LA VIE ÉTERNELLE DE GUTTERCATS

Le quartier Jourdain (XIXe arrondissement de Paris) fleure une atmosphère populaire de village. On y trouve des coins de campagne bien cachés, une vie artistique très active et un brassage culturel qui en font l’un des quartiers à la fois les plus cosmopolites et conviviaux de Paris. Un quartier qui reste assez méconnu mais qui vaut le détour. Une définition qui siérait parfaitement au groupe parisien Guttercats (« chats de gouttière » en anglais), qui, lui aussi, gagnerait à être plus (re)connu !

Hervé Michel aka Guts Guttercats me reçoit dans son appartement situé au rez-de-chaussée d’un immeuble donnant sur une petite ruelle tranquille. À peine la porte d’entrée franchie, j’ai la surprise d’être accueilli par une haie d’honneur de vinyles rangés sur des étagères murales bondées. Lorsqu’on y porte attention (la curiosité dans ces cas-là n’est que bienfaitrice), c’est la caverne d’Ali Baba et les 40 rockers qui apparaît soudainement : Nick Drake y côtoie Nick Cave, Dave « Jacobite » Kusworth, Johnny Thunders, The Only Ones, Stiv Bators, Gun Club, Chris Bailey, Nikki Sudden… Le tout dans des pressages français et étrangers. J’en ai le tournis rock et me demande « how the hell » notre hôte a-t-il pu ingérer autant de mythes ?

À mesure que j’avance, la décoration singulière à base de têtes de mort se dévoile dans un univers rock prégnant. Je repère sur une autre étagère « Le portrait de Dorian Gray » d’Oscar Wilde, « Mon chien stupide » de Fante, « Les Diaboliques » de Barbey d’Aurevilly ou encore « Les cités de la nuit écarlate » de William S. Burroughs. Last but not least, c’est le 23 Heddon Street de la pochette « The Rise and Fall of Ziggy Stardust & The Spiders From Mars » du londonien à l’anisocorie la plus célèbre qui trône au-dessus du canapé recouvert d’un plaid léopard. De quoi vous sentir, non pas en terrain conquis, mais en territoire connu et bien entouré.

Mi-titi parisien, mi-poulbot rock’n’roll, et parfois Lord dark et gothique dès qu’il revêt son haut de forme, Guts Guttercats est de cette soldatesque rock qui, à force de faits d’armes scéniques éclatants, peut se targuer d’appartenir à la lignée prestigieuse des Dominic Sonic ou autres Didier Wampas. Des faiseux, pas des diseux. Des soldats du rock français qui construisent leur chemin sans clinquance, avec une foi et une constance invariables. Ici, point d’emphase ni de pompeux.

Depuis les prémices des miaulements rock au printemps 2007, le dandy esthète trace sa longue route, sans compromissions, indépendant (à l’image de son animal totem) et avec un talent majuscule. Il délivre un heartbreak Rock’n’Roll félin, arty dans l’âme, mâtiné de paisley underground et de glam-rock classieux, en compagnie de ses acolytes Chris à la guitare, Lick à la basse et Adrien à la batterie.

Guttercats a assuré les premières parties de John Plain (The Boys) / Casino Steel (le clavier des légendaires The Hollywood Brats et de The Boys), de Dave Kusworth (The Jacobites), des Flamin’ Groovies (au Petit Bain en 2016) et de Peter Perrett, le « prince noir du rock anglais », ex-The Only Ones, pour son retour au Point Éphémère le 14 novembre 2017, après plus de 20 ans d’absence. Avec une sacrée anecdote à la clef : « J’ai toujours été fan de The Only Ones et quand j’ai su que Peter Perrett venait jouer à Paris après la sortie de son album How the West Was Won, j’ai cherché par tous les moyens à me positionner pour assurer la première partie » se souvient Guts Guttercats. « Après plusieurs tentatives sans jamais de retour, j’avais fini par laisser tomber. J’étais malgré tout resté en contact avec Xena, la femme de Peter, via les réseaux sociaux. La veille du concert, je reçois un appel téléphonique assez tardif. Je décroche et j’entends la voix de Xena qui me dit : « Peter n’aime pas le groupe qui doit jouer en première partie, il voudrait que ce soit toi qui joues demain ! ». Un moment inoubliable dont votre serviteur, présent dans la salle ce soir-là, se souvient encore avec une grande émotion…

Je défie quiconque de trouver une faille dans la discographie du groupe, depuis son 1er album Pandora’s Box en 2008 jusqu’au dernier en date Follow Your Instinct, sorti en 2018 (on notera au passage la sublime pochette de cet album, mettant en scène l’immeuble Lavirotte situé au 29 de l’avenue Rapp, Paris VIIe, l’une des plus belles façades de Paris, de style Art Nouveau. Un style à l’imagination débordante, laissant libre cours à la création, et donc à l’interprétation… Une définition qui convient pleinement à Guttercats).

Chaque morceau claque comme une mélopée tantôt épanouie, tantôt gothique. Les mélodies s’avèrent catchy, dans le fin dosage de guitares électriques et acoustiques et d’arrangements tout aussi ciselés. Les coups de (g)riffs captivent alors que s’immiscent parfois des ballades comme de subtils entrefilets musicaux.

Malgré cela, « Nul n’est prophète en son pays » comme le souligne l’adage populaire. Ainsi en va-t-il de Guttercats, dont la notoriété est bien moindre en France que chez nos voisins hispaniques. Ici simple fils de charpentier, là-bas considéré comme le fils de Dieu… À l’image de l’Égypte antique qui vénérait les chats comme des divinités, l’Espagne sait reconnaître ses turbulents félidés rock. Pendant sa gouvernance, Franco se foutait éperdument de l’avènement du rock dans le pays, ne l’interdisant point, et la présence de bases américaines ont joué en faveur de son émergence dès la fin des années 1950. Une culture rock qui perdure aujourd’hui et qui permet à Guttercats d’effectuer de très régulières tournées en Hispanie couronnées de succès.

C’est d’ailleurs à Grenade que le prochain album Eternal Life sera enregistré dans le studio Santa Maria de la Vega de José Carlos Diaz Requena, du 23 août au 9 septembre 2020. L’album, dont la sortie est prévue le 15 janvier 2021 (de quoi bien démarrer la prochaine année !), sera disponible dans les formats LP (avec neuf titres) et CD (avec onze titres dans une édition limitée à 300 exemplaires).

Si comme nous, vous croyez en la Vie Éternelle, vous pouvez collaborer à la campagne lancée par le groupe pour financer le lancement de Eternal Life, via le lien suivant : //paypal.me/pools/c/8mA9SIZEzA

En attendant non pas 1, non pas 2, non pas 3 mais bien 4 tournées qui sont d’ores et déjà programmées en 2021 : France/Espagne du 11 au 21 février et en Espagne du 15 au 25 avril, puis du 7 au 11 juillet et enfin du 15 au 24 octobre ! Vete a la mierda COVID-19 !

Guttercats are eternal !

Alechinsky

Albums : 2008 : SP Ballad of a drunk man – 2008 : SP Lonely tears in the dark – 2008 : Pandora’s box – 2011 : Black sorrow (Sleepy souvenir) – 2015 : Beautiful curse – 2018 Follow Your Instinct – 2021 Eternal Life 

https://www.facebook.com/guttercats/

I’m not afraid to die / This is just a long goodbye / I am a passenger of time / From the darkness to the light … /  I believe in Eternal Life / My soul is floating in the sky / My mind is flying so high / I am connected with stars / On planet earth I’ve left scars … / 

I believe in Eternal Life / Do you believe in Eternal Life ? / I’m not scared to die / It’s so easy to cross the line / Cos we all got so many lives / The temple of gods eternally shines …

I believe in Eternal Life / Do you believe in Eternal Life ? / I believe in Eternal Life / I believe in Eternal Life / I believe in Eternal Life