour défendre ce nouvel opus, promettant des performances où l’énergie scénique viendra surement prolonger encore l’intensité du disque.

 

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Photo de couv. Muriel Delepont