Julian Casablancas, célèbre membre fondateur du groupe de rock américain The Strokes, revient enfin avec son autre et tout aussi excitant projet The Voidz. Un 3e album dispo en numérique via Cult Records, pour le moins déroutant, qu’on aime ou qu’on déteste… Six ans d’attente, cela valait-il le coup ? Je dois être honnête, même si l’auto-tune sur la voix de Julian Casablancas est à la première écoute bien désagréable, la vibration globale de l’album est, elle, complètement addictive.
Pourquoi The Voidz me touche malgré ce disque aux allures décousues imprévisibles… Je ne sais pas. Pourtant, je reste fan. Malgré ça, je peux clairement comprendre que les gens n’aiment pas cet album. Je vais quand même essayer de vous convaincre que si vous arrivez à dépasser vos a priori, c’est un disque qui vaut la peine d’y tendre l’oreille et de vous y jeter à corps perdus…
Suis-je déçu que le combo américain aille vers une direction plus aléatoire et moins linéaire avec ce vocodeur bizarre presque tout le temps ? Un peu. Est-ce que j’ai une impression de déjà entendu ? Un peu. Cependant, même si, de prime abord, je me dis que ces 6 mecs auraient pu faire bien mieux que ça, le plaisir d’entendre un nouvel opus du groupe me pousse à y plonger encore et encore. Rapidement j’adhère aux dix titres qui coulent si bien dans mes oreilles que c’est comme si j’étais porté dans un tumultueux paysage sonore à chaque nouveau morceau : “Square Wave“, “Spectral Analysis“, “Flexorcist“, “When Will the Time of These Bastards End“… Le flow est toujours cool, tout en tissant une atmosphère sautillante alternant entre riffs vintages et modernisme électro-pop expérimental, audacieux, déroutant.
Avec cette suite de l’excellent “Virtue”, sorti en 2018, on a le sentiment qu’ils cherchent à brouiller les pistes en essayant de tenir sur un fil d’équilibriste en regardant au loin vers un point de fuite en diagonal. Vertigo, alter égo, emo mouvant, et plus si affinités…
Mais plutôt que de vous guider à travers un labyrinthe mélodique, ils nous laissent nous faire notre propre expédition, en nous perdant, nous rejoignant, nous enivrant, pour mieux en extraire les émotions nécessaires à notre propre approbation, à notre exploration. Pour certains, ça va être rude, mais pour d’autres, le voyage sera intense et encore plus appréciable dans la longueur (même si le disque ne dure que 42:51).
Sur l’ensemble de cet album, il y a cette espèce d’ambiance éthérée, qui me surprend vraiment et me garde en haleine.
À chaque nouvelle sortie, The Voidz défriche de plus en plus de territoires vierges, alternant dans leurs vastes cocktails de rock arty, de folk psychédélique ou de pop technoïde, une sorte de melting-pot qui donne de la saveur, de la fraicheur, et c’est finalement ce que j’aime le plus chez eux. Ils ne se contentent pas de rester sur une zone de confort et de faire et refaire les mêmes sons. Ils évoluent constamment et couvrent de nouveaux territoires, album après album, loin des codes et des conventions, en libérant une créativité sans chercher à plaire. Le plaisir de faire avant le reste. N’est-ce pas là le plus important ? Est-ce que ça va satisfaire tout le monde ? Sûrement pas. Est-ce que ça va remplir les stades ou faire des disques d’or ? Sûrement pas. Est-ce que c’est le risque de perdre des fans ? Sûrement. Est-ce qu’ils peuvent gagner de nouveaux auditeurs ? Sûrement. Est-ce qu’ils s’en moquent ? Sans aucun doute.
Alors écoutez cet album et les autres aussi, t’en qu’à faire. Et si vous aimez, soyez en reconnaissant. Et si vous détestez, n’en dégoûtez pas les autres pour autant. Mais que vous l’aimez ou non, vous pourrez vous réjouir en sachant qu’ils réalisent avec ce disque quelque chose de juste cool pour eux et pour d’autres un pur moment de plaisir, qui, comme moi, se rueront sur le format physique de “Like All Before You” qui sera quant à lui disponible dans les bacs le 18 octobre prochain…