“Henki” est le disque conjoint de Richard Dawson et du groupe finlandais Circle, savant mélange épique, d’heavy metal et de la nouvelle vague symphonique. Contrairement à tous les autres albums que vous aurez entendus auparavant dans cette texture, les morceaux de cet opus en plus d’êtres captivants, musicalement parlant, traitent d’un sujet atypique, presque étrange, la flore à travers l’histoire. Ce qui en fait un disque de folk-métal complètement hors norme, et sans doute le plus hypnotisant que vous pourrez entendre cette année.
Richard Dawson est un chanteur anglais qui pratique une forme de folk expressionniste à l’ouverture d’esprit large allant du folk blues au métal. Une grande partie du travail de Dawson est caractérisée par une évolution constante vers un son plus dur et de plus en plus pointu en particulier avec son projet Hen Ogledd (2020). En tant qu’adapte de spectre musical extrême, il n’est pas surprenant qu’il ait sauté sur l’occasion d’enregistrer un album avec le groupe de métal expérimental finlandais Circle. Circle est un groupe finlandais de hard rock progressif, qui s’est fait connaître avec ses productions de plus de 50 albums ambitieux.
Fatalement ce qui devait arriver arriva : Richard Dawson et Circle se sont réunis dans un studio scandinave, juste avant les confinements.
Et le résultat de cette collaboration est un album concept sur la botanique historique nommé “Henki“. Après tout, Dawson est un musicien dont les chansons ont abordé des sujets aussi vastes et spécifiques que les voyages dans l’espace, le football et les inondations.
Circle pendant leur logue discographie ont expérimenté différents styles (ambiant, prog, krautrock, folk metal, etc..) marquant cette fois leur volonté de s’adonner aux complexités exigeantes de Dawson avec une combinaison entre folk-rock psychédélique et paysages sonores impressionnistes.
Ce qui frappe vraiment dans cet album “Henki“, ce n’est pas le choc de deux cultures musicales différentes qui s’affrontent, mais la subtilité de la narration et la sensibilité mélodique qui se cache derrière les 7 chansons. Incroyablement subtiles et fouillées.
Dans le troisième titre “Silphium“, Dawson prouve qu’il est passé maître dans l’art d’extraire des émotions inattendues de lieux insolites, et ici la délicatesse sert une fine mélancolique. Basée sur l’histoire de la plante silphium, également connue sous le nom de laserwort, qui était prisée dans l’antiquité pour ses propriétés curatives et à des fins culinaires mais qui a disparu depuis longtemps. Ce qui pourrait être une chanson didactique devient une méditation sur la perte et la séparation, extrêmement contemporaine.
Livy est quant à lui plus instantanément dramatique, avec une section instrumentale de métal progressif entourée d’un récit délicieusement dérangeant qui relie le mythe de Dionysos (dieu du vin) aux vignes. En son cœur se trouve la juxtaposition paradoxale du plaisir et du poison. Une idée qui trouve un débouché non seulement dans la riche narration de Dawson, mais aussi dans les changements musicaux entre mélodie et discordance.
Le reste de l’album est similaire en termes de sensations, extrêmement varié dans l’exécution. Sur chaque morceau, Dawson nous raconte l’histoire d’une plante en particulier tout en nous racontant quelque chose sur nous-mêmes, intime et étrange en même temps…
Dawson & Circle gardent le rugissement de “Pitcher” pour la fin. Le titre ressemble étrangement à un duel succulent de guitare folk-rock se battant avec du synthé des années 80 qui transporte l’album jusqu’à ses derniers instants d’illuminations, dans lequel les protagonistes grimpent dans la bouche parfumée d’une plante carnivore géante tandis que Dawson répète plusieurs fois l’expression « tour de la mort ». C’est dingue, non ?!
Il n’y a sans doute pas beaucoup d’autre auteur-compositeur travaillant au niveau d’imagination telle que celui de Dawson. Qu’il atteint avec encore plus de brillance avec Circle. Il a trouvé là un groupe dont la richesse, la variété et l’adaptabilité est parfaite pour sa vision unique de la musique.
Henki est déjà un sérieux concurrent pour l’album de l’année.
Ecouter https://richardmichaeldawson.bandcamp.com/album/henki
Dispo ici > https://www.dominomusic.com/releases/richard-dawson/henki/cd
Stef’Arzak