Stuck in the sound: “16 dreams a minute”. A l’aube du 6ème jour.

Et de six (!) dans la discographie fournie de nos montreuillois de Stuck in the Sound !

 

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le combo supersonique s’exprime là où on ne l’attendait pas. Sous le tapis, les dérapages grunges et les riffs entêtants. Dans le grenier, les hommages nombreux à la synth-new wave. Au fond de la cave, la matière pop & Bubble gum de certaines compositions rageuses. Le groupe mute – Arno Bordas, leur membre fondateur quitte la bande et est remplacé sur la tournée par une bassiste ensorcelante- et s’acoquine avec l’électro décomplexée. En témoignent ces 16 titres originaux situés aux antipodes de leurs précédentes productions.

 

Tour d’inventaire des heureux propriétaires.  “Free yourself” nous ouvre ses portes et flirte avec l’ambient. Message d’amour et d’ouverture du quintet adressé à ses auditrices et auditeurs fidèles. “Stuck” nous prend par la main, l’air de rien. “Free yourself and dream on the new days of your life”. Message reçu. Affranchissons-nous du passé pour mieux empoigner le présent et cet album des plus troublants.  Faisons fi des idées reçues, l’écoute se devra d’être effectuée dans le patio de nos crânes. Let the sunshine in. Indeed. On déroule.  Là, “Le soleil” puise dans la sensibilité africaine de “Band on the run” et du cultissime ” Flowers in the dirt” (“Où est le soleil ? Dans ma tête…”). The drugs don’t work? Paulo grammes et Macca régna. “I wish you could be happy again”. Salut amical et mélancolique à Blur et Gorillaz pour une vignette musicale à siffler sous la douche. Puis les quatre fantastiques reviennent à leurs premiers amours et nous assènent un abrasif B/W Rainbow taillé pour la scène. Ici, “Sensational” calme nos (h)ardeurs par la grâce du chant haut perché de José Reis Fontao et d’arrangements tout en nuances. Mélancolique et profond. Le groupe, soudé, nous enivre sans se forcer.  Un punkoïde “Spatial” nous extirpe de notre torpeur et nous torpille fissa en compagnie de Sheiva. On fuck définitivement le boitier de vitesse de la caisse avec un “Sonora” pied au plancher sans se soucier d’une homogénéité ou d’un foutu album-concept. Puzzle foutraque. Hédonisme cru. Cette Galette s’adonne à une liberté totale sans retenue. “Visions” avance à pas feutrés dans la BO d’un film d’horreur où Donnie Darko roulerait une pelle à Daft Punk et Carpenter dévergonderait Kanye West sur fond d’auto-tune. “My sweet sixteen” s’échappe d’un ghettoblaster en plein boulevard in L.A. et “Stuck in the Sound” se substitue, alors, aux “Seigneurs de Dogtown” en trois minutes chrono. “Adios” mise sur le duo sexy et le tube estival. José, galvanisé et amusé, prend le contrepied de la nonchalante voix de Mathilda. Plus Lugosi-Bella que Delon-Dalida, le binôme torride fond pour un massage à froid. “Tragic” serait la toile de fond sonore idéale pour une virée GTA et “All i’ve heard” déploie des trésors d’efficacité eighties. Savoir-faire “Silver Surfer”, l’œil du tigre en plus. “East Zion” tape dans la reverb’ et le reggae rétro pour mieux accélérer son tempo au détour d’un refrain malin. “Blue Hawaii” déniaise Michael Franks, bricole une ritournelle inspiration “Police” et fait tomber le St(r)ing par étapes successives. “Employee of the week” secoue le dancefloor sur des beats rap et une guitare funky non loin de 1978 et “Dream” termine notre voyage mental en se parant d’oripeaux tropicaux. “I wanna play my heart & soul”. Telles sont les dernières paroles d’un LP courageux et risqué dans le paysage formaté d’un certain rock à la française/charentaise. “16 dreams a minute” (titre ô combien génial) est un film en technicolor. Un (dark) “Phoenix” radieux qui reprend tous les codes connus du “tchik-tchak’boum” pour mieux les réinventer. Un cadeau pour Forrest Gump ou Buckaroo Banzai à travers la 8ème dimension. Etonnant, inconfortable, jouissif et surprenant. Découvrez, au plus vite, cet opus-pocus qui s’adresse instinctivement à notre Peter Pan caché en-dedans !

Let’s go ? Ouais ! Banco. Définitivement.

 

John Book.