Noir c’est noir. Lumières tamisées et changement de décor. Ici, les protagonistes enchainent les clous de cercueil, se noient dans le whisky et se vautrent dans une débauche satinée. Luxe, calme et volupté ? Pas vraiment. Les tiroirs sont à doubles fonds. Devant : le clinquant. Derrière : les échanges houleux avec sa partenaire de jeu. Stan se réinvente en télépathe, trouble et séduit son public mais voit trop grand. Icare aux ailes d’argile, sa rencontre avec une psy vénéneuse causera sa perte et plongera notre magicien dans des abimes de solitude.
Mais j’en dis trop !
Ne vous fiez pas aux timides entrées d’un box-office anthropophage. « Nightmare Alley » doit ses ventes de tickets limités à son exigence. Son intelligence. Guillermo del Toro est un auteur qui nous offre un film hors du temps aux nombreux symboles fantastiques. Un conteur qui soigne aussi bien le tempo de son fil narratif que la compréhension d’une vengeance froide et appliquée. Loin des blockbusters trépidants.
Son scénario complexe sera étudié dans les écoles de cinéma d’ici vingt ans. Ses mouvements de caméra analysés et comparés à ceux visibles dans » La Soif du Mal » d’Orson Welles.
Ne passez pas à côté de ce chef-d’œuvre.
Et même si la fin (trop attendue et explicative) aurait mérité une coupe franche, croyez-moi, ce diamant brut perdurera longtemps dans votre mémoire de cinéphile.
« Nightmare Alley »?
L’un des monuments évidents d’un cinéaste prolixe et surdoué.
En attendant « Les montagnes hallucinées » avec Tom Cruise ?
John Book.
Crédits photos : Searchlight Pictures / TSG Entertainment / Searchlight Pictures / The Walt Disney Company France