[Interview] MUET – « En Altitude »

Un an après la sortie de son premier et remarquable album « Le Pic de Tout », le duo MUET est de retour avec « En Altitude ». Colin Vincent et Maxime Rouayroux, les deux faces de MUET, excellent dans sa formule électro-rock poétique et synthétique aux textes percutants. Dans ce nouvel opus de 5 titres, ils revisitent quatre titres de l’album dans de nouvelles versions lors d’une session dans les Pyrénées-Orientales en septembre 2023 et y ajoutent un inédit, « La Grand’hune ». Comme en apesanteur, il figure dans les rangs de ses combos qui nous font flotter, et nous aimons y revenir pour nous y confronter en profondeur. C’est bien là une nouvelle preuve de cette fusion d’émotions et de sonorités que le duo sait révéler dans un univers créatif à fleur de peau, aussi intense qu’authentique.

 

Bonjour Colin et merci de répondre à mes questions. Pourrais-tu revenir sur l’origine de ton projet MUET ?
MUET est né pendant le premier confinement de mars 2020. J’avais la chance d’avoir un espace pour faire de la musique tous les jours. L’idée d’un projet plus personnel autour d’instruments électroniques me trottait depuis un moment, il ne pouvait pas y avoir de meilleure situation pour qu’il démarre.

Quel était le point de départ créatif qui a guidé la conception de ton 1er album « Le Pic de Tout » ?
J’ai commencé sans trop me poser de questions à enregistrer des morceaux, ne sachant pas s’il resterait à l’état de maquette ou si ces versions pourraient tenir la route pour se retrouver sur un album. Et il se trouve que beaucoup de prises de ces moments sont restées, même si j’ai pas mal travaillé pour enrichir ces versions un peu osseuses.

Comment s’est passé l’enregistrement et avec qui as-tu travaillé pour le composer ?
J’ai réalisé l’enregistrement par mes propres moyens, en m’équipant progressivement et en empruntant du matériel à droite à gauche.
Je crois qu’après plusieurs années à travailler en groupe, j’avais besoin d’aller au bout d’un processus solitaire et de me faire confiance. Ça représentait aussi un challenge assez excitant.
On a dans un second temps travaillé avec Maxime Rouayroux, mon acolyte avec qui je joue depuis longtemps, pour rajouter des batteries acoustiques à certains endroits.

« Electrochoc », « Devant », « Les sirènes » et « Ailleurs » sont des titres forts où la douceur cohabite avec la rudesse de la vie. Que cherches-tu à transmettre le plus dans tes chansons ?
Je ne sais pas vraiment répondre à cette question, je fais de la musique car elle me permet de libérer des émotions qui doivent sortir, il s’agit souvent de réparer des choses mal vécues ou de déployer un imaginaire nouveau, faire exister des idées. J’aime que ces émotions soient livrées à vif, que les choses restent brutes et le sens un peu embourbé.
La musique et l’art en général nous offrent un espace d’expression supplémentaire que ce que la vie de tous les jours a à nous offrir, et cette idée me plaît beaucoup, car cela nous permet d’être précis dans ce que l’on veut exprimer.

Quelque part entre Bashung, Feu Chatterton !, Bertrand Belin ou encore Guilhem Valayé, il y a un univers musical très large dans Muet. Quelles sont tes plus grandes sources d’inspiration ?
J’écoute beaucoup de musique mais mes piliers affectifs restent Thom Yorke, James Blake, Bertrand Belin, qui m’inspirent toujours autant quand je les écoute bien. C’est certain que Bashung m’a énormément parlé, sa manière d’insérer les mots dans la musique, ce mélange entre une grande abstraction et un réalisme cru.

Ton album est disponible depuis plusieurs mois maintenant. J’imagine qu’il y a eu beaucoup de choses marquantes, avez-vous vécu des moments particuliers que tu voudrais évoquer ici ?
On a eu l’occasion de faire une jolie tournée, avec des premières parties de Bertrand Belin, un autre artiste que j’adore. Hélas, elle s’est clôturée un peu vite, on aurait aimé jouer bien plus.

La scène permet de développer encore un peu plus un univers comme le tien. Comment vivez vous ces instants de partage avec le public ?
Ce sont des moments précieux qu’on chérit, qui plus est dans l’époque d’artificialisation des relations que nous vivons. La scène, par le partage avec le public, nous permet de faire grandir notre musique, c’est un des endroits où l’on apprend le plus.
On se rend compte à quel point c’est un vecteur puissant qui peut permettre de faire tomber les a priori. Nos morceaux peuvent être assez longs, ils descendent rarement en dessous de 5 minutes, la scène nous permet d’installer cette autre temporalité et de faire exister ces formats plus difficiles à défendre commercialement.