Kirk Douglas. Tristesse dans la Vallée des Géants.

La nuit du 5 Février 2020, Kirk Douglas s’en est allé rejoindre les étoiles pour un ultime voyage, à l’âge de 103 ans. Il laisse derrière lui une vie incroyable digne de l”American Way of Life” où le milieu sociale (et modeste) ne prédestine en rien une voie toute tracée. Issur Danielovitch, fils de chiffonnier et immigrant, se rêvait acteur? Il gagna ses galons de superstar par sa seule volonté et une soif de reconnaissance inextinguible. Acteur au charisme dévastateur, producteur et réalisateur, il fut dans les années 50 et 60 une figure incontournable d’ Hollywood et un gage de rentabilité pour les majors. Philanthrope, égocentrique, charmeur et d’une présence féline, ce monument brilla par l’interprétation solide de personnages hors du commun et une filmographie à faire pâlir les plus grands.
Je ne vous ferai pas une bibliographie en règle de cet artiste inoubliable mais partagerai avec vous quelques souvenirs. Nous sommes dans les années 70-80. Soirée en famille et nous nous postons devant l’écran noir et blanc, enthousiastes. Un rendez-vous magique, précieux,  au temps où la diffusion d’un “programme” ciné revêtait un caractère exceptionnel. Pas de Replay, pas de pause, pas d’enregistrement. Juste un instant sacré où nous dévorions les 30cm de diamètre de la télévision avec boulimie.
Ce fut “Les Vikings” de Richard Fleischer (à mon sens, l’un des plus grands cinéastes classiques-période âge d’or- avec John Ford et Raoul Walsh) et son déluge de couleurs technicolor (découvert plus tard!), son cinémascope ample et sa folie furieuse. L’un des plus grands films d’aventure jamais tourné.  Lors d’un repas de famille, mon oncle malouin m’avoua se souvenir de la frénésie qui s’empara du public breton lors du tournage sur le Fort La Latte, ultra sécurisé et VIP. Tout le monde voulait voir Kirk Douglas et Tony Curtis. Un événement!
Ce fut aussi la découverte de “20.000 lieues sous les mers” lors d’une sortie scolaire avec toute les copines et les copains. Bon sang! Nous nous fantasmions Ned Land, harponneur hâbleur et chanteur!  Dans un autre registre, ce fut le choc, un peu plus tard, dans l’auditorium du collège devant “Spartacus“. J’avais pour prof de dessin Jean Claude Brisseau (période “De bruit et de Fureur“) et il nous avait “vendu”, avec emphase, ce péplum. Personne ne mouftait, toutes et tous impressionné(e)s devant cette histoire de rébellion badass. Kubrick nous avait envoûté durant trois heures sans que nous ne connaissions la filmographie du Maître… et c’était bonnard.Vinrent les 90’s, l’appréhension du Cinéma et du nouvel Hollywood, ses codes et ses movie-makers. Les films d’auteurs. Les blockbusters. L’histoire des grands studios. La Warner. La RKO. La stupéfaction devant cette dégueulasse chasse aux sorcières et l’engagement du Sir Douglas (il fit appel à Donald Trumbo -alors blacklisté- pour l’écriture d’un scénario) face à cette sinistre liste noire. Ce mec avait l’allure d’un Héros et en possédait tous les attraits.A chaque fois que son nom apparaissait à l’écran, c’était la promesse de drames abyssaux, de femmes bafouées, de trahison, de lutte mais aussi de romance et de tendresse.
Tant de films comme autant de plaisir à retrouver cet athlétique séducteur à la fossette reconnaissable entre toutes:  “Règlements de comptes à OK Corral“, “La captive aux yeux clairs” (l’un des plus beaux westerns qui soit nourri d’une charge anti-raciste salutaire), “Les Ensorcelés“, “Furie“, “Saturn 3“, “La vie passionnée de Vincent Van Gogh” (autre “Lust for Life!), “Les sentiers de la Gloire“, “Paris brûle t’il?” (nous étions, alors, une équipe de vendeurs DVD au bord de l’inanition lors de la livraison de la galette en magasin!), “Le dernier train de Gun Hill“…et tant d’autres! Kirk Douglas se fondait dans de nombreux décors et différents costumes avec l’aisance d’un caméléon.
Aujourd’hui, tous les amateurs de films de genre et tout(e)s les cinéphiles sont en deuil. Le dernier des Géants n’est plus mais ses exploits restent, pour l’éternité, gravés dans notre mémoire et sur la pellicule.
Adieu, Monsieur Kirk Douglas. Pour ma part, votre nom rimera pour toujours avec “Ultra-Classe”.


John Book.
https://youtu.be/Hyk9UScz4_8