“True North” de A-ha. Tout ce que le ciel permet.

C’est un silence médiatique assourdissant que le dernier album du plus célèbre groupe norvégien vient de sortir. Et pourtant ! Loué aussi bien par “Coldplay” qu'”Antony & the Johnsons”, “A-ha n’en finit pas de défier Chronos et de nous bouleverser à chaque parution discographique. Cette dernière ne déroge pas à la règle. Puisant dans l’ADN de leur pays et dans l’album “Western Stars” de Bruce Springsteen, le trio pop-rock délivre certainement, à ce jour, l’une de leurs plus belles productions. Dès le titre d’ouverture, “I’m in” déploie des trésors d’arrangements et se positionne comme un tube évident pour les radios et les plateformes. Chanson dont le thème serait le soutien et l’engagement, elle donne le ton aux titres ornant cet onzième album. A savoir une débauche contenue de romantisme et d’excellence dans la composition, toutes deux tournées vers les soubresauts écologiques de notre Monde. “Hunter in the Hills” louvoie du côté du jazz et de la bande-son cinématographique digne d’un film de Douglas Sirk.
“As if”, second single flagrant, déroule sa mélodie entêtante et nous replonge (avec nostalgie), dans nos écoutes nocturnes, secrètes et adolescentes. “Between the Halo & the Horn” est une supplique mélancolique où les larmes de bonheur se substitueraient à celles éprouvées pour un amour perdu. “True North” , en dépit de ses qualités indéniables, semble souffrir d’un manque d’inspiration tant ses accords et son refrain rappellent immédiatement leur single “Stay on this roads”, “Bumblebee” puise dans les plus grands moments de “Lifelines” et “Cast in Steel” ainsi que dans le catalogue inépuisable de John Barry. Et, au détour d’un final époustouflant, Morten Harket prouve, une fois de plus, qu’il est un vocaliste hors-norme. “Forest for the Trees” copie, sans vergogne, “The living daylights” et peine à convaincre, faute d’originalité. “Bluest of Blue” donne dans le charme suranné et la bluette lycéenne appuyée. Mais c’est une façade des plus malines, tant le power-trio semble s’amuser avec cette ritournelle et… son indéchirable étiquette de “boys band” pour quinquagénaires énamourées. “Make me understand” fait rimer efficacité et contemporanéité et plonge Pal, Magne et Morten au cœur d’une romance matinée d’espionnage. “You have what it takes” utilise, avec élégance, des instruments boisés, adresse un salut amical à Perry Blake et nous enveloppe d’une douceur infinie. “Summer rain” retient les leçons d’un concert “unplugged” inoubliable et allie, avec brio, le fond (l’amour absolu) et la forme (la délicatesse en bandoulière). Enfin, c’est avec simplicité que nos trois comparses bouclent leur LP/ soundtrack (le film étant sorti en toute confidentialité et dans un réseau restreint en France) avec un “Oh my Word” terriblement attachant.
Des nappes de violons et des claviers en cascade, des tubes en puissance et instantanément identifiables, des paroles sentimentales et intemporelles avec, pour toile de fond, la nature et les grands espaces…sans oublier une voix à vous perforer l’âme de part en part.
Oui, vous l’aurez compris. A-ha est de retour et contrairement à ce que pourrait laisser entendre le marketing du moment, c’est un évènement !

John Book.