Le 30 août, anniversaire de Sterling Morrison, Thurston Moore embrasse la mémoire du Velvet Underground en revisitant « Temptation Inside Your Heart », pépite iconique (sortie sur la compilation « Vu » en 1985 par Verve Polygram, sous la supervision de Bill Levenson). Bien sûr, chez lui, l’hommage n’est jamais simple révérence mais plutôt une réappropriation, une relecture vibrante qui fait dialoguer les fantômes du passé et la rugosité du présent.
Entouré de Deb Googe (My Bloody Valentine), de James Sedwards et de Jem Doulton, Thurston Moore tisse une toile sonore où la nonchalance cool du Velvet se frotte à ses propres obsessions bruitistes. La guitare distordue s’invite comme un souffle de liberté, le beat s’alourdit d’éclats électro-clatter, et l’ensemble s’embrase d’une ironie douce-amère fidèle à l’esprit de Lou Reed et Morrison. On y retrouve cette façon unique de jouer avec le vide et le trop-plein, comme si le morceau oscillait en permanence entre dérision et urgence poétique.
Certes cette reprise n’effacera jamais l’original, mais elle ouvre une faille temporelle, un tunnel où le Velvet Underground croise Sonic Youth. Là où l’un cultivait la désinvolture arty des sixties new-yorkaises, l’autre injecte une rage électrique shoegaze et cette mélancolie lumineuse qui habite chaque projet de Thurston Moore depuis des décennies.
Et pendant que The Thurston Moore Group se prépare à embraser Londres le 13 septembre à l’Oslo Hackney, avec le soutien abrasif et vital de Big Joanie, cette sortie nous rappelle que le rock n’est pas un mausolée, mais un champ de transmissions et de métamorphoses permanent.
Avec « Temptation Inside Your Heart », Thurston Moore prouve une fois de plus qu’il n’est et un héritier du Velvet Underground, mais un passeur incandescent, capable de faire briller la flamme noire de l’underground dans notre présent saturé.