Portals

Le guitariste est une figure incontournable du groupe de rock. Il bénéficie d’une aura particulière auprès des fans. Le mythe du guitar-héro est présent depuis le début de la diffusion de la musique par les nouveaux médias de masse. En particulier via la TV et clips vidéos (MTV), supportés par une presse musicale de plus en plus importante, friands de figures et héros des temps modernes à mettre en avant.

C’est l’Homme, le compositeur, le beau mec, le musicien avec son instrument qui dispose d’un grand pouvoir. Qui porte au firmament la chanson avec le solo et les notes justes. Prolongement physique et technique de sa création, magicien de la muse à six cordes, figure phallique dans certains cas, outil de séduction pour d’autres. Jimi Hendrix d’abord, Jimmy Page, Angus Young dans un second temps. Arrivera le renouveau avec Eddie Van Halen et sa technique du “tapping” qui ouvrira de nouveaux horizons pour tous les guitaristes en herbe. Kirk Hammett  est le produit de cette culture, du hard rock et de l’attitude punk. Il sera logiquement le symbole du nouvel archétype du guitariste métal, en intégrant  Metallica en 1983. Groupe qui va redéfinir les lignes de la musique extrême du début des années 80 avec le “thrash” et ses deux premiers albums ” Kill ’em all “ et “Ride the Lightning”  .

Kirk Hammett arrive enfin avec son premier EP.

Hammett sans transition

Portals – Kirk Hammett – Blackened Recordings 2022

“Avec cette musique, les influences sont très ouvertes. Il y a une énorme influence classique. Il y a aussi une influence du flamenco. Il y a un peu de jazz ici et là. Il y a des accords dans cette musique que je n’aurais jamais pensé à utiliser avec Metallica.”

Kirk hammett – The Mercury News

Rester humble car je ne maitrise absolument pas la six cordes et je reste admiratif de celles et ceux qui jouent de la guitare. Je dois aussi garder toute objectivité sur cette première tentative du six cordiste de Metallica. Qui à fait l’objet d’un véritable culte dans ma jeunesse.

Attendre presque 40 ans pour une écouter une première échappé musicale concrète est un évènement que certains d’entre nous attendions depuis longtemps ! Excepter une apparition en 1986 avec le groupe punk Septic Death. Et sa participation sur un seul titre, à la B.O du film ” WTF ” Spawn (1997) avec Satan Orbital. Les compositions de “The Ripper Kirk Hammett “reste pour le groupe de Frisco, point barre.

Loin des sportifs du manche, Kirk Hammett nous présente son 1er bébé : Portals avec des moyens financiers important. Et une sortie le 23 avril 2022 à l’occasion du Disquaire Day. Ce qui est sûr c’est ce premier opus bénéficie d’une belle production !  Notamment par la présence Bob rock producteur du Black Album au mixage. Entouré et accompagné par de bon musiciens et cerise sur le gâteau une collaboration avec le L.A Philarmonic Orchestra. Cette première galette ne laisse pas insensible ou du moins suscite de la curiosité. Visuellement la pochette est sublime, il y a une réel recherche graphique dans la composition et dans la typo. Nous arrivons bien sur une autre planète, un autre monde et une autre couleur. L’image classique du guitare-héro n’est pas présent sur la cover du premier EP. Et c’est très bien ainsi.

Kirk Hammett – 2022 – Crédit BandCamp-

Dispensable Héro ?

“La musique de High Plains Drifter venait initialement d’un morceau de flamenco que j’avais écrit. C’était un morceau de deux minutes et demie, et je l’aimais beaucoup, mais c’était l’un de ces riffs qu’il serait difficile d’intégrer à Metallica.”

“Il n’était pas destiné à être spécifiquement une musique pour ce film, mais une fois écrit, j’ai immédiatement pensé qu’il véhiculait le même sentiment que le film, et le morceau a donc été baptisé en conséquence”

KirK HAMMETT

Le premier single ( le seul ? ) extrait est “High Plains Drifter” est en ligne accessible depuis quelques jours. Titre qui est influencé par le film avec Clint Eastwood (1973). Morceau supporté par une excellente  vidéo, mêlant cinématique et références à des films et comics book. Ce dernier illustre parfaitement le morceau et il rend encore plus digeste le titre – voilà, j’ai pas tenu longtemps. On reconnait bien son style et ses envolées avec la pédale wah-wah, rythmique répétitif, syncope, chiant au possible – je recommence.  Il y a que le dernier titre  “The Incantation” qui sauve la mise à mes yeux. Voilà c’est dit. Les deux autres titres étant sans saveur, digne d’intérêt en 1989 mais plus maintenant.

Avec cet EP, j’ai l’impression qu’il découvre l’eau ou qu’il est libre pour la 1er fois. Mais franchement, nous sommes à des années lumières des musiciens qui explorent l’instrument et qui bousculent les frontières des sons :  Mathias I.A EKlund, Steve Vai ou Christophe Godin pour ne citer qu’eux. Ils ont franchis les frontières il y a longtemps et nous ont offert des albums sans équivalent. Timing parfait le nouveau Joe Satriani nous balance aussi dans les bacs, un magnifique nouvel album “The Elephants Of Mars”  que vous pouvez découvrir via son nouveau singleSahara“. Album, qui avec ses 14 titres, prouve encore une fois le talent de l’ancien prof de Kirk. Et curieusement il adopte aussi une pochette sans photo de lui comme à son habitude. Détail qui à son importance puisque la dernière fois c’était pour ” Surfing with the Alien” en 1987( Le dessin de la pochette est tiré du premier numéro du comic Silver Surfer (1982), dessiné par John Byrne / La division Alpha / X-Men / Fantastic Four).

Revenons à Portals. Il est bien le fruit tardif d’une réel envie de composer des choses différentes. De nous présenter une autre vision du sacrosaint guitariste à l’origine du titre ” Creeping Death ” ! C’est aussi une façon de mettre en avant son amour franc pour la guitare et sa passion du cinéma d’horreur et les comics book. Oui Kirk se fait plaisir et cela s’entend. Mais pour moi, il n’y a pas d’émotion, c’est  juste un patchwork de plans et riffs qui doivent être présents depuis des années sur les K7 démos du guitariste, sans réel construction au final.

Alors c’est quoi qui ne va pas dans ce EP ? Le manque de reconnaissance dans son groupe ? Visiblement, non puisqu’il a eu la bénédiction de James, Lars et Robert dans le processus de création et la diffusion via Blackened Recordings. Est-ce la réputation de boulanger du métal sur scène,  qu’il se traine depuis des années ? Ou l’envie de convaincre le public et les fans du groupe qu’il mérite bien sa place parmi les 100 meilleurs guitaristes ? Peut être, lui seul le sait. Finalement c’est simplement moi. Le fait de vieillir  ( devenir moi aussi un vieux schnock ) et de constater amèrement qu’il n’était pas aussi techniquement bon que l’image que j’avais de lui à 13 ans ? C’est certain. Mais comme mentionné plus haut, j’ai un énorme respect pour les gens qui savent jouer de la guitare et pour Mr Kirk Hammett, qui représente à lui seul, une grande part d’humanité dans le groupe des Met’s.

Si Portals se veut un hommage au cinéma, je préfère une démarche artistique comme celle de Serge Teyssot-Gay et l’interaction qu’il propose lors des ciné-concert : 

Pour en finir, le travail de Kirk Hammett  est réellement sincère. Imparfait, certes selon mes critères d’aujourd’hui. Mais à le mérité d’exister enfin. Il restera le guitare héro de mon adolescence – le solo de “One” est pour la vie dans mon top-five. Mais comme le titre de l’EP le sous entend,  il nous invite à passer à autre chose – enfin ce qui me concerne et depuis longtemps.

Ekimr

Je dédie cet article à Mike, 13 ans qui était avec sa petite guitare en carton.


Line Up:

Kirk Hammett // guitars
Edwin Outwater // keyboards
Greg Fidelman // bass
Jon Theodore // drums
Abraham Laboriel // drums
LA Philharmonic Orchestra

Tracks Lits:

1. Maiden and the Monster
2. The Jinn
3. High Plains Drifter*
4. The Incantation **



Liens :

BandCamp : https://kirkhammett.bandcamp.com/album/portals

Illustration et copyright : Mike Rouault