RELEASE PARTY « LUST4LIVE.FR » AU BISTRO DE LA CITE (PART 2) – GIL RIOT + TCHEWSKY & WOOD

Red ayant mis la barre (très) haute la veille, avant de s’évaporer dans la nuit comme la part de anges, ce sont Gil Riot puis Tchewsky & Wood qui prennent le relais flamboyant lors de la seconde soirée de la release party L4L, samedi 7 septembre 2019. Le Bistro de la Cité est cette fois plein à craquer. On reconnaît Christian Dargelos (Les Nus) et Pierre Corneau (Marc Seberg) parmi la foule. La soirée peut démarrer…

20h15. Gil Riot rentre en scène.

Figure de la scène musicale bretonne, ayant bourlingué sa guitare dès le début des années 80 au sein de P.38, des Conquérants, de Casse Pipe, Rio Cinéma Orchestra, Scenic Railway, Les Volfoni… Gil Riot entame un set de ballades tourmentées et romantiques issues de ses deux albums solo, « Felicity Road » (2015, label Beast Records) et le très varié « Whisky On Your Wounds » (2019, labels IDO Productions et Beast Records), tous deux marqués par le répertoire folk-rock-blues US et des sonorités seventies.

Pour Seb Blanchais, le boss de Beast Records, Gil Riot, c’est « Alex Chilton qui joue Bob Dylan » et que rejoindrait Doc Watson, un autre natif de Caroline du Nord, pour faire le boeuf.

Gil joue la musique de son adolescence, lorsqu’il rêvait de parcourir en stop les routes et de croiser au hasard du chemin d’autres outlaws de la musique country folk : Townes Van Zandt, Willie Nelson…

Son jeu de guitare est pur, exempt de fioritures, en dehors des modes.

L’impression de fluidité dans le jeu est immédiate dès le premier morceau du set, « Awful Night », malgré la lourdeur du sujet (l’attaque du Bataclan le 13 novembre 2015 alors qu’il vivait à Paris à cette période) jusqu’au dernier, « We Need Angels » (sur la douleur de la perte des amis trop tôt disparus). « Muddy Waters Show » narre la soirée du 24 juillet 1981 à Concarneau où, à l’âge de 13 ans, il assista au concert de « The Living Legend » dans le cadre du Festival des Filets Bleus.

S’en suit un clin d’œil amical à Dominic Sonic (*) : « J’ai pensé massacrer une de ses chansons mais comme c’est mon ami… je préfère lui dédicacer « Let’s Pretend », une reprise de The Saints ». Qu’il exécute magnifiquement.

Le Bistro jubile et les applaudissements sont fournis à l’endroit de cet artiste incontournable de la scène rennaise.

 

21h15. Tchewsky & Wood.

Je me souviens les avoir découvert le 16 septembre 2017 au Liberté à Rennes en première partie de Marquis de Sade et avoir (déjà) été très impressionné par leur set puissant et hypnotique. Tchewsky & Wood est né de la rencontre de Marina Keltchewsky (chant, synthétiseur) et de Gaël Desbois (percussions) (ex-batteur de Miossec, Laëtitia Sheriff, Dominic Sonic, Santa Cruz, Mobiil, Del Cielo), auxquels s’est adjoint Maxime Poubanne, issu du milieu Noise (Around Us, Standby, Airfield, We Are Van Peebles), depuis mars 2017.

Habitués du Bistro de la Cité – ils y jouent ce soir pour la sixième fois en trois ans -, Marina a posté un message sur les réseaux sociaux deux jours avant le concert : « Comme on aime bien les petits défis Tétris, on va essayer de tenir sur la scène avec deux synthés, une guitare, une basse et deux batteries ; pas dit qu’on bouge beaucoup… Donc pour ça, on compte sur vous ! ».

Son vœu aura été exaucé plus encore qu’elle ne l’imaginait ! Car dès l’entame du set, le mélange de new/cold wave, de sonorités technoïdes et électro, engage le public dans une ambiance sombre et dansante.

Il se dégage de Marina un magnétisme rare : visage rayonnant, regard intense envoûtant, voix grave et profonde (la gutturalité de la langue russe ?) captivante. Les titres, chantés tour à tour en anglais, français, russe et romani, sont issus du répertoire tzigane russe et balkanique (rien à voir avec le « Seigneur de Levallois » on vous rassure !).

L’aisance de Marina est bluffante et l’on se dit que sa posture en scène doit beaucoup à son métier de comédienne de théâtre, qu’elle pratique en parallèle de la musique.

Ses deux complices ne sont pas en reste : les percussions martiales de Gaël et l’alternance des rythmes qu’il insuffle donnent le départ de transes imparables sur chaque morceau ; on y plonge avec délice, mûs par l’envie incontrôlable de danser. La guitare de Maxime a désormais pleinement trouvé sa place et apporte un surcroît d’amplitude aux compositions.

Le set intègre les titres du premier EP « Chapter One » (2018) et de l’album « Live Bullet Song » (2019, label Poch Records), entrecoupés d’une reprise magistrale de « Dancing Barefoot » d’une autre chanteuse charismatique, Patti Smith.

La chaleur est intense et l’ambiance à son paroxysme, digne des plus belles heures du Bistro ! Jo Pinto Maïa (encore une grande figure rennaise) me glisse que ce set est le meilleur que Tchewsky & Wood ait donné au Bistro jusqu’alors !

« Love She Said » conclut le set. Le public est heureux, les yeux pétillent et les sourires s’affichent sur les visages.

Après une telle prestation époustouflante, on réalise dans l’instant que la dimension prise par le trio leur ouvre le champ des possibles en matière de scène. 

POST-SCRIPTUM

Au moment de clôturer ces deux jours magiques, je ne peux m’empêcher d’avoir une pensée pour Tonio Marinescu, disparu en décembre 2016. Tonio avait partagé d’innombrables concerts et moments de vie avec Red, Philippe Tessier, Gil Riot et Gaël Desbois. À travers ses anciens complices musiciens, « Le Mariage de la Lune », un de ses tableaux accroché au mur du Bistro près d’un crash sur lequel il avait écrit de sa main « Crash ta race Man !!! », je suis convaincu que de là-haut, Tonio était des nôtres pendant ces deux soirs et que, sans l’avoir réalisé plus avant, la programmation n’était peut-être pas si fortuite…