ON VEUT DU ROCK JOYEUX !

Je ne sais pas si vous avez remarqué mais ces derniers temps, la mort rôde à nouveau et nous maintient dans un mood noirâtre. Ça calanche à tout va, ça va ad patres, ça casse sa pipe. Les morts s’enchaînent à la vitesse des triples-doubles de Simone Biles. L’Ankou nous fauche nos génies, icônes, amis… Philippe Pascal, Ginger Baker, Nick Tosches, José Tamarin, Ian Craddock, Abel Souidi… et les voilà plus proches de la lumière.

Comme toujours, et pour ne rien arranger à la morosité ambiante, l’actualité fournie dans les foyers est (Julie) pétrie de mauvaises nouvelles : Sylvie Goulard recalée de la Commission de l’UE (pardonnez mon ironie), ce petit lutin au chômage qui s’est suicidé en se jetant du haut d’une girolle (terrible) ou encore ce pétomane suédois qui s’est mis la tête dans le cul et s’est suicidé au gaz (navrant).

Il en va de même dans le domaine musical avec les sorties récentes de « Ghosteen » de Nick Cave ou de « All Mirrors » de Angel Olsen. C’est beau et introspectif (le maître-mot dont les critics rock abusent pour signifier que c’est d’une tristesse abyssale, à rester au fond de son lit, à se morfondre comme neige au soleil noir et développer son gliome en toute solitude) mais force est de constater que ça fout un bourdon terrible.

On fera une exception notoire pour Robert Smith, notre boute-en-train désopilant préféré depuis 40 ans, seul capable de nous rendre heureux avec des chansons dépressives ! D’autant plus qu’il vient d’annoncer la sortie non pas de un, non pas de deux mais bien de trois albums prochainement !!! Le premier d’entre eux, « Live from the Moon » (titre provisoire), possiblement pour la Saint Sylvestre !

Donc le mot d’ordre est lancé : reprenons-nous que diable !

Tournée de luminothérapie pour tout le monde, mettez-ça sur ma note patron !

Oh oui, je sais, je fais le malin et j’avoue que moi-même parfois, rattrapé par je ne sais quel événement funeste, je peux, pour tenter de l’oublier, me défoncer jusque tard dans la nuit avec force bédos à base de feuilles de fraisier sauvage, de sarriette vivace et de laitue vireuse (un cocktail détonnant) ou à grands coups de pintes de Cacolac© (je vous dévoilerai l’intimité de ma vie chocolatée un autre jour).

On veut du « rock joyeux » comme le chantait Hubert Félix Thiéfaine, de la résilience (Armstrong) !

Tiens par exemple, l’éclaircie pourrait bien venir du dernier album « Devour You » (alléchante promesse s’il en est !) du quatuor californien Starcrawler, mené par la chanteuse déglingo au nom de coureur cycliste flahute, Arrow de Wilde, dont les prestations scéniques sont annoncées à grands coups de sang, plus exorciste que jamais, à ne manquer sous aucun prétexte au Petit Bain le 20 novembre prochain, le même soir que Temples au Trabendo (« Choisir c’est renoncer » comme disait Gide ou « Choisir ce n’est pas renoncer, c’est préférer » comme disait ma grand-mère en évoquant ses multiples amants. Je vous dévoilerai la vie tumultueuse de mon aïeule un autre jour).

Et puis il y a le trio franco-américain-espagnol Slim & The Beast et leur tube indie pop folk « Lisbon », furieusement estival et rafraîchissant en ces temps où « la France a peur » pour reprendre la phrase culte du peu rassurant Roger Gicquel. Slim & The Beast est la promesse d’un automne sans fin dans vos p’tits cœurs de rockers et leur artwork coloré est capable à lui seul de redonner la banane à quiconque se serait envoyé en boucle le Greatest Hits de Pierre Bachelet un soir d’hiver pluvieux à Maubeuge.

Le rock n’est pas mort, vive le rock et vive la vie !

JP. M.