“Les Animaux Fantastiques-Les secrets de Dumbledore” de David Yates. Do you believe in Magic?

“Destructum!”
Une pluie de sortilèges va s’abattre sur ma face mais je l’avoue, je n’ai jamais été un grand admirateur de la saga “Harry Potter” ni de son prequel ” Les Animaux Fantastiques”. Je leur reconnais, à tous deux, une maitrise de la narration hors-pair mais je leur préfère l’épopée intergalactique de George Lucas, le chemin de croix de J.R.R. Tolkien ou les aventures passionnantes du plus célèbre des archéologues.
Est-ce dû à l’univers dépeint ? A un désintérêt poli pour l’œuvre majeure de J.K. Rowling ? Une question de génération ? A bad feeling about this ? Impossible à dire.
Bien entendu, les talents de Chris Columbus, Alfonso Cuaron, Mike Newell et David Yates ne sont plus à démontrer et la distribution “so british” un régal pour tout cinéphile. Incontestablement, le sorcier binoclard porta très haut le divertissement familial durant plus d’une décennie.
Mais, à la suite des “Reliques de la Mort”, mon attention se porta vers d’autres sphères cinématographiques sans que ces “Animaux Fantastiques” ne relancent la machine.
La faute à un rythme mollasson qui imprègne aussi bien le premier opus de cette nouvelle franchise que le second. David Yates semble embourbé dans un synopsis beaucoup trop léger et développe longuement le caractère de ses personnages et l’environnement dans lequel ils évoluent.
Point de noirceur trop prononcée, point de coup d’éclat. Tout est lisse, propret et convenu.
Certes, Eddie Redmayne, Katherine Waterstone, Dan Fogler, Alison Sudol, Jude Law, Johnny Depp et Colin Farrell donnent le meilleur d’eux-mêmes, la photographie est sublime, les FX remarquables de poésie et la réalisation-tantôt enlevée, tantôt posée- en adéquation avec son sujet…mais rien ne me traverse.
Qu’attendre, alors, de ce dernier volet si ce n’est un blockbuster sous formol ?
Bien plus maitrisé que “Les crimes de Grindelwald”, ” Les secrets de Dumbledore” est un enchantement.
C’est avec beaucoup d’ingéniosité que le réalisateur de “Tarzan” place ses étapes scénaristiques sans que l’ensemble ne soit bancal ou déséquilibré.


Les scènes d’exposition-nécessaires- sont, ici, ensorcelantes et tutoient, avec fluidité, des morceaux de bravoure attendus.
Pour preuve, cette scène d’introduction gonflée basée sur un simple échange verbal. David Yates, l’air de rien, rend hommage à “Heat” de Michael Mann et transcende ses dialogues par un jeu de séduction des plus troublants. Dans ces questions-réponses à double tranchant, la présence magnétique de Mads Mikkelsen face à un mystérieux Jude Law sonne comme une évidence. Loin de dupliquer l’attitude rock n’roll de Johnny Depp (sa dégaine destroy, sa crête à l’iroquoise et sa diction glaçante), l’interprète danois minimise ses gestes et opte pour une sobriété bienvenue.
Il en est de même pour ses acolytes qui semblent retrouver des couleurs dans un décor bicolore, loin du statisme entrevu précédemment.
Une poignée de rebelles contre le Monde entier et ce sont les 7 Mercenaires qui semblent se matérialiser sous nos yeux.
De surcroit, dans ces “Secrets de Dumbledore”, plusieurs passerelles sont tendues vers la franchise iconique tout en s’en affranchissant.
Ainsi, rien n’est totalement dévoilé et c’est par touches successives que l’on devine la personnalité complexe du directeur de Poudlard.
La caractère politique en pays Moldu est aussi évoqué, répondant aux troubles qui agitent la société des Magiciens.
Enfin, de nombreuses scènes cruelles contrebalancent leurs effets avec un humour décalé et “pince” sans rire avec, pour point d’orgue, un duel/tango “cœur à corps” qui emporte définitivement notre adhésion.
Etonnant, enthousiasmant et d’une grande intelligence vis-à-vis de son public (l’homosexualité d’une figure importante est évoquée sans détour et sans “pink washing” à la “Jungle Cruise”), cet épisode marque un tournant dans cette épopée populaire et surnaturelle.
Enfourchez votre balai et rejoignez la bande !
Qu’importe si, tout comme moi, vous vous engluez dans des ramifications que seuls les aficionados décèleront, le plaisir de retrouver une formule gagnante est immense.
“Locomotor Barda! Petrificus Totalus! Lumus Solem!”.

John Book.

Crédit photo : WARNER BROS / JAAP BUITENDIJK