Dans un pays livré aux milices armées, l’appât du gain domine, les femmes ne sont que peu de choses et le viol, voire la mutilation, est une arme de guerre comme les autres. Muganga – Celui qui soigne » rend hommage à un pasteur Prix Nobel de la Paix. Le film est à pleurer.
Denis Mukwege est pasteur et gynécologue en République Démocratique du Congo. Engagé dans son pays, au-delà de son travail, pour la cause des femmes, il n’a de cesse, souvent au mépris de toutes considérations religieuses, de venir en aide à toutes à toutes les victimes de violences sexuelles. Et elles sont nombreuses tant cela pourrait presque apparaître comme une coutume locale. Bientôt, un chirurgien belge, Guy-Bernard Cadière, est séduit par le discours du pasteur Mukwege et décide de l’aider dans sa tâche.
Isaach de Bankolé, Valois du Meilleur acteur
Dans ce film particulièrement fort et réussi, Marie-Hélène Roux, la réalisatrice et scénriste, met en exergue l’action des médecins, plus particulièrement celle de Denis Mukwege, joué avec justesse par Isaach de Bankolé. Il a d’ailleurs reçu en août dernier au festival d’Angoulême le Valois du meilleur acteur pour son interprétation.
Le quotidien dans l’hôpital de Panzi
Concrètement, tout est parti d’un livre, « Panzi », écrit par les deux personnages centraux du livre, à savoir les deux médecins. Il livre raconte le quotidien dans l’hôpital de Panzi, là où sont soignées les femmes traumatisées, victimes d’un viol, voire mutilées, par des soldats sans foi, ni loi. Elles sont ainsi des milliers, le plus souvent victimes de viols et de tortures en tous genres uniquement motivées par l’appât du gain.
Ici, au Rwanda, en République Démocratique du Congo aussi, l’abondance des ressources naturelles autorise tous les outrages. Et depuis 1994 et le génocide rwandais (800 000 morts, ce n’est pas rien), le viol est devenu une arme de guerre presque banalisée. Les deux guerres du Congo, en 1996 et 2003, n’y changeront rien, le pays reste toujours sous l’emprise d’une véritable incandescence militaire. L’élection de Joseph Kabila n’a rien changé non plus. Milices et gangs armés sèment toujours la terreur en République Démocratique du Congo.
Le traumatisme du viol
A Angoulême, l’équipe du film distribuait des petits pansements « très symboliques » en signe de reconnaissance. Un lobbying actif pour défendre une cause, celle des femmes maltraitées, et le mot est faible, en Afrique noire. Des femmes à reconstruire dans leur totalité tant le traumatisme du viol ou des mutilations est ignoble.
En 2025, malgré un sous-sol contenant 80% du cobalt et du coltan mondial, cela sert à faire marcher les téléphones portables, la République Démocratique du Congo reste l’un des pays les plus pauvres du monde.
Trois Valois au total
Logiquement, le film a fait une petite razzia sur les Valois, les récompenses du festival du Film Francophone d’Angoulême. Issac de Bankolé a obtenu le Valois du meilleur acteur et le film a également été récompensé par Valois du public et par le Valois des étudiants francophones.
Une belle rampe de lancement pour un film hommage à un homme a reçu en 2018 le prix Nobel de la Paix.
Le film sort en salle le mercredi 24 septembre 2025
Pour en savoir plus : https://panzifoundation.org/fr/dr-denis-mukwege/

Vendredi 29 aout 2025
Le Franquin
Festival du Film Francophone d’Angoulême – (c) Patrick Auffret