L’ANIMAL TRISTE, AIMANT

“Pourquoi cet animal est-il triste ? Il est triste parce qu’il n’est ni réac, ni militant, ni concerné”… Voici un préambule plus que troublant et pourtant évocateur de liberté. Cette horde variable puissance 6 (composée de membres de Radio Sofa et de La Maison Tellier) se nourrit d’une dysphorie cohésive qui préfère l’ombre à la lumière. En alimentant cette part mystérieuse qui fascine lorsqu’on croise leurs regards, ils avancent à pas de loup avec 4 titres déjà présentés et la scène à venir…
Tentons d’en savoir plus sur les motivations qui se cachent derrière cet animal à l’instinct sauvage et finalement loin d’être triste…

Qui est à l’origine de la formation d’Animal Triste ?
On a formé le groupe il y a 3 ans, à 3 (guitare, batterie, voix), car on avait une volonté commune de défricher des terres qu’on n’avait pas beaucoup (ou assez) occupées jusqu’alors.

A l’instar de la Maison Tellier, la fraternité semble là encore être de mise ! Cette notion d’amitié est-elle finalement plus importante que le reste ?
Bien évidemment, la notion de parcours est plus importante que la réussite et quitte à faire une musique en marge -actuellement-, autant la faire avec ses vrais amis.

Vous chantez en anglais. Pourtant, vous utilisez un nom en français « Animal Triste ». Y-a-t-il là une façon de brouiller les pistes ou s’agit-il d’une désinvolture consciente ?
C’est un choix assez inconscient au départ. Je crois que le titre a plus de rapport avec l’état – et la place – du rock actuel, qu’avec une réelle volonté de brouiller les pistes. Après, l’idée n’est pas non plus de nous cacher. On est un groupe français qui chante en anglais et on l’assume.

Si l’humain est un être au langage évolué, nous oublions souvent que notre communication est d’abord instinctive. Dans votre musique, il semble que l’aspect instinctif soit quelque chose de primordial ? Est-ce une façon de développer votre propre langage musical ?
Oui et non. Disons que l’instinct est de facto ce qu’on perd le plus vite après un premier album, et c’est ensuite ce derrière quoi on court dès qu’on se professionnalise. Aujourd’hui, ce groupe représente la somme de nos instincts un peu enfouis, tout ce qu’on sait faire de mieux mais qu’on a peut-être pas assez exprimé. Il était temps de les réveiller.

Vos clips sont en majeure partie issus de vieux films oubliés datant des années 80.  Y-a-t-il un souhait de revivre, d’une certaine façon, cette époque ? Un peu comme le fondement d’une culture du passé pour en créer une nouvelle aujourd’hui ?  
L’idée avec ces clips était d’aller chercher des “underdogs” comme nous. Des films pour certains passés à la trappe, d’autres qui avaient eu une vie trop courte et de les associer avec notre musique, histoire de dire que rien ne se perdait et que, même si l’audience restait confidentielle, il y avait toujours quelqu’un pour vous écouter ou vous voir. On ne les a pas oubliés.

On sent également un désir de garder votre indépendance, de vous éloigner des chapelles du rock contemporain/actuel ?
C’est difficile de se construire dans un monde qui se déconstruit, et c’est encore plus difficile d’être musicien et de se demander si c’était pas “mieux avant”. Le syndrome vieux con est quand même un sale piège à éviter… La vérité, c’est que ça n’était pas mieux avant mais aujourd’hui, on ne trouve pas toujours la musique qu’on a vraiment envie d’entendre. Alors plutôt que de gueuler parce que rien n’arrive, on a décidé de prendre le chemin du local de répétition. Ce n’est pas pour s’éloigner des chapelles du rock actuel, c’est juste pour en édifier d’autres.

Vous avez enregistré deux titres en live, « All About » et «Shake Shake Shake ». Est-ce une façon de vous exposer comme un groupe de scène clairement rock, un peu à la manière de Fugazi ? 
Absolument ! On a un savoir-faire (de par notre passé commun) et ce n’est pas un péché d’orgueil que de le faire valoir. Les groupes ne sont pas moins bons en vieillissant, ils semblent juste moins nouveaux, alors que le meilleur est peut-être devant eux (pour certains). Alors oui, c’est vrai, on se sent proches de la démarche de The National ou de Nick Cave qui publient moult vidéo lives. Du coup, l’idée que le public nous découvre aussi par ce biais-là nous a semblé logique.

Que pouvez-vous déjà nous dire sur vos projets à venir ?
Avant que le monde ne s’écroule vraiment, on a eu le temps de s’enfermer tous les 6 en studio pour enregistrer des nouveaux titres qui sont actuellement en mixage. On est allé plus loin, encore plus dans l’instinct. S’il y a bien une leçon que cette époque de merde nous aura donné, c’est que rien n’est sûr. Alors autant s’amuser en étant libres.

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