Accrochez vos chapkas, planquez vos baguettes et révisez vos pas de breakdance sur votre tatami ! Soviet Suprem est de retour avec « Made in China », un album qui troque les balalaïkas contre des guzhengs sous amphètes. Après avoir conquis la Mère Patrie avec leurs hymnes joyeusement révolutionnaires, Sylvester Staline et John Lénine débarquent en pleine guerre commerciale sino-américaine, armés de beats hypervitaminés et de punchlines plus affûtées qu’un Katana Ninjato …
Des beats façon bolcho-bamboo boom boom. Dès le morceau-titre Made in China, Soviet Suprem nous balance une rafale de sonorités asiatiques, façon bande-son d’un film de Bruce Lee remixé par un DJ du goulag. Ça claque, ça brasse du kung-fu et ça envoie des rimes aussi piquantes qu’un hot pot mal dosé. La prod oscille entre rap boom-bap et électro-branlée, avec des cuivres qui débarquent en pleine bataille comme une charge de cavalerie mongole sous MDMA.
Mais qui complote ? Tout le monde bien sûr. Le morceau Qui complote ? transforme les fake news en banger : « C’est qui, qui, dirige les dirigeants ? Et c’est qui qui commande le Tout-Puissant ? » – difficile de ne pas imaginer un panda maoïste en train de hocher la tête sur un beat de rap acoustique au ukulélé. Le ton est aussi léger qu’un missile balistique nord-coréen, et l’ambiance oscille entre diatribe et pogo festif.
Le Cacapitalisme en ligne de mire. Le duo s’offre aussi un petit plaisir coup de pelle avec Coco, où ils balancent un flow épicé sur la soupe idéologique des puissants, le tout sur une instru qui mixe électro, breakbeat et influences balkano-chinoises. Les rimes tombent en rafale sur un capitalisme qui en prend pour son grade façon assaut soviétique sur le Palais d’Hiver.
Des feats qui cartonnent et des baffes auditives. Mais la vraie pépite de l’album, c’est Ping Pong, feat endiablé avec le rappeur chinois Xian Chi Zong, un échange verbal aussi vif qu’une finale olympique. Entre samples de balles qui rebondissent et scratchs façon Shaolin DJ Battle, ce morceau est un chef-d’œuvre de groove et de clash verbal. Dans un autre registre, La Face, avec la rappeuse Thérèse, nous assène un uppercut hip-hop digne d’un combat de MMA en mondiovision.
Soviet Suprem réussit son pari « Made in China« est une odyssée drôle et furieusement bien ficelée, où l’on danse autant qu’on réfléchit. Entre rap, électro, influences world et gros délire bolcho-festif, ce nouvel album est une arme de distraction massive. Bref, une importation chinoise qu’on a envie de consommer sans modération.
Photo de couv. (c)Tijana Pakic