Divine comédie ! En ce début 2023, alors que la crise et la sinistrose n’en finissent pas de nous plonger dans un marasme total, Ryôta Nakano nous offre-pour son cinquième long-métrage- la comédie profonde et sociale que nous n’attendions plus. Puisant dans un fait réel – à savoir l’histoire du photographe Masashi Asada- le réalisateur japonais alterne moments de pure grâce et plaies d’un pays meurtri par un tsunami.
Dans un équilibre parfait (le long-métrage est véritablement scindé en deux), « La Famille Asada » nous enjoint à retrouver le sens de l’altruisme dans une société repliée sur elle-même.
Pour Ryôta Nakano, la famille ne s’étend pas aux confins d’un rebord de table, lors d’un dîner, mais dans la société dans laquelle elle évolue. Ainsi, par le prisme d’un appareil photo et du désir de chaque membre de réinventer sa vie, c’est toute la cellule familiale-d ‘un point de vue générique- qui est convoquée. Qu’est ce qui fait sens dans un arbre généalogique ? Qu’est ce qui nous distingue des autres ? Qu’est ce qui nous rassemble ? Ce sont dans ces interrogations que cette famille Asada trouve écho en nous. Quand, par le truchement d’un effet-miroir et d’une vie fantasmée, elle embrasse l’Humanité toute entière.
Et la réalisation ? A l’image de ce long-métrage en demi-teinte : délicate et feutrée. La musique, souvent truculente, appuie de nombreux moments décalés. Les travellings évoquent, en un mouvement, la patine du temps qui opère sur les protagonistes et les champs-contrechamps servent des dialogues quotidiens mais habités. Ce mérite revient à une distribution parfaite où toute attitude, chez cette drôle de tribu, sonne juste.
Et que dire de ce final hilarant au twist scénaristique surprenant ?
Du cinéma populaire comme on l’aime. Intelligent, universel et qui n’oublie jamais de prendre le public par la main.
« La Famille Asada »? Un pied de nez à la mort, une ode à la vie et certainement le plus grand bonheur venu d’Asie de ce début d’année !
John Book.