Une incandescence maîtrisée.
Le 2 avril 2025, au cœur du parc du Thabor, sous la grande nef duveteuse du Cabaret Botanique, Last Train a offert au public rennais un moment de pure intensité. À l’occasion du Festival Mythos, le quatuor alsacien est monté sur scène avec la ferme intention de rappeler que le rock, loin d’être un vestige du passé, demeure un langage furieusement vivant, capable de transcender les corps autant que de bouleverser les esprits.
Dès les premières mesures de Home, tiré de leur troisième album sobrement intitulé III, une tension palpable a envahi le Magic Mirror plein a craquer. Au-delà de l’affiche de cette soirée rock alléchante, entamée par le fabuleux duo KO KO MO, il s’agissait aussi d’un rendez-vous immanquable pour beaucoup d’entre nous qui avions découvert Last Train au Bars en Trans en 2014. La voix puissante et chargée de fêlures de Jean-Noël Scherrer, le jeu nerveux et incandescent de Julien Peultier à la guitare, la rigueur rythmique de Timothée Gérard et Antoine Baschung : tout concourait à tisser une matière musicale brute, presque organique.
Last Train semble avoir abandonné les circonvolutions esthétiques de ses projets parallèles – notamment leur incursion cinématographique avec Original Motion Picture Soundtrack – pour revenir à l’essence même du rock : une urgence. Cette urgence, on l’a ressentie dans chaque morceau, qu’il s’agisse des brûlots récents comme The Plan ou One by One, ou des titres plus anciens, tels que Weathering et The Big Picture, jouées avec une ferveur intacte.
Mais là où d’autres groupes se contenteraient de rejouer leur répertoire avec une précision métronomique, Last Train fait preuve d’une présence scénique toujours aussi intense. Leur cohésion, leur écoute mutuelle, et cette capacité à laisser les silences vibrer entre deux déflagrations sonores, confèrent à leur performance une forme d’élégance sauvage. On pense parfois à Mogwai pour les nappes instrumentales, à Psychotic Monks pour la tension dramatique, à Nine Inch Nails pour ses mélodies magnifiques, mais Last Train reste fidèle à son propre vocabulaire, où le calme n’exclut jamais la rage.
Le public, lui, ne s’y trompe pas. Loin de rester spectateur passif, il a été saisi, embarqué, électrisé. Il y avait quelque chose de l’ordre de la communion – celle qu’on aime retrouver lorsque les artistes incarnent l’énergie collective qu’ils invoquent avec passion.
Ce concert était une vraie déflagration, la déclaration d’amour intense d’un groupe qui, sans renier ses aspirations exploratoires, choisit de renouer avec ses fondamentaux pour mieux s’y redéployer. En cela, leur passage à Mythos 2025 était un temps fort du festival, poétique, bienveillant, bouleversant, violent et brûlant encore comme au commencement.
Photos Stéphane Perraux


































