Harun, musicien autodidacte, s’est fait connaître tout d’abord en tant que fondateur du groupe de Death Progressif Trepalium. En 2022, il sortait un 1er album solo instrumental à géométrie variable intitulé « In Motion », salué par la critique spécialisée. Aujourd’hui, pour la 1ère fois, c’est en tant que chanteur guitariste qu’il revient avec son 2ème disque solo intitulé « Reboot ». Un opus aux allures Post-Grunge et New-wave, marquant une forte volonté de renouveau artistique. Un disque ambitieux qui n’aurait probablement pas la même saveur, ni le même impact sans la présence de cette voix convaincante aux accents parfois énervés puis torturés, sans oublier les lourds riffs de grattes qui n’ont une fois de plus pas à rougir de la comparaison avec les plus prestigieux.
Bonjour Harun, après l’aventure Trepalium et Step In Fluid, tes précédents groupes qui baignaient dans un univers plutôt métal, tu te lance en solo avec un 1er album instrumental « In Motion » en 2022. Qu’est-ce qui t’a mené à te lancer dans ce projet solo ?
Harun : Salut Stéphane! Et bien, je crois que j’ai toujours eu cette envie de faire carrière seul. Mais comme je composais pour mes groupes depuis le début, je ne me posais pas vraiment la question. En fait, c’est finalement le manque d’activité avec mes groupes qui m’a poussé à me lancer dans ce projet. C’était une décision spontanée, motivée par une envie de renouveau.
Tu viens de sortir ton 2e album « Reboot » où cette fois tu chantes. Il s’agit là forcément une étape importante pour toi, mais qu’est-ce que ça représente exactement ?
La liberté. Depuis le début, je m’intéressais à tous les instruments, mais bizarrement, je ne trouvais pas le déclic pour m’attaquer au chant. Peut-être qu’inconsciemment, je ne pensais pas pouvoir trouver ma voix un jour… Pourtant, composer pour mes groupes et devoir laisser le chant de côté me frustrait. J’aurais peut-être pu essayer de m’y coller avant, mais non. J’avais un blocage. Avec cet album, j’ai finalement réussi à passer à autre chose.
Qui sont les artistes qui t’ont donné envie de te diriger vers cette esthétique plus New wave que Métal !
Tout jeune, j’adorais Prince, Mickaël Jackson, Madonna, Phil Collins. Mais j’ai finalement été plus marqué par des groupes comme Dépêche Mode, Tears For Fears, Fine Young Cannibals, INSX, U2, The Police, etc. Ils passaient en boucle à la télé… à la radio. Mon grand frère enregistrait les tubes du moment sur des cassettes en vrac… Tous ces artistes des années 80, début 90 ont clairement façonné mon oreille. Puis, vers mes 15 ans, je m’en suis éloigné lorsque j’ai découvert le Métal. J’ai commencé à apprendre la guitare, puis j’ai monté des groupes… Aujourd’hui, le fait de me retrouver sans activité pour la première fois depuis 25 ans m’a donné envie de repartir vers cette période de mon enfance. Mais je ne dirais pas que c’est plus New-wave que Metal. De mon point de vue. C’est vraiment un mix Grunge/New-wave/Metal/Progressif.
Pour les 9 titres de « Reboot » tu as travaillé et composé seul. Quels souvenirs gardes-tu de ces moments de création et pourrais-tu nous parler de ton processus créatif ?
Et bien pour situer le contexte, j’ai pris une année sabbatique pour me ressourcer et me concentrer sur la réal de cet album. J’avais demandé à Fabien Devaux qui était en charge du mix/master de me préparer un template basse/ Batterie pour que je puisse enregistrer seul chez moi. Lorsque que je m’y suis mis, j’ai accouché d’un 1er titre en 2 jours. C’était « Lost In The Light » mais je n’avais pas prévu de chanter dessus du tout. Mais lorsque je l’ai envoyé à Fabien pour qu’il me fasse un retour, il m’a répondu qu’il manquait une ligne directrice forte bien qu’il trouvait le morceau très cool comme ça. C’est alors que je lui ai répondu sans trop y croire que j’allais essayer de chanter par dessus. Encore aujourd’hui, je me demande ce qui m’est passé par la tête à ce moment là. Lorsque je lui ai envoyé ma 1ère tentative le lendemain, il a été surpris par ma voix et m’a encouragé à travailler encore dessus. Et c’est finalement qu’après 10 versions et un mois de travail que j’ai trouvé ma voix. Puis j’ai mis une semaine à finaliser le 2nd titre, Last Days… Concernant le reste de l’album, j’ai mis 1 à 2 jours par morceau… Pendant ces 3 mois de production, j’ai passé mes journées à créer, apprendre à chanter, tester des choses… sans pression ou presque. Il ne fallait pas que je me plante sur ce 2ème album solo et pourtant, je n’ai jamais autant pris de risque que sur celui-là. Alors bon, j’en avais déjà pris plus d’une fois avec Trepalium ou encore Step In Fluid, mais ça s’était fait au fur et à mesure, dans une continuité artistique…Alors que là. Pour « Reboot », je me suis mis au chant sur un coup de tête au moment de mes prises studio. En abordant des esthétiques que je n’avais jamais abordées avec mes groupes. Jʼai vraiment cherché le côté ludique et excitant de mes débuts.
Dans ce disque, tu termines par une reprise de “Shout” de Tears for Fears. Pourquoi et comment est née cette envie de reprendre ce titre phare des années 80s ?
Tears For Fears faisait parti de mon paysage musical durant ma jeunesse mais j’avais un peu zappé depuis. Et pourtant un soir, alors que j’avais déjà envoyé les projets à Fabien pour le mix/master, je suis retombé sur « Shout » en voulant mettre du son. C’est alors que je me suis dit qu’elle collait parfaitement avec mon timbre de voix. Puis en lisant les textes, j’ai tout de suite compris qu’il fallait que j’en fasse une reprise. Je l’ai finalement enregistré et envoyé 2 jours après pour l’inclure dans l’album.
Quel était l’aspect le plus important que tu voulais transmettre avec ce disque ?
Le côté DIY, spontané et authentique. C’était aussi une occasion pour me prouver que j’étais encore capable de me renouveler en sortant de ma zone de confort.