SIX FT HICK, SHOW DEVANT !

C’est une habitude désormais, les Australiens viennent chaque année en France pour nous mettre une peignée. La dernière remonte au 19 novembre 2016, où les Wallabies étaient venus nous découper menus lors d’un test-match international de rugby au Stade de (souf)France ; les chirurgiens avaient dû opérer à même le terrain tant les rugbymen français étaient en mauvais point, intransportables vers le centre hospitalier le plus proche !

Cette année, c’est le combo swamp punk’n’roll Six Ft Hick (prononcez ‘’Six Foot Hick’’, littéralement ‘’péquenaud de 1,82m’’) des frères Geoff et Ben Corbett, qui a été missionné pour nous administrer une grosse claque. Sauf que celle-là, on l’accepte avec infiniment plus de bonheur que les embrassades viriles du troisième ligne centre Aussie David Pocock (1,84m, 103kg).

Le groupe de Brisbane était en concert au Mondo Bizarro à Rennes ce lundi 24 juillet 2017 et Geoff Corbett avait prévenu dans la semaine sur son compte Facebook que ce soir serait ‘’a fucking awesome show’’ !

C’est certain, les frangins n’ont pas fait le voyage en terre bretonne pour nous conter fleurette. Pour le romantisme d’un soir d’été dans la cité rennaise au bord de la Vilaine, il faudra patienter.

Depuis 1995, les deux frontmen ont forgé leur réputation par une présence scénique rare, hors normes, délivrant des shows dans la frénésie la plus totale, à classifier au rayon ‘’déglingos’’.

On a déjà vu Geoff enlever sa botte de cow-boy, demander à la barmaid de la remplir de bière puis, saisissant cette chope spéciale remplie d’un mélange de malt et de jus de chaussettes, commencer à boire le breuvage odorant avant de se le renverser sur la tête ! Hier soir, faute de botte en cette période estivale, une pinte seule aura fait l’affaire !

Mais tout ça n’est rien en comparaison des frasques de son remuant frère cadet, véritable bête scénique, dont l’énergie et la frénésie n’ont d’égales que sa folie et une tendance certaine à l’auto-destruction.

Son registre est dans la démonstration physique, avec des aptitudes notoires pour se pendre à toutes armatures métalliques de la structure de la salle. La configuration de l’endroit ne le permettant pas, il n’y aura pas de ‘’rock climbing’’ ce soir mais le bal de la sueur, du sang et de l’animalité sera ouvert.

Véritable lion en cage dès l’entame du set, Ben Corbett balance des middle-kicks à des adversaires imaginaires.

C’est à se demander s’il ne serait pas la réincarnation d’un wallaby ou s’il n’aurait pas racheté les surstocks d’EPO de Lance Armstrong entreposés dans le garage de son ancienne luxueuse demeure sur les hauteurs d’Austin au Texas…

Au rayon frasques et attrapes, citons pêle-mêle le nez en sang à force de s’administrer de violents bourre-pifs, les vomissements backstage, les postures suggestives en se touchant allègrement le sexe et la casse d’un verre sur la tête avant de se rouler dans les tessons jonchés sur le sol.

Ça chante, ça hurle, ça crie, ça danse et ça bouge sans discontinuer dans tous les sens.
Les sonorités des guitares sont puissantes, primales, grinçantes.

Geoff Corbett avait dit vrai. Le groupe, qui a déjà partagé l’affiche avec les New York DollsFugaziThe White Stripes et les mythiques Beasts Of Bourbon (!), a livré de l’intense, du sauvage, du furieux, de l’indomptable, du rudasse et de la testostérone. Du ‘’raw’’ diraient les anglo-saxons. Pour un peu, ils feraient passer les rugueux Lords Of Altamont pour des lapins de deux jours.

On sort exsangues et hagards après une heure de set d’une violence inouïe.

Avec cette même impression que la toute première fois mais démultipliée, lorsque j’avais découvert les vidéos du groupe sur Internet grâce à l’ami public n°1 Seb Blanchais, celle d’avoir pris une sacrée claque.

Avec le sentiment d’avoir assisté à une prestation scénique surpassant toutes celles auxquelles j’ai pu assister jusqu’alors au cours de ce premier demi-siècle de vie (je n’ai jamais vu ni les Cramps ni les Stooges sur scène mais je me souviendrai longtemps de ce concert des Six Ft Hick un soir d’été 2017 à Rennes…).

Alechinsky.

Programmation Binic Folks Blues Festival : 28/07 : 21h00-22h00 (Scène de la Cloche). 29/07 : 22h30-23h30 (Scène Pommelec). 30/07 : 18h15-19h15 (Scène Banche).