En mars dernier Villa Fantôme, duo formé par Pierrot et Manu (fondateurs de La Ruda), nous dévoilait en mars dernier leur premier album éponyme. Dans cet opus, en français dans le texte, ils déboulent tour à tour les rythmiques rocks, ska et punks d’une classe folle. Cette union sacrée, qui porte haut le pavillon noir irrévérencieux de leurs chansons, crache aux étoiles leurs désirs et leurs ivresses de vivre avec un plaisir communicatif, où rien ne semble pouvoir empêcher la mise en mouvement. A cette occasion nous avons posé quelques questions aux deux frères d’armes pour mieux en comprendre les mystères.
Quelle était votre motivation initiale pour fonder ce nouveau combo ?
Notre envie était avant tout de refaire de la musique ensemble, d’inventer un présent qui nous permet de créer, de retrouver l’odeur des répètes, de la scène… J’oserais dire de garder nos vingt ans. Avoir un projet, des chansons à écrire, est très important pour nous au-delà du succès de l’entreprise.
Selon vous, quelles sont les différences principales entre La Ruda et Villa Fantôme aussi bien au niveau esthétique qu’au niveau de la composition ?
Avec La Ruda, nous avions pris une direction plus “latino” en grands fans de La Mano. Avec Villa, on tend à être plus “british” dans le son, à l’image des groupes qui ont marqué notre jeunesse comme les Specials, Madness, le Clash ou même Cure. On s’est imposé d’avoir un clavier pour penser différemment et de n’utiliser la trompette qu’à dessein. Avec La Ruda, on avait fait du bon boulot, l’idée était de ne pas reproduire la même chose même si l’influence transpire, qu’on le veuille ou non, ce qui est assez logique, car déjà à cette époque on composait essentiellement tous les deux. Nous essayons aujourd’hui de trouver un autre chemin en variant les tempos et les débits. Je m’interdis pour exemple d’avoir des chansons-fleuves. Par rapport à la Ruda, il y a beaucoup moins de mots comme sur mon disque précédent (Tigreville). C’est un cahier des charges qui nous oblige. On n’invente rien, mais pour nous c’est déjà un défi. Le rock français est toujours un pari d’ailleurs, car il est difficile d’allier la langue de Molière aux sons d’Outre-Manche.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur cette mystérieuse Villa Fantôme où vous cohabitez ? Comment avez-vous élaboré cet album ?
Villa Fantôme a été pensé pendant la période du confinement d’où notre nom. À cela, il faut ajouter la référence aux Specials et leur morceau “Ghost Town”, titre de première classe dont nous recherchons l’esthétique. Nous avons pensé l’album en partant de ce morceau afin de définir un premier axe. Initialement l’idée était de faire un 45 tours, mais le contexte sanitaire nous a donné du temps pour passer du 45 au 33. Pendant cette période difficile, avoir un projet a été salutaire. Une fois l’album écrit nous avons cherché des musiciens pour nous accompagner. Ils ont su par leur talent mettre en lumière les morceaux.
Vous vous connaissez depuis longtemps maintenant. Comment faites-vous pour ne pas vous lasser de faire de la musique ensemble ?
On s’est rencontré au lycée à Saumur. On a fondé La Ruda et claqué plus d’un millier de concerts ensemble. On se connait très bien et cela nous permet d’avoir une ligne commune en termes de création. Nous tenons à garder la main sur la temporalité et la direction du projet. La musique est souvent une affaire de binôme. À notre niveau, on sait qu’ensemble on est meilleur. Cependant avoir eu des projets différents après La Ruda nous a été bénéfique.
Pouvoir défendre sur scène votre nouvel opus est forcément excitant. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?
Tout nous manquait… Composer, répéter, enregistrer, mais la scène est le grand projet. On fait ça depuis 30 ans et on ne s’en lasse pas. C’est un souffle dont on a besoin, notre définition de l’aventure.
« Sentimentale n’est pas la foule » est un titre fort presque schizophrénique. Qu’elle en est le sens caché ?
C’est une course folle, une énergie mal contrôlée… L’exemple d’une humanité qui parfois déraille wagons dans le ravin. C’est du rock ’n’roll.
Le titre « Série noire » est particulièrement réussi dans la fusion entre les ivresses de la séduction et les frissons des fantasmes nocturnes. C’est aussi le côté charnel qui s’exprime là ?
C’est l’histoire d’un fantasme en effet… Celui des corps dociles, de l’argent facile…C’est l’arrogance qui vaut candeur et c’est la chute.
L’esthétisme du clip est par ailleurs très cinématographique et en souligne encore la moiteur. Dans vos nuits blanches, vous êtes roman noir ou film noir ?
Les deux mon cher monsieur… “Série Noire” est un morceau qui joue avec ces codes. L’idée de jouer est importante. On invente des personnages et on se plait à y croire.
Globalement si je ne me trompe pas, dans cet album il y a une volonté de mettre en avant une facette voyou classieux qui transpire ?
Oui tout à fait… “Too much class for the neighbourhood” comme disaient les “Dogs”. C’est l’image un peu surannée du rockeur… On joue à être Elvis ! Y’a un côté gamin dans cette affaire et c’est tant mieux sinon rapidement on s’emmerde.
Dans vos chansons il y a aussi une véritable recherche des mots justes qui sonnent et résonnent. C’est dû à votre culture littéraire ou musicale ?
Les deux certainement. Je pense que pour bien écrire il faut savoir bien lire et bien écouter. Pour ma part la sonorité, le rythme des mots sont la clef ; à charge pour moi ensuite de donner du sens à l’ensemble.
La suite pour Villa Fantôme, à quoi ressemble-t-elle ?
Nous avons déjà la face A du prochain disque, mais pour l’heure nous espérons beaucoup de concerts pour bien défendre le premier sorti en mars.
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