« Wild at heart » ! Parfois, la tristesse se traduit, chez l’humain, par une volonté exacerbée de bousculer l’horrible souffrance d’un quotidien silencieux. C’est ainsi que cette souffrance masquée sous la colère brutale dévoile notre part animale. Mais que la tristesse soit franche ou masquée, elle se nourrit toujours d’un désir profond de révolte. Une révolte qui s’exprime pour nos égos, pour notre amour de l’autre perpétuellement bafoué par nos prisons de convenances, pour le chaos qui règne dans l’ombre de notre évolution démesurément aveugle.
A l’image de nos rêves d’enfant devenus frustration d’adulescence, notre désespoir puise sa rage d’expression dans le fond de notre cœur d’un désert aride qui ne demande qu’à être arrosé d’espoir fraternel, unilatéral, érigé vers un respect commun de l’être vivant diversifié par-delà les frontières. Homo erectus en nous voyant, n’aurait pas de quoi rire, ou alors d’un rictus jaunissant !
ANIMAL TRISTE dévoile titres après titres l’ampleur de son univers onirique cruel de croc et de sueur. On ne peut leur rapprocher cette volonté d’immédiateté, surtout qu’ils cultivent comme nous le goût de passages à voix claire et le plaisir d’asséner des riffs rapides très rock, appuyés de temps en temps par des passages soft à la limite de la pop.
C’est cela qui séduit les amateurs du genre, force et douceur dans un seul écrin. La plupart des morceaux déjà diffusés (« Sake Sake Sake », « All About ») se caractérisent par cette séparation clairement délimitée, assez brutale, et des passages mélodiques, toujours accompagnés d’un sens complexe dans les textes qu’on nommerait non pas « d’engagé » mais « de volontaire » !
La fraternité est là encore mise en avant dans les propos comme dans les images empruntées au vieux film d’animation « The Plague Dogs » (1982) qui dénonce la cruauté et la violence de l’être humain envers l’animal sous la forme d’une quête homérique menée par deux Canis lupus. Celle-ci ne saurait que trop nous évoquer notre volonté de nous soustraire à cette torture primitive que nous imposent parfois nos conditions modernes.
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