Après le métier d’attaché de presse (la tête de l’artiste) et de rédacteur en chef (la grosse radio) , Yann Landry lance, en ce début d’année un label musical indépendant. Au-delà de cette initiative, plus que louable, il y a une volonté forte de faire vivre ou revivre la musique autrement, humainement. Pour bien en comprendre les tenants et les motivations nous avons voulu vous présenter ce nouveau Label répondant au nom tonitruant de TADAM records et pour cela nous avons interviewé son créateur qui nous parle de son bébé qui fait déjà du bruit.
On suit tes activités depuis un petit moment entre « La tête de l’artiste » et « La Grosse Radio ». Une première question me taraude : mais pourquoi vouloir créer ton propre label alors que tu collabores déjà étroitement avec des Labels bien installés ?
Il y a une marge immense entre travailler avec un label et travailler de la façon dont on le souhaite vraiment. J’essaie toujours de travailler pour des personnes avec qui je m’entends, que ça dépasse le cadre du contrat, mais ce n’est pas évident. Avec Tadam Records nous sommes libres, avec nos propres convictions et visions. Nous ne travaillerons que comme nous l’aurons décidé.
Qu’est ce qui se cache derrière le nom de Tadam Records ? Étrange comme nom ! non ? D’où vient l’idée de nommer ton label par cette onomatopée ?
Tadam, c’est la surprise. C’est ce qu’on veut provoquer, et après le lancement du label, c’est déjà bien le cas. La question qui revient le plus en interview est : « pourquoi monter un label en temps de crise ? », pour signifier que même si nous sommes au placard, nous ne sommes pas morts, nous avons l’envie, l’énergie pour nous battre pour notre passion commune.
Quand on connait un peu le temps que demande déjà tes autres activités, on se demande comment tu vas organiser ton temps au quotidien ?
Merci de te soucier de ma santé physique et mentale, je tiens le coup ! En parallèle du label, je poursuis mon travail d’attaché de presse indé mais en duo avec Eloa Mionzé, qui est aussi membre de Tadam Records. Comme moi, elle a aussi un jeune fils, alors travailler à deux va nous permettre de bien nous partager les tâches.
En quoi consiste exactement le travail de ton label ?
Avant toute chose, c’était de créer un environnement de travail sain. Nous avons mis en place une Charte de label, qui est disponible sur notre site, en toute transparence. Nous travaillons avec un fonctionnement horizontal, chacun est responsable de sa partie mais il n’y a pas de grand chef. Nous mettons en avant une communication saine. Féministes, nous ne « genrons » pas les tâches. Aussi, nous adoptons un comportement éco-responsable et solidaire.
Une fois passées les politesses, nous pouvons nous mettre au travail, collectivement, en allant toutes et tous dans la même direction. Pour cette année, le travail du label et ma tâche principale sont d’œuvrer pour que les sorties de nos albums se déroulent parfaitement. Une de mes missions était de trouver des partenaires extérieurs (distributeurs, éditeurs…), elle est déjà remplie en partie. Mon rôle sera donc de manager tout ce beau monde, d’être l’interlocuteur principal. En plus du pôle promo, nous avons aussi un pôle booking qui va bientôt se mettre en place avec une ou deux tourneuses prêtes à nous rejoindre. Enfin, pour cela, il faudrait que les concerts puissent reprendre !
J’ai cru comprendre que l’aventure démarre en fait surtout avec des amis musiciens. Peux-tu nous en dire plus sur eux ?
L’idée de monter un label était depuis longtemps dans ma tête. Les prémices de Tadam Records ont démarré pendant le premier confinement lors d’un de nos longs appels téléphoniques avec Greg Demson de STEVE AMBER. Je m’étais occupé de la promo de leur premier EP en 2018, nous avions bien accroché humainement. Là il s’agissait de remettre le couvert pour leur premier album. Plus les discussions avançaient, plus ça s’apparentait à du management, puis est venue l’idée de monter un collectif avec des groupes amis, dont nous connaissions déjà les valeurs. C’est ainsi que Shoefiti est arrivé pour discuter avec nous, puis SheWolf et enfin Captain Obvious, les benjamins de l’équipe et L’Ambulancier, mon vieux camarade Palem. Nous avons eu énormément de discussions enrichissantes sur ce que nous voulions mettre en place et comment nous voulions le faire. Pour la partie esthétique musicale, nous aimons tous le Rock sous beaucoup de ses formes et en faire. Le plus simple reste encore d’aller écouter nos groupes sur notre site internet. Vive la curiosité loin des algorithmes !
Et comment choisis-tu les artistes que tu vas défendre en 2021 ?
Nous sommes complets pour 2021 ! Même si nous croulons déjà sous les demandes de groupes ! Nous travaillons avec les 5 groupes fondateurs, c’est déjà énorme pour un lancement. Nous verrons l’an prochain comment intégrer un ou deux autres groupes, ce sera en tout cas une décision collective, comme pour toutes les entrées dans le label. Je suis le label manager, pas le PDG, sus aux chefs !
Que peux-tu offrir de plus aux jeunes artistes avec ton label ?
D’être fédérer. Et comme je l’évoquais plus haut : de l’édition, de la distribution, du booking, de la promo, donc le tout à 360°, dans un environnement sain créé par les artistes eux-mêmes selon nos besoins et philosophie. Et j’offre mon temps pour les manager au mieux !
Avec les difficultés que nous connaissons depuis 1 an maintenant, comment vois-tu le futur de la scène indépendante et du support physique ?
Le support physique est en perpétuelle évolution. Il y a eu le vinyle, puis la K7, puis le CD. Aujourd’hui il se vend plus de vinyles que de CD, et les K7 sont aussi de retour… Le public achète toujours des disques à la fin des concerts, à la différence que la plupart ne sont même plus déballés, ce sont devenus des objets de collection… La musique s’écoute en ligne, qu’on aime ou pas, et je ne suis vraiment pas un fervent défenseur des plateformes de streaming. Lorsque l’on n’a pas la force marketing des Majors pour vendre des albums comme des yaourts en hypermarché, autant aller chercher nos auditeurs, pour avoir une relation directe du producteur. C’est ainsi que nous avons une page Helloasso qui permet à chacun d’adhérer au label pour recevoir pendant un an l’ensemble de nos productions. Ceci peut sauver la scène indépendante qui n’est pas là pour vendre des centaines de milliers de disques mais pour produire ses albums et les jouer en concert. La scène indé a toujours vécu avec les miettes, et comme les cafards sur Terre, nous serons les derniers vivants dans l’industrie musicale, puisqu’on se contente de peu, de ce qu’on veut bien nous laisser.
Avec ou sans Covid comment imagines-tu ton label dans 10 ans ?
J’espère que nous serons toujours aussi motivés pour faire de la musique non-mainstream, ensemble, de notre façon, et qui sait, peut-être que le Rock sera revenu à la mode !
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