Le groupe de Nicola Sirkis propose avec son Arena Tour un show hors norme à la scénographie renouvelée. Un spectacle rôdé comme du papier à musique pour le plus grand plaisir d’un public nombreux et conquis.
Zénith de Rouen. Petit-Quevilly. Mardi 6 mai 2025. 20 heures, le DJ Salinger commence à chauffer l’ambiance en diffusant des tubes rétros. Parfait pour patienter avant l’entrée en scène des stars de la soirée, le groupe Indochine.
Tout commence dans le noir, puis un écran géant illumine le fond de scène. Les images défilent et font défiler une multitude d’écrans de télévisions au sein desquels des figures de personnages politiques parmi lesquels Emmanuel Macron mais aussi les maîtres du monde actuel ! Le ton est donné, Indochine a des convictions politiques et tient à mettre son public face aux grandes questions existentielles actuelles.
Le tableau inspiré de La Scène, l’iconographie du dernier album du groupe, s’affiche tout en couleur et la musique commence avec justement ce tube très récent, Babel Babel puis un autre extrait de l’album, le troisième, L’amour fou, titre tout juste mis en clip, à Mexico, par David LaChapelle.
Grand boom dans la salle, les confettis pleuvent dans une explosion de couleurs. Le show est lancé, et bien lancé. Les bracelets, gentiment prêtés à l’entrée du Zénith, s’allument à leur tour. Le spectacle n’est plus immersif, il devient participatif, chacun ayant une lumière à son poignet pour participer à la fête.
« Une femme n’est jamais coupable, jamais. »
Sanna Sur La Croix donne l’occasion à Nicola Sirkis de prendre la parole pour délivrer un avertissement : « Les hommes n’aiment pas trop que les filles aient le pouvoir. (..)






La chanson fait référence à Sanna Marin, ancienne Première ministre finlandaise, défaite après deux ans de pouvoir par le centre-droit et l’extrême droite aux législatives. Elle a dû démissionner. Son visage apparaît en fond de scène, affublé des éléments gothiques qui caractérisent l’univers d’Indochine.
Face à un public intergénérationnel mais plutôt âgé, le groupe se montre à travers les images projetées souvent dénonciatrices et amène à une prise de conscience sur l’état du monde, le tout soutenu par de magnifiques photos diffusées en noir et blanc tournant parfois au sépia. Pas sûr que tout le monde soit bien au fait et bien conscient des enjeux cachés derrière les nombreux portraits diffusés mais Indochine doit aussi son succès actuel à ses prises de positions parfois très fortes ; Les petits combats ont toujours fait les grandes victoires …
Les confettis tombent du ciel sur la fosse
Revenons au show. Changement de scène, voilà Nicola et ses 5 musiciens au milieu de la fosse pour jouer Salombo, un titre de 1985. Le placard aux archives est ouvert et Canary Bay est un pur moment lâcher-prise pour un public projeté 40 ans en arrière
Le moment de sortir (trop) brièvement le drapeau arc-en-ciel. Miss Paramount embraye sous les confettis à nouveau tombées du ciel sur la fosse. On demande si on ne tombe pas un peu dans le ridicule façon Julien Doré, chantant Les Crocodiles mais non ça passe. Les filles des premiers rangs sont filmées sur grand écran le sourire radieux avant de laisser la place à de jolies thaïlandaises à qui Nicola Sirkis demande si elles voudraient faire du sexe avec lui. La réponse semble évidente …
Changement de tenue pour Nicola. Il revient affublé d’un tee-shirt rouge avec une écharpe noire pour ressortir de ses valises l’un des plus vieux morceaux du groupe, le premier même, Punker.
J’Ai Demandé A La Lune, le morceau de la renaissance
Vient la grand-messe de J’Ai Demandé A La Lune, le titre de la renaissance écrit par Mickaël Furnon, de Mickey 3D. Quelques morceaux plus tard, Un Été Français rappelle encore une fois les positions fermes du groupe.
En gros plan sur l’écran, Nicola ressemble presque à Iggy Pop mais est visiblement en meilleure forme. Le chanteur suit un programme physique intense pour pouvoir tenir la distance parfois plus que 3 nuits par semaine où 4 concerts sont prévus, tous à guichet fermé !
Alice et June, le titre phare de la période marquée par l’arrivée du guitariste oLi dE SaT, lui aussi très en forme, est forcément un moment fort.
Les chansons défilent avec aisance, le temps reste suspendu pour un public à la fois sage et passionné, souvent armé d’un portable pour immortaliser dans son téléphone ces moments marquants malgré les affiches désormais obsolètes interdisant toujours les photos et les vidéos dans les concerts …
« C’est un plaisir pour nous de voir chaque fois des gens. Paris, ce n’est pas la même. » Déclame pour sa part Nicola, les cheveux aussi blancs qu’ils étaient de noir de jais auparavant. La petite remarque, un rien putassière, ravit le public, forcément provincial ce soir-là. La demi-finale de foot PSG/ Arsenal aura lieu demain …
Nicola est côté gauche, sur une troisième scène pour à nouveau jouer un vieux tube Tes Yeux Noirs.
Il n’a pas besoin de chanter L’Aventurier, le public le fait à sa place dès le début de la chanson mais le chanteur met rapidement fin au karaoké, et c’est tant mieux. L’osmose reste intacte pour ce titre toujours phare.
En Route Vers Le Futur
« Putain de public en Normandie » remercie Nicola avec cette phrase sans doute répétée chaque soir de concert tant tout paraît aussi carré que millimétré. Il saisit sa guitare électro-acoustique pour l’envol final avec En Route Vers Le Futur, encore un morceau de Babel Babel. Le dernier album du groupe aura finalement constitué la principale ossature d’une setlist renouvelée avec talent en gardant les incontournables et le show se termine comme il avait commencé avec la projection de figures de personnalités plus ou moins connues sur grand écran. La boucle est bouclée, le vaisseau spatial peut se mettre en position géostationnaire … jusqu’au prochain atterrissage.
L’Arena Tour va encore proposer de nombreuses escales, toutes à guichets fermés et sera même de retour à Rouen en Novembre ! C’est déjà complet.
De futurs voyages dans l’espace seront sans doute plus faciles que la sortie du parking du Zénith de Rouen. Des années que tout semble fait pour décourager les spectateurs de venir en voiture mais quelles autres solutions existent ? Il n’y a plus de trains de nuit depuis des lustres entre Rouen et Paris. Les habitués savent qu’il faut se garer à proximité de la sortie pour pouvoir s’extirper avec aisance. Les moins chanceux sont bons pour une heure de galère avant de quitter les lieux … Le seul couac d’une soirée pourtant réglée comme du papier à musique malgré son gigantisme.






Textes, photos, vidéos : Patrick Auffret