BLACK SEA DAHU “I’Am My Mother” ciment de la mémoire

Avec “I Am My Mother“, Black Sea Dahu présente un second album intensif aux nuances noires d’une pop-folk incandescenteIl est indéniable, à l’écoute des 7 titres de cet opus, que le groupe atteint là un grand sommet et c’est bien là qu’il appartient déjà au classement des grands albums de ce début d’année. Rarement la musique aura semblé aussi prégnante et internationale. C’est bien sûr dû à la voix unique, sombre et veloutée de Janine Cathrein, mais aussi à la thématique des mélodies bouleversantes et bondissantes qui habiles leurs chansons d’un savoureux voile de plomb.

Natif de Zurich, Cathrein, chanteuse, compositrice et leader du groupe, trace une ligne rouge, reliant l’oubli, la voix, le texte et la mélodie fermement ancrés dans la démence de notre monde qui ne se souvient plus d’hier. Cette maladie insidieuse, pour l’humanité, pour notre avenir, est un dangereux oubli historique qui nous permet d’avancer insouciants vers la prochaine catastrophe.

Transience” au cours de ces 5 minutes 30, nous éprouvons un niveaux d’intensité tel que nous nous retrouvons tout aussi essoufflés que Cathrein.
Comment vais-je survivre dans ce monde devenu fou?“, demande-t-elle encore et encore. Et dans des variations changeantes la réponse arrive : “Aucune torche humaine ne peut m’amener là où la musique m’emmène”.

Dans “Human Kind” il y a des querelles et des doutes, il y a l’amour du monde et de la musique aussi. “J’ai l’air tellement fatigué / Même dans mon sommeil“. Malgré toute cette mélancolie, le ton de base reste optimiste et confiant.

Alors que leurs débuts “White Creatures” semblaient plus confidentiels, le groupe a maintenant grandement amélioré son acoustique. Il sonne plus ample, plus produit et dense avec aussi beaucoup de sensibilité. Black Sea Dahu n’a pas perdu le sens des nuances, tous les apports des musiciens sont perceptibles, et s’intègrent même parfaitement dans l’ambiance globale. Et ainsi ils créent beaucoup de complicité avec la voix de Janine Cathrein. Et c’est justement à travers le chant que les musiciens révèlent la grande vulnérabilité d’une âme fragile et vibrante.

D’innombrables histoires froissées et pourtant parfois heureuses subliment la façon dont les chansons se déroulent et parviennent à nous captiver malgré la gravité du sujet. Cette volonté inconditionnelle de véhiculer par la musique un message fort est palpable, et elle ne semble jamais être sporadique. Constellée de beauté âpre “I’Am My Mother” agit comme un moteur qui bouscule les obstacles. 

Il est peu probable que la musique puisse un jour sauver le monde, mais elle peut certainement l’améliorer en ce moment…

« Les jours de repos, je m’asseyais au piano et je jouais. Dès que j’arrêtais de presser les touches du piano, je pleurais ! La seule façon de retenir mes larmes était de jouer et d’écouter les sons s’estomper lentement et disparaître dans le corps du piano. » Janine

BLACK SEA DAHU “I’Am My Mother”

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Stef’Arzak